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L'agroalimentaire recrute et attend plus de talents
Les entreprises agroalimentaires ont d’importants besoins de recrutement qu’elles satisfont partiellement grâce à la mobilité interne au secteur. Elles peuvent attendre mieux de la réforme de l’apprentissage et de la formation.
Les entreprises agroalimentaires ont d’importants besoins de recrutement qu’elles satisfont partiellement grâce à la mobilité interne au secteur. Elles peuvent attendre mieux de la réforme de l’apprentissage et de la formation.
Les recrutements au cœur des métiers de la production alimentaire sont allés bon train l’an dernier, au vu des premiers résultats de l’enquête annuelle des Observatoires du secteur alimentaire*. Il apparaît que 43 % des établissements du secteur ont été recruteurs en 2017. Un recrutement sur deux s’est fait dans le cadre d’un départ définitif. Et plus des deux tiers des recrutés avaient moins de trente ans. En toile de fond : une activité qui a été en hausse ou stable l’année précédente, en 2016, pour 79 % des établissements consultés. Une toile de fond certes assombrie par le manque de candidatures. En cause, les difficultés à attirer, la concurrence et des profils rares sur le territoire. Aussi, 41 % des établissements recruteurs ont-ils peiné à recruter, les directeurs ou responsables des ressources humaines et dirigeants ayant signalé un accès difficile aux profils voulus ou le manque de compétences, d’expérience ou encore de savoir-faire professionnel. Ce pourcentage d’établissements, dont les projets de recrutement ont été difficiles à mettre en œuvre, a augmenté de 20 % par rapport à 2016. L’attirance des talents, qu’ils soient réels ou en devenir, reste un problème majeur dans l’industrie alimentaire et les métiers de bouche.
Les priorités des compétences à développer en 2018 ressortent clairement de l’enquête. En tête des priorités pour plus de la moitié des établissements : l’hygiène et la sécurité, les caractéristiques des produits, la polyvalence, les compétences techniques et opérationnelles. En numéro 2 : pour 40 % des établissements le savoir-être, les savoirs fondamentaux, les compétences process. En numéro 3 : pour 30 %, ce qui est aussi considérable, la gestion, la négociation commerciale et le management. Pour l'année 2018 : 68 % au moins des établissements ont un projet de développement.
Peu de contrats d’alternance prévus en 2018
Les recrutements en CDD et CDI hors alternance sont largement prédominants. Les contrats d’alternance entre l’entreprise et une formation ont représenté 19 % des 103 000 recrutements estimés pour 2017. Le nombre d’alternants n’a pratiquement pas augmenté entre 2016 et 2017 alors que le nombre total de recrutements est en hausse de 14 %. Et pour 2018, seulement 9 % des établissements interrogés envisagent de recruter en alternance. La politique d’apprentissage engagée en 2015 dans le cadre du contrat de la filière alimentaire est loin de porter ses fruits. 150 000 jeunes auraient dû être recrutés en alternance entre 2014 et 2017.
Pour autant, les actions de l’Organisme paritaire collecteur agréé des industries alimentaires, de la coopération agricole et de l’alimentation en détail (Opcalim) en faveur de l’apprentissage sont appréciées des entreprises du secteur agroalimentaire. Cette formule, adaptée à tout niveau d’études quand elle s’adresse aux jeunes, « permet d’intégrer plus facilement un futur collaborateur formé aux métiers, à l’organisation et à la culture de l’entreprise », énonce Opcalim sur sa fiche de présentation de l’alternance. Elle se concrétise au travers de deux types de contrats : le contrat d’apprentissage et le contrat de professionnalisation. L’établissement de ces deux types de contrats est détaillé dans Le livret de l’alternance, édité par Opcalim, disponible en version numérique.
Changement de la donne
La réforme de l’apprentissage doit changer la donne. En particulier, elle en confie la gestion aux branches professionnelles. Celles-ci détermineront notamment le coût de prise en charge des contrats d’apprentissage par les opérateurs de compétences (qui succéderont aux Opca, mais ne seront plus collecteurs). La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, en attend que les apprentis soient formés « au plus près des besoins des entreprises » et que les centres de formation des apprentis (CFA) soient poussés à davantage recruter, puisqu’ils ouvriront et seront financés en fonction du nombre de contrats signés.
La réforme prévoit aussi la modulation des durées et des rythmes de l’apprentissage, et elle maintient le contrat de professionnalisation. Les entreprises de moins de 250 salariés doivent attendre un dispositif d’aides simplifié. Les apprentis, de leur côté, ne devraient plus craindre de perdre une année scolaire en cas de rupture de contrat.
Accords multisectoriels
L’attractivité des entreprises du secteur est mise en jeu. Selon Yannick Henry, directeur délégué aux affaires sociales de la Fédération des entreprises de la viande, « l’attractivité du secteur agroalimentaire a déjà bien bénéficié des accords multisectoriels reconnaissant les certificats de qualification professionnelle ». Il pense que les entreprises vont d’autant plus attirer les talents qu’elles bénéficieront de leur proximité avec les opérateurs de compétences.
* Réalisée entre le 19 décembre 2017 et le 16 mars 2018 auprès de 5 311 établissements. Résultats travaillés pour être représentatifs de l’ensemble des entreprises concernées par les observatoires. Consultable sur http://observatoires-alimentaire.fr.
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