Magasin de producteurs
Le bonheur est aux Beauprés depuis 2002 !
Ce magasin de producteurs de Beaupréau-en-Mauges témoigne du dynamisme d’un modèle de vente directe qui a la cote auprès des consommateurs. Et qui « redonne le moral » aux agriculteurs.
« En 2002, on ne savait pas où l’on allait avec ce magasin », se rappelle Hervé Ménard, producteur de viande bovine au Fief-Sauvin (Maine-et-Loire). En vogue aujourd’hui grâce au locavorisme, le modèle du magasin de producteurs était alors balbutiant. Celui de Beaupréau-en-Mauges (Maine-et-Loire) est né de l’initiative d’un producteur laitier de contacter une épicerie pour y placer ses produits. Proche de la retraite, l’épicier lui a plutôt suggéré de prendre sa suite. Le temps de convaincre quelques collègues de s’embarquer dans l’aventure et le tour était joué.
Six producteurs (produits laitiers, fromages de chèvre, volailles, trois en viande bovine Maine Anjou) constituaient une SARL et ouvraient leur magasin Les Beauprés. Après des débuts difficiles, celui-ci a trouvé son rythme de croisière et sa place dans le paysage commercial local. La clé de ce succès ? « Des profils différents, la bonne entente et l’investissement des associés », explique Hervé Ménard.
Six associés et vingt-huit producteurs en dépôt-vente
Le magasin des Beauprés est ouvert le vendredi, le samedi, le dimanche matin et le lundi matin. Une amplitude assez large qui globalement satisfait la clientèle. Les producteurs ont fait le choix de permanences fixes afin d’ancrer les relations avec les clients. Pour Hervé Ménard comme pour ses associés, le contact direct avec le consommateur est devenu partie intégrante de son métier d’agriculteur. « J’aime cet échange. On les sert le mieux possible, ils savent nous le rendre. Cela donne du sens, surtout dans le contexte actuel. Ça redonne le moral », confie l’éleveur.
C’est un débouché sûr et le seul endroit où on peut fixer notre prix
Plutôt âgée et aisée au départ, la clientèle s’est diversifiée et rajeunie, les paniers se sont garnis. Des familles font leurs courses aux Beauprés pour la semaine. À côté des associés, vingt-huit producteurs, presque tous du Maine-et-Loire, vendent leurs produits au magasin, aux mêmes conditions. « Tout est en dépôt-vente. Chaque producteur décide du prix, de son assortiment et gère ses invendus. Ainsi, cela reste de la vente directe », souligne Hervé Ménard.
Certains producteurs sont en exploitation biologique, d’autres non, mais tous partagent des pratiques raisonnées. Une des particularités des Beauprés est de compter parmi ses associés trois producteurs de viande bovine rouge des prés en AOP Maine Anjou, qui vendent vingt-cinq bêtes par an au magasin. Chaque semaine, la viande est mise sous-vide par un boucher dans le laboratoire attenant au magasin. Celui-ci compte environ 400 clients hebdomadaires, dont l’Institut rural des Mauges à Beaupréau.
Lorsque l’établissement de formation est fermé l’été, les Beauprés produisent chez un prestataire à Cholet une dizaine de recettes de plats cuisinés à base de bœuf en bocaux. Depuis 2002, des producteurs associés partis en retraite ont été remplacés. Le magasin permet aujourd’hui l’installation du fils d’Hervé Ménard à ses côtés, car « c’est un débouché sûr et le seul endroit où l’on peut fixer notre prix ».
Preuve de sa bonne forme, les Beauprés va afficher cette année un chiffre d’affaires en hausse de 10 à 15 %. Et le magasin vient de recruter une salariée 12 heures par semaine pour épauler les producteurs.
Les Fermes baugeoises, des marchés au magasin
Au début des années 1990, quelques jeunes producteurs d’Anjou en quête de débouchés se regroupent sur des marchés et ventes à la ferme. Ils constituent un GIE, se retrouvent chaque semaine sous un barnum puis dans un premier point de vente en dur. En 2008, le Marché fermier du GIE Les Fermes baugeoises s’installe dans un magasin de 280 m2, plus 120 m2 de stockage et chambre froide, situé sur un parking du Super U de Saint-Sylvain-d’Anjou. Ouvert les vendredi et samedi, le magasin voit passer 1 200 clients chaque week-end. La trentaine de producteurs du GIE assure les permanences selon un planning par demi-journée, qui est fonction du chiffre d’affaires. Celui-ci, en progression régulière, s’est établi à 1,7 million d’euros en 2018.
L'avis de Dominique Schelcher
Un des défis de la grande distribution traditionnelle est la fragmentation des courses alimentaires : en un mois, les clients fréquentent 7,8 sources d’approvisionnement, les magasins de producteurs en font partie. Quand on interroge les clients pour savoir pourquoi ils font ce choix, ils l’expliquent par l’absence de la qualité de ce qu’ils recherchent au même endroit. Voilà un défi majeur pour les acteurs traditionnels pour pérenniser l’activité. À U, nous le faisons grâce au travail de chaque patron indépendant sur son site, qui adapte au mieux son offre à la demande locale.