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Aviculture
Œuf : le bio sera plus cher à produire en 2022

La croissance des ventes des œufs bio tend à ralentir, et le marché est plus lourd. La nouvelle réglementation européenne devrait en parallèle augmenter les coûts de production. Explications.

En 2022, les poulettes devront être conduites en bio, avec un accès au parcours. © Virginie Pinson
En 2022, les poulettes devront être conduites en bio, avec un accès au parcours.
© Virginie Pinson

Les œufs sont le produit biologique le plus consommé en France. La croissance de la production a été fulgurante, entre 2013 et 2019, la part des poules pondeuses conduites en bio étant passée d’environ 5 % à près de 17 %, selon l’Agence bio. Un tel essor ne s’est pas fait sans heurts. Le marché, longtemps dicté par le manque d’offres s’est peu à peu renversé et a connu des périodes de surplus. Pour le consommateur, cela s’est traduit par un tassement de son prix moyen d’achat, à 34,60 €/100 œufs en moyenne sur les dix premiers mois de 2020, selon les données de FranceAgriMer-Kantar, soit 0,1 % de moins que sur la même période de 2019 où les prix avaient déjà reculé de 3,7 %.

Une nouvelle réglementation européenne

La révision de la réglementation européenne sur les œufs AB a été lancée en 2014 et la nouvelle version aurait dû être appliquée au 1er janvier 2021. « Mais avec la Covid, nous gagnons un an, elle ne s’appliquera qu’en 2022, ce qui va laisser plus de temps aux éleveurs pour se préparer », explique Marie Guyot du Synalaf, lors d’un webinaire organisé par l’Itavi.

Pour l’heure, il n’y a pas de réglementation européenne sur les poulettes. Dorénavant, elles devront être conduites en bio, c’est-à-dire dans une exploitation bio, sans lot de poules conventionnelles, avec une alimentation bio, disposant de perchoirs… « C’est une révolution ! » alerte Marie Guyot. Pour les bâtiments poulettes déjà en bio, une période de transition de huit ans a été négociée, mais pour les autres, il faudra appliquer ces nouveaux critères dès janvier 2022.

Pour les bâtiments, « la réglementation clarifie les choses, avec une limite de 3 000 poules par compartiments, mais pas de limite de nombre de compartiments par exploitation », décrypte Marie Guyot qui précise qu’« en France, les recommandations interprofessionnelles édictées par le CNPO sont à un maximum de 12 000 poules par bâtiment et 24 000 par exploitation ». En revanche, les volailles devront avoir accès à l’extérieur « dès leur plus jeune âge ». Le parc actuel n’est pas adapté et des travaux seront nécessaires, notamment en ce qui concerne les parcours.

Des coûts de production en hausse d’au moins 15 %

L’Itavi a mené une étude pour le CNPO et le Synalaf pour tenter de mesurer les coûts supplémentaires engendrés par cette nouvelle réglementation. La nécessité d’alimenter les pondeuses en bio à 100 %, contre 95 % aujourd’hui, « entraînera une difficulté à équilibrer les rations avec pour conséquence une baisse de la productivité et probablement une augmentation de la production d’œufs de petits calibres (<53 g) non conditionnés », décrypte l’Itavi. En comptant aussi le surcoût engendré par la conduite en bio des poulettes, les coûts de production des œufs bio pourraient progresser d’au moins 15 % par rapport à la situation actuelle, soit de plus de 2,30 €/100 œufs conditionnables.

À plus long terme, d’autres évolutions réglementaires devraient alourdir la facture pour les éleveurs. Ainsi, en 2037, les poussins devront être nés de reproducteurs issus d’élevage bio. L’ovosexage pourrait aussi à terme devenir la norme.

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