Le commerce mondial croît, l’Europe en profite peu
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Une étude réalisée par la FAO et l’OIV montre que l’exportation de raisins de table a progressé de plus de 50 % en moins de quinze ans grâce à l’amélioration des méthodes de culture et de conservation. Pourtant championne de la production viticole, l’Europe n'en bénéficie guère.
L’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) a réalisé une étude d’ampleur sur l’évolution de la production et du marché mondial du raisin de table et du raisin sec en collaboration avec la FAO. Une analyse qui a le mérite de donner un coup de projecteur sur une culture et un commerce rarement évoqués en dépit d’un poids économique considérable. Le raisin est en effet l’un des fruits les plus répandus au monde, avec environ 75 millions de tonnes (Mt) produites chaque année au niveau mondial. Si la moitié environ de cette production est destinée à la vinification, un tiers est consommé sous la forme de raisin de table, le reste étant transformé en raisins secs, jus et moûts pour l’industrie ou la distillation. Cela fait du raisin le deuxième fruit comestible produit dans le monde derrière la banane.
Les auteurs de l’étude font remarquer que « les produits à base de raisin ont bénéficié ces dernières années d’un fort regain d’intérêt lié à la découverte que la partie comestible du raisin mais aussi ses coproduits recélaient des composants favorables à la santé ». Les extraits de pépins de raisin sont ainsi désormais couramment utilisés « sous forme de compléments nutritionnels dans les jus de fruits, céréales, yaourts, etc., mais aussi dans la cosmétique ou l’hygiène ».
Le raisin de table connaît en tout cas une vague très favorable au niveau mondial. La production et la consommation ont pratiquement doublé entre 2000 et 2014, période de référence de l’étude, la production mondiale passant de 15,7 à 27 Mt. Une grande partie de l’évolution est à mettre sur le compte de la Chine, dont la production et la consommation ont été multipliées par cinq en quatorze ans, le pays occupant une position de leader mondial avec 9,1 Mt. La Chine est suivie par l’Inde, dont la production (2Mt) a doublé, et la Turquie (également 2 Mt) dont les volumes ont au contraire stagné dans le même intervalle.
L’Italie recule régulièrement
Si elle domine en matière de production viticole, l’Europe occupe une place beaucoup plus modeste sur l’échiquier du raisin de table. Sa production stagne depuis l’an 2000 autour de 3,9 Mt. Le principal pays producteur, l’Italie, a vu son potentiel régresser, passant de 1,4 Mt à 1 Mt aujourd’hui ; la France occupant une place marginale avec une production de 44 000 t, contre le double il y a quinze ans. Ce surplace ne permet pas aux pays européens de profiter du développement très important du commerce international du raisin de table. Celui-ci a progressé de 50 % en quinze ans (de 2,7 à 4,1 Mt), « grâce aux progrès réalisés en matière de culture, de conservation, d’accords commerciaux mais aussi d’harmonisation sanitaire et phytosanitaire ».
Le Chili domine le palmarès des pays exportateurs avec 732 000 t, devant l’Italie (448 000 t) et les États-Unis (445 000). Entre 2000 et 2014, l’Italie a cependant vu ses exportations se réduire de 28 %, notamment en raison de l’embargo russe et d’une perte de compétitivité par rapport à ses concurrents. La France, quant à elle, a importé annuellement environ 140 000 t, un chiffre en baisse ces dernières années.