Mieux gérer les pics d’activité et être plus réactif
Des solutions informatiques et des organisations du travail aident les entreprises agroalimentaires à s’accommoder des incertitudes de la qualité des récoltes et à livrer leurs produits en flux tendus. Plusieurs modules de gestion suffisamment souples et évolutifs s’intègrent à leurs progiciels de gestion intégrée (PGI) – ERP (Entreprise Resource Planning) en anglais – : achats, prévision des ventes, stocks, plannings de production.
Le fabricant d’escargots cuisinés Romanzini, dont l’activité se concentre au dernier trimestre et culmine trois semaines avant Noël, a récemment livré son expérience de fonctionnement optimisé grâce au PGI Copilote d’Infologic. « Nous avons pu augmenter nos volumes et répondre à de nouveaux appels d’offres, tout en allégeant le travail des opérateurs », souligne le responsable informatique Christophe Brun chez Romanzini. Les logiciels de prévision des ventes reposent sur un principe d’enregistrement des historiques. Les prévisions de récolte pour leur part requièrent des estimations régulières des agriculteurs.
En matière de ventes comme de récoltes, il est essentiel de pouvoir suivre les écarts entre prévisions et réalités, de les comprendre et de les corriger. Des spécialistes peuvent aider les entreprises de secteurs sensibles au climat (dont l’agriculture et l’agroalimentaire) à affiner leurs productions en fonction des prévisions météorologiques. De la même manière que les historiques de vente sont « dépollués » des opérations de promotion spéciales, Weathernews (ex-Climpact-Metnext) les « dépollue » de l’effet des conditions climatiques sur les ventes (cf. p. 13). L’expert est associé à IRI pour éditer des indices et une plateforme Web sous la marque MétéoConso.
Simuler des scénarios pour mieux anticiper
Certaines entreprises réunissent leurs services des approvisionnements, des ventes et de la production autour d’un logiciel de S&OP, acronyme de « sales and operations » (plan industriel et commercial). Le but est de les faire collaborer et de déterminer rapidement, par simulation, l’option la plus rentable. L’exemple du pôle agroalimentaire d’Euralis est bien connu. Il concerne l’activité du foie gras, aléatoire et saisonnière à plusieurs égards : fourniture de canards et vente de foies gras et autres produits. L’intégrateur Vif qui a équipé le spécialiste du foie gras affirme qu’une entreprise de plus petite taille peut avoir besoin d’un outil de S&OP.
Les mégadonnées
Anticiper la demande des consommateurs est un moyen pour les services de marketing de ménager un temps d’avance sur les demandes des détaillants. Pour la partie productive aussi, qui gagne à être aussi réactive que possible. Une émission de télévision ou un « buzz » sur les réseaux sociaux peuvent entraîner une augmentation rapide de la demande pour un produit particulier. Donc un besoin de réassort rapide chez les détaillants et davantage de commandes par Internet. Suivre ces phénomènes est du domaine de compétences de Digimind. Le spécialiste (d’origine grenobloise) du « big data » sur Internet compte un certain nombre de clients dans l’agroalimentaire, un secteur dans lequel les consommateurs sont de plus en plus versatiles.
Privilégier la souplesse des organisations humaines
Le manque de main-d’œuvre limite la réactivité des IAA. Des industriels suivis par Variant, consultant en ressources humaines, ont constitué des « pools de CDI » pouvant se partager entre plusieurs services. Cette solution a été travaillée dans le secteur du saumon fumé (cf. p. 13). Sur les conseils du même consultant, des entreprises du secteur agricole, amènent des opérateurs à encadrer des équipes pendant les phases hautes d’activité. Christian Jousse, superviseur de projets chez Variant (ex-directeur général du consultant en performances industrielles Promacef), considère qu’un recours excessif à l’intérim « épuise les équipes ». Or, l’intérim peut constituer la moitié d’un atelier de conditionnement. Mieux vaut, selon lui, former en interne et reconnaître les fonctions et compétences.