Porc bio : une offre encore insuffisante
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La consommation de viande de porcs issus de l’agriculture biologique ne cesse de progresser en France, à l’instar de la viande bovine ou ovine. Elle a gagné 3,9 % en 2016, pour une valeur de 69 millions d’euros sur l’année. Il s’agit encore d’une niche dans la production française de porcs (2,23 millions de tonnes équivalent carcasse en 2015). Mais une niche où la demande est actuellement plus importante que l’offre.
Selon l’interprofession Interbev, la production gagne en moyenne 7 % par an depuis 2015 (+388 fermes converties en 2016), avec un niveau des abattages de 10 381 tonnes l’an passé, soit presque deux fois plus vite que la demande.
Au vu du nombre de producteurs actuellement en phase de conversion, la production devrait progresser au même rythme entre cette année et 2019. Après ? Personne n’ose faire de prévisions. Car depuis 2016, les cours du porc en production conventionnelle se sont nettement redressés (1,424 euro du kilogramme sur douze mois à fin août 2017) et ont rendu le bio moins attractif. Les opérateurs rémunèrent les producteurs en agriculture biologique sur une base comprise entre 3,50 et 3,70 euros le kilogramme de carcasse.
Un porc bio qui coûte trois fois plus cher à produire
Cependant, « le prix n’est plus forcément le principal facteur justifiant le basculement d’éleveurs conventionnels vers le bio », explique en substance Corentin Hamard, responsable de la production chez le premier groupement français, Erca bio, associé à Cooperl Arc Atlantique (90 éleveurs, 700 porcs bios livrés par semaine, 45 % de la production nationale).
« Les producteurs ne se décident plus par effet d’aubaine, explique-t-il, ceux qui frappent à nos portes se préoccupent de plus en plus de la demande sur le marché – label Rouge, sans antibiotiques, bio, etc. – et de la manière de la satisfaire. » Il s’agit donc d’éleveurs convaincus par le mode de production en agriculture biologique.
Des éleveurs naisseurs-engraisseurs, mais aussi une proportion plus grande d’engraisseurs qu’en production conventionnelle qui répondent à des opérateurs organisés en filière, pour les plus importants d’entre eux. Erca bio travaille avec Cooperl Arc Atlantique, Porc bio Atlantique (coopérative Cavac, en Vendée) dispose de son propre abattoir pour traiter ses 400 porcs par semaine, tout comme Tradival (groupe Sicarev avec la participation de Cirhyo) qui abat également 400 porcs par semaine.
Inscrit plus récemment dans le marché du porc bio (mars 2017), le groupe coopératif Le Gouessant (Côtes-d’Armor) met peu à peu en place sa production pour le compte d’un industriel sous contrat. Cette organisation en filière, de l’amont à l’aval est rendue nécessaire « par le surcoût de la production d’un porc bio qui coûte trois fois plus cher à produire qu’un porc conventionnel », stipule Luc Pailleux, directeur de la branche d’abattage-découpe de Tradival.
Le marché peut-il se retourner et l’offre dépasser la demande ? Cela paraît inenvisageable au vu de l’intérêt de toutes les enseignes de la grande distribution en produits bios. Et de la part des produits d’importation sur le marché (on parle de 30 %) qui pourraient demain être issus de porcs nés et élevés en France.