Porc : l’interprofession espagnole fait le point sur les difficultés de la filière
L’Espagne est le premier exportateur de porc de l’Union européenne. Le premier fournisseur de la Chine et de la France. Cependant, comme de nombreux producteurs de l’UE, l’Espagne fait face à plusieurs difficultés.
L’Espagne est le premier exportateur de porc de l’Union européenne. Le premier fournisseur de la Chine et de la France. Cependant, comme de nombreux producteurs de l’UE, l’Espagne fait face à plusieurs difficultés.
« La sécheresse en Espagne a principalement sévit à la fin de l’hiver et au printemps, ce qui a considérablement réduit la production de céréales d’hiver », explique Miguel Angel Higuera, directeur de l'association nationale des éleveurs de porcs. Mais l'Espagne n’a jamais été autosuffisante en céréales utilisées pour l’alimentation animale. « L’Espagne se fournit sur les marchés français, dans la région de la mer Noire et en Amérique. Auparavant, l’Ukraine était l’une des origines les plus importantes ». Comme pour d’autres acheteurs, l’Espagne est confrontée à des prix élevés. En 2022, selon l’USDA, ces prix records ont entraîné une baisse de la production, donc des abattages de 2 %. Ils étaient estimés à 56 657 millions de têtes.
Nouvelle baisse la production cet été
« Il n’y a pas de manque d’eau pour la boisson ou pour le développement de la production. Dans les fermes, on contrôle la température par des systèmes automatiques », indique le directeur de l’association. En revanche, comme chaque été, les porcs consomment moins et grossissent moins. « L’offre est réduite en été et augmente en automne », ajoute Miguel Angel Higuera. Néanmoins, cette baisse saisonale amplifie le manque d'offre. Déjà en 2022, les foyers de syndrome reproducteur et respiratoire porcin en Catalogne et en Aragon ont réduit l’offre en porc d’après l’USDA. La situation est maintenant sous contrôle d’après les autorités espagnoles. Toutefois, la production de porc pourrait continuer de chuter. Le décret royal 159/2023 a été voté. Il concerne le bien-être animal et la réduction de la caudectomie chez les porcs. Selon l’USDA, il prévoit des exigences plus strictes que l’actuelle réglementation en vigueur dans l’UE. Entre autres, le décret prévoit de nouvelles valeurs pour la densité maximale des animaux dans les exploitations. Les exploitations existantes auront deux ans pour s'adapter. « La production pourrait être reculer de 6 % en 2023 comparé à 2022 », estime le directeur de l’association.
La filière suffoque à l’export
« L'Espagne premier exportateur de viande de porc de l’Union européenne vend la moitié de sa production sur le marché mondial. Parmi les viandes exportées, 75 % sont fraîches, réfrigérées ou congelées. Entre 8 et 10 % des produits destinées à l’export sont des charcuteries », targue Miguel Angel Higuera.
La cotation espagnole est actuellement baissière depuis la séance du 3 août. Toutefois, « cet été, les prix sont restés à des niveaux records jusqu’au mois d'août. La réduction de la production et le caractère saisonnier de la production ont réduit l’offre, ce qui a conduit à des prix records jusqu’en août. Actuellement, le marché est en baisse en raison de la situation mondiale du marché du porc et de l’augmentation de l’offre de porcs dans les exploitations », complète Miguel Angel Higuera. La demande quant à elle baisse plus vite que l’offre et les abattoirs, à fortes capacités, ne tournent pas à plein régime.
Vers la France, second acheteur mondial de viande de porc espagnole, les exportations sont restées stables, 150 305 tonnes entre janvier et juin 2023 et 150 287 tonnes à la même période en 2022. L'USDA table sur une baisse des exportations en 2023 en raison de la baisse de la demande chinoise et de la hausse des prix de la viande de porc origine Espagne. Déjà au premier semestre 2023, les exportations étaient en baisse en volume de 9 % par rapport à la même période en 2022. Elles étaient en hausse de 13,6 % en valeur.
Baisse modérée de la consommation
Seule éclaircie pour la filière, la consommation est semblable aux niveaux d'avant-Covid. Cependant, ce regain n’est pas toujours observable car « la baisse de la consommation a été attribuée à deux aspects : l’aspect comparatif avec la situation en 2020/21 où le Covid a permis une plus grande consommation des ménages. Par rapport à ces années historiquement exceptionnelles, la consommation actuelle est en baisse. D'autre part, il y a l’effet de l’inflation qui affecte négativement la consommation, + 14 % en 2022 comparé à 2021 », poursuit le directeur de l’association. Cependant, il ne s’attend pas à une hausse des importations. « Elles sont stables ces dernières années autour de 200 000 tonnes, principalement en provenance de l’UE (France et Portugal)».