Indre
L’espoir du plan de relance pour l’abattoir des Lacs
L’abattoir de Boischaut à Lacs a déposé le 29 janvier un dossier pour bénéficier du plan de modernisation. Fermé fin novembre 2018, il a été repris par une SCIC portée majoritairement par des éleveurs et a redémarré progressivement en 2020.
L’abattoir de Boischaut à Lacs a déposé le 29 janvier un dossier pour bénéficier du plan de modernisation. Fermé fin novembre 2018, il a été repris par une SCIC portée majoritairement par des éleveurs et a redémarré progressivement en 2020.
L’abattoir de Boischaut à Lacs (Indre) fonctionne de nouveau quatre jours par semaine avec quatorze salariés. L’affaire n’était pas gagnée, mais éleveurs, bouchers, centre de découpes et magasins de producteurs se sont ligués pour le sortir de l’ornière après une vidéo de L214 fin 2018. « La SCIC des viandes du pays de la Châtre, a repris l’abattoir à la Communauté de communes en janvier 2020 avec un bail emphytéotique de quinze ans. Nous étions plusieurs à refuser d’imaginer la fermeture définitive d’un tel outil, sachant que l’abattoir de Saint-Amand est à plus d’une heure de route et que nous sommes un gros bassin de production », explique Arnaud Labasse, 36 ans, éleveur naisseur-engraisseur de charolais et président de la SCIC (société coopérative d’intérêt collectif).
Les chiffres donnent raison aux acteurs de la filière viande locale qui se sont mobilisés : 98 % des anciens apporteurs sont revenus. Ils sont actuellement 50, en gros bovins, veaux, porcs et moutons.
Nous sommes un gros bassin de production
Après la fermeture de novembre 2018, c’est progressivement, sur toute l’année 2020, que la montée en puissance s’est effectuée, avec une activité d’abord une journée par semaine pour la ligne bovins/veaux puis, à partir de juillet 2020, sur toutes les lignes au fur et à mesure des rénovations. Le site dispose en effet d’une ligne mixte gros bovins veaux et d’une ligne en partie commune pour les porcs et les moutons, tous les flux se rejoignant en fin de processus.
Au total les investissements de 2020 se sont élevés à 360 000 euros, le projet ayant bénéficié d’une aide de 100 000 euros du conseil régional et d’un soutien de la Carsat à hauteur de 25 000 euros. La modification du couloir d’amenée des porcs et des moutons, la mise en place de « restrainers », la modification du poste d’étourdissement et l’échaudage rotatif pour les porcs (en remplacement de la piscine) améliorent en effet le bien-être animal et réduisent la pénibilité pour les opérateurs.
Les investissements majeurs ont donc bien été réalisés sur la ligne mixte porcs/moutons, en sus de réparations sur plusieurs autres postes de travail. Par ailleurs, l’assainissement a été revu pour éliminer tout rejet dans l’environnement avec une prestation de prétraitement avant la station d’épuration de la communauté de communes, ce qui a permis au site de récupérer son agrément définitif.
Un investissement de 746 000 euros
« Nous avons des autorisations jusqu’à 4 500 tonnes par an et l’abattoir avait atteint 3 500 tonnes avant sa fermeture. En 2020, sachant que nous n’avons pas pu tourner à plein avec les travaux, le volume a atteint 991 tonnes. Depuis janvier 2021, nous avons la capacité technique de tourner à plein régime. Et nous avons des projets d’où le dépôt d’un premier dossier pour le plan de relance d’un montant global de 746 000 euros », chiffre le président.
Le dossier liste des points comme la formation des salariés, l’amélioration du bien-être animal avec des filets pare-vent pour la bouverie, des améliorations techniques pour réduire encore la pénibilité du travail, et des éléments de sécurité, dont des caméras pour éviter toute intrusion et prouver le respect des bonnes pratiques au sein de l’abattoir. « Nous souhaitons améliorer la sécurité du site en l’équipant d’un groupe électrogène afin de sécuriser la tuerie et les frigos, souligne Arnaud Labesse, nous aimerions aussi pouvoir augmenter la capacité de la ligne porc en disposant de cases supplémentaires, car l’obligation de séparer les lots selon l’apporteur peut parfois bloquer toute une case juste pour un porc ».
Structurer une filière locale
La SCIC et ses soutiens, notamment le Collectif filière viande du pays de la Châtre présidé par un autre éleveur, Ludovic Breuillault, ont de nouveaux projets : « Nous voudrions structurer une filière locale autour de la viande née, élevée, abattue et découpée, voire transformée dans notre zone avec un prix rémunérateur pour chaque maillon. C’est en cours de réflexion, mais nous voudrions pouvoir bénéficier du plan de relance et anticiper en commençant par revoir la voirie autour du site, car la reprise de l’abattoir a suscité beaucoup d’espoir et les partenaires de la SCIC sont dans le mouvement, il faut soutenir ce dynamisme et aller jusqu’à la création d’une marque et/ou d’un label de qualité différenciant », conclut le président.
Procès à la suite des images de L214 : le délibéré attendu début avril
Le 20 janvier dernier se tenait au tribunal judiciaire de Châteauroux le procès de l’abattoir de Boischaut à la suite des images diffusées par L214 en novembre 2018. Des peines d’un montant total de 123 000 euros ont été requises par la procureur de la République contre la Communauté de communes du pays de La Châtre et Sainte-Sévère (ex-gestionnaire de l’abattoir), dont une peine de 115 000 euros pour atteinte à l’environnement et à la salubrité et 8 000 euros d’amendes pour les infractions à la réglementation encadrant les mises à mort des animaux. 2 000 euros et 8 400 euros d’amendes ont aussi été requis à l’encontre de deux employés de l’abattoir concernant les vingt-six infractions pour lesquelles ils étaient poursuivis. Le délibéré sera rendu le 7 avril.