Relations commerciales
L’Observatoire des prix éclaire sur dix ans de marges industrielles et commerciales
Le dixième rapport de l’Observatoire de la formation des prix et des marges consacre un chapitre à l’effet tampon de la volatilité des matières premières, porté par l’industriel ou par le distributeur.
Un recul de dix ans sur les mécanismes des prix et des marges des filières agricoles jusqu’au consommateur ; c’est ce que donne aux députés, à qui il vient d’être remis, le dernier rapport de l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM). La période allant de 2011, année du premier rapport complet, à 2021, a vu s’achever le démantèlement de la politique européenne de gestions des marchés, la suppression des quotas laitiers et sucriers et la mondialisation des conjonctures agricoles. L’analyse part du constat de l’instabilité des prix agricoles à l’amont et de la stabilité des prix au consommateur. Elle décrit donc l’ajustement entre l’industrie et la distribution. « C’est souvent le segment industriel qui subit le premier choc, est-il constaté, mais, dans nombre de cas, la marge brute de la distribution peut diminuer afin de maintenir la stabilité du prix de produits "emblématiques". » Les trois exemples traités sont (dans l’ordre du rapport) le saumon fumé, les pâtes alimentaires et le jambon cuit.
L’effet en deux temps de la hausse du saumon
Le saumon fumé illustre le mieux cette répercussion du choc, de l’industriel vers le distributeur. Entre 2015 et 2016, le saumon frais a augmenté de 27 %. Dans un premier temps, la marge brute de l’industriel a chuté de 6 points de pourcentage du prix en GMS hors TVA, quand celle du distributeur n’a baissé que de 3 points. Dans un second temps, en 2017, alors que le cours du saumon est resté au même niveau qu’en 2016, le prix au détail a augmenté fortement (+14 %), alors qu’il n’avait progressé que de 3 % en 2016. Cette hausse « permettant aussi bien à l’industriel qu’au distributeur de reconstituer leurs taux de marge brute », dit l’analyse.
L’exemple des pâtes alimentaires porte sur les années 2019 et 2020, cette dernière étant caractérisée par une forte demande des consommateurs. En 2019, comme en 2020, la progression des cours du blé dur n’a pas engendré de hausse sur le prix du kilogramme de pâtes au détail. Les importations de pâtes ont contribué à cette stabilité. L’indicateur de marge brute des industries a perdu 0,08 euro au kilogramme et celui de la distribution est resté stable.
Hausse continuelle de la marge du distributeur en jambon
Dans le cas du jambon cuit enfin, l’indicateur de marge brute de la distribution n’a cessé de progresser au cours des dernières années. Dans le prix hors taxe de l’UVCI en GMS, le pourcentage de l’indicateur de marge de la distribution est passé de 26, en 2016, à 31,2 %, en 2020. La marge brute de l’industrie d’abattage-découpe a partiellement amorti les hausses des jambons en entrée abattoir, et s’est reconstituée lorsque le coût de ceux-ci s’est réduit. De même, la marge brute des salaisonniers a eu tendance à se comprimer pour absorber en partie la hausse des coûts de la matière première. Ces pourcentages s’appliquent à des prix de détail du jambon qui n’ont cessé d’augmenter. « Cette évolution résulte certainement pour une part significative d’une segmentation sans cesse renforcée du marché du jambon cuit, en lien notamment avec des attentes sociétales », précise le rapport.
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Le contrat plus fort qu’Egalim, selon Philippe Chalmin
Dans son avant-propos, Philippe Chalmin, président de l’OFPM, fait l’éloge de la contractualisation. Le contrat « introduit un rapport de confiance entre les différents maillons des filières, qui reste la principale carence du paysage agroalimentaire français », estime-t-il. Ce contrat comprend, si nécessaire, des clauses d’indexation sur les prix de marché, « transparence, confiance, partenariat, voilà le socle sur lequel, à la suite des Egalim, il sera possible de sortir enfin des stériles querelles actuelles », poursuit-il.