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Le lapin français en urgence absolue

© Fr. J.

Le constat dressé en septembre lors d’une conférence au Space intitulée « quelle stratégie pour la France ? » et organisée par le comité interprofessionnel Clipp et l’Itavi est sans appel. Sans une profonde remise en cause de la manière de produire du lapin en France, la filière risque de disparaître à moyen terme. La consommation de viande de lapin a reculé de 30 % en trois ans (800 g/an et par habitant) dans l’Hexagone, 2e producteur européen avec 54 000 t, et sa viande est toujours aussi difficile à trouver dans les rayons de la grande distribution.

La situation n’est guère plus enviable dans les autres grands pays producteurs qui voient eux aussi leur production baisser, selon une étude réalisée par l’Itavi et présentée lors de cette conférence.

La France bénéficie d’une filière spécialisée

Le premier producteur européen, l’Espagne et ses 63 000 tonnes de production, a une consommation plus importante (1,2 kg par habitant et par an), une filière industrielle et une autre plus traditionnelle. Mais elle est en retard sur la démédication. Numéro 3 en Europe (45 000 t), l’Italie bénéficie de la persistance d’un modèle de production de qualité, mais sa filière inorganisée ne semble pas en mesure de faire évoluer son modèle. En France, sa filière composée de 1 200 élevages spécialisés bénéficie, disent les spécialistes, d’une génétique de pointe, d’un bon encadrement technique et de liens forts entre recherche et production. Cependant, une bonne organisation de filière ne fait pas le commerce et les spécialistes assistent, impuissants, à l’érosion de la consommation de la viande et de lapin en particulier. Le lapin a été attaqué ces dernières années sur le plan du bien-être animal et de l’usage des antibiotiques. Pourtant l’offre a évolué vers plus de produits de découpe pour conquérir de nouveaux clients.

Le leader du marché, Loeul et Piriot, a relifté sa gamme selon les usages et la praticité. « Mais comme le lapin est acheté une fois sur deux sur impulsion, il ne peut pas se vendre, pas quand il est absent des rayons », déplore André Maléjeac, président de la société vendéenne. En outre, l’essentiel des promotions s’effectue avec des lapins vendus par deux, entiers avec la tête. Les spécialistes sont intimement persuadés que la filière doit accélérer sa mutation vers plus de bien-être animal et de démédication.

Gagner des parts en RHD

Pour faire de la viande de lapin un produit carné moderne prenant en compte le bien-être animal, le développement de systèmes alternatifs (baisse de la densité, enclos plus grands, etc.) qui prennent en compte la notion de bien-être animal semble incontournable. Le Clipp et l’Itavi ont d’ailleurs engagé une réflexion sur le sujet. « La filière française est sans doute la mieux armée en Europe pour réaliser cette conversion », estime Frédéric Monnier, directeur du pôle animal du groupe coopératif Cavac. La grande distribution présentera-t-elle plus de viande de ce lapin en rayon ? Peut-être, « mais à condition que nous ayons une stratégie multiviandes », poursuit Frédéric Monnier. Et que le lapin gagne des parts de marché en RHD qui fait la part belle aux importations de lapins surgelés chinois vendus 50 à 70 % moins chers que le lapin français.

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