Protéines végétales
Les légumineuses promises à un bel avenir
La transition nutritionnelle et agroécologique impulse une demande croissante en protéines végétales alors même que la France reste dépendante d’importations de certaines légumineuses. Quelles sont les perspectives de développement en France ?
La transition nutritionnelle et agroécologique impulse une demande croissante en protéines végétales alors même que la France reste dépendante d’importations de certaines légumineuses. Quelles sont les perspectives de développement en France ?
Bien que les surfaces de légumineuse à graines progressent, la France peine à être autosuffisante sur certaines espèces. « Si le marché Français est excédentaire en protéagineux (pois et féveroles), il demeure déficitaire en légumes secs (lentilles, haricots) et en légumineuses riches en protéines (soja) » explique Tiana Smadja, chargée d’études économiques à Terres Univia, l’interprofession des huiles et protéines végétales. Environ 40 % de la demande française en haricots et lentilles est couverte par des importations en provenance majoritairement des pays tiers. En 2019, c’est « près de 600 000 tonnes de graines de soja et 3 500 tonnes de lentilles qui ont été importées », indique Terre Univia.
Dans une phase de transition agroécologique et nutritionnelle
Les légumineuses sont majoritairement destinées à l’alimentation animale, mais l’évolution vers une consommation humaine tend à croître. Le marché de l’alimentation humaine est un segment à développer du fait de sa forte valeur ajoutée. « Nous sommes dans une phase de transition nutritionnelle et agroécologique », soutient Tiana Smadja. Les consommateurs sont de plus en plus à la recherche de protéines végétales, surtout en Occident mais aussi en Asie.
Si l’année 2019 a été marquée par un repli des débouchés vers les pays tiers, la demande européenne pour certaines espèces n’a pas faibli. L’Hexagone a vu ses exportations de pois s’écrouler en raison des taxes à l’importation imposées par l’Inde, alors que les envois de féveroles vers l’Égypte ont été interrompus, mais partiellement redirigés vers la Norvège pour approvisionner le marché de l’aquaculture.
Cependant, l’émergence de start-up et d’industriels qui se mettent à développer davantage de produits innovants à base de protéines végétales représente un marché porteur en Europe. Toutefois, les légumes secs et les protéagineux ne représentent bien souvent qu’une faible part des protéines utilisées dans ces produits ; les protéines de soja, de blé, d’œufs et laitières constituant la majorité. Rabobank estime d’ici à 2025 l’utilisation de légumineuses pour ces produits à seulement 2 % de toutes les légumineuses consommées dans le monde.
Le bio en pleine croissance
Avec la transition écologique, le bio représente un marché prometteur. Les surfaces de légumineuses en culture biologique ont rapidement augmenté depuis 2013 grâce aux aides Pac. « On constate une plus grande part de conversion vers le bio en légumineuses qu’en céréales », affirme Tiana. Selon l’Agence bio, en 2018, les surfaces certifiées et en conversion ont progressé de 47 % par rapport à 2017 pour les légumes secs, contre seulement 29 % pour les céréales. « C’est une préoccupation récente qui touche surtout les légumes secs en circuits courts », poursuit-elle en s’appuyant sur des résultats d’analyse de chaîne de valeur, mis en évidence dans le cadre du projet européen Legvalue.
En revanche, bien qu’en forte progression, la part du bio reste faible sur le marché français : 6 % en lentilles vertes et 3 % en pois chiches. Les filières ne sont pas bien structurées, d’autant plus que les cultures rencontrent des difficultés techniques et ont un rendement inférieur aux céréales. Mais l’engouement naissant pour ces produits et les innovations dans le secteur pourraient faire bouger les choses.