« Le plus important, c’est la pérennité de l’entreprise »
Les Marchés Hebdo : Vous venez de céder votre entreprise, l’abattoir EVA, à Liffey Meats. Depuis combien de temps pensez-vous à cette transmission ?
Henri Demaegdt : Je suis né en août 1936, c’est donc évident que la question de la transmission se pose depuis un certain temps. Avec l’âge, il faut y songer pendant que tout va encore bien. J’y pense depuis une quinzaine d’années, j’ai réfléchi à plusieurs solutions. Mais en 2009, nous avons effectué des travaux importants, il fallait donc que je reste encore pour amortir ces investissements. J’ai contacté une banque d’affaires internationale, qui m’a mis en relation avec la société irlandaise Liffey Meats. Ce n’est pas un processus évident. Les discussions durent longtemps, via des avocats. Entre les premiers contacts et la signature, le 29 mai dernier, il s’est passé plus de 18 mois.
LMH : Quel chemin avez-vous parcouru à EVA ?
H. D. : J’ai 57 ans d’expérience dans le secteur de la viande, 29 ans en tant que PDG d’EVA. Quand nous avons démarré la société le 6 août 1987, nous étions sept avec un engagement de tonnage de 5 000 tonnes près de la ville de Saint-Pierre-sur-Dives propriétaire de l’abattoir ; cela a permis à la ville de faire des travaux de mise aux normes. En 2004, nous avons racheté l’abattoir et nous avons entrepris des travaux importants pour 15 millions d’euros.
Aujourd’hui, nous produisons 18 000 t de viande bovine et 1 000 t viande de veau chaque année et nous employons 190 personnes pour un chiffre d’affaires de 84 millions d’euros, sur deux sites, l’abattoir de Saint-Pierre et une unité de découpe à Mondeville.
LMH : Comment choisit-on un repreneur ?
H. D. : Certes, la valeur de la société, ça compte, mais le plus important, c’est la pérennité de l’entreprise. Liffey Meats est une société familiale, dans le domaine de la viande, ils connaissent la réalité du métier notamment au niveau économique. Je suis content de céder à des professionnels et non à des financiers.
LMH : Quelles sont les perspectives pour EVA ?
H. D. : L’entreprise demeure indépendante. C’est juste un changement d’actionnaire. Je reste à mon poste pendant un an pour assurer la transition. Pour le personnel, il n’y aura aucun changement. Je ne suis pas inquiet pour l’emploi, il est très probable que Liffey Meats envisage un agrandissement. C’est une société irlandaise qui possède déjà, depuis 2015, une entreprise à 25 km, les Ets Chiron, qui ont besoin de produits de qualité pour la fabrication de steaks hachés frais.