Filière
La volaille bio en pleine transition
La production de volailles bios est sur la bonne voie pour répondre à une consommation qui progresse même si la filière française doit faire face à des enjeux réglementaires.
La production de volailles bios est sur la bonne voie pour répondre à une consommation qui progresse même si la filière française doit faire face à des enjeux réglementaires.
En 2018, les mises en place de volailles bios, représentées à 96 % par les poulets, ont progressé de 20 % par rapport à 2017 pour s’établir à 12,6 millions de têtes, selon l’Agence bio. Un chiffre à prendre avec précaution, car les circuits courts pourraient être sous-évalués, selon Réussir Aviculture. Près d’un poulet sur quatre (prêt à découper et découpes) achetés par les ménages français en 2018, était certifié label Rouge ou bio, selon Kantar. Le nombre de ménages acheteurs de découpes de poulet bio a progressé de 1,2 point en 2018 par rapport à 2017, à l’inverse du prêt à cuire bio qui perd 0,4 point sur la même période.
Comme pour le conventionnel, les consommateurs apprécient la praticité des découpes de poulet. Interrogée sur la capacité de la filière à gérer l’équilibre matière, Juliette Protino, directrice adjointe au Syndicat national des labels avicoles de France, estime que l’équilibre du marché est atteint sur les découpes. « Certes, les filets de poulet sont plus demandés que les cuisses, mais chaque opérateur gère son volume et arrive à écouler son stock sur d’autres marchés, en exportant vers d’autres pays, en vendant à la restauration hors domicile ou aux grandes et moyennes surfaces », affirme-t-elle.
Une croissance qui profite à tous les circuits
Avec un chiffre d’affaires de 251 millions d’euros (+22 % en 2018-2017), la grande distribution a bien profité du boom des volailles bios. Mais la GMS perd des parts face aux magasins spécialisés dans le bio (9 %, +2 pts/2017) et au hard-discount (+4 pts/2017). La vente directe prend aussi de l’ampleur avec 19 % des achats en valeur. En restauration collective, la loi Egalim impose 20 % de produits bios dans les repas à horizon 2022. « Pour l’instant, il n’existe pas de visibilité dessus, car aucun observatoire n’a été mis en place », déclare Juliette Protino. Il est de plus difficile de juger son incidence sur la filière volaille, car la part du bio demandée reste limitée et concerne l’ensemble du menu.
S’assurer qu’il y a bien une demande en face
Malgré la consommation tonique, certains bassins ont du mal à écouler leurs stocks. « On assiste à une hausse continuelle des volumes, mais il faudrait s’assurer qu’il y a bien une demande en face » explique Juliette Protino. D’autant plus que certains pays frontaliers sont confrontés aux mêmes difficultés. C’est principalement vers des pays limitrophes, comme la Belgique et l’Allemagne, que la France exporte ses volailles bios.
En 2018, les exportations ont grimpé de 9 %, à 10 % de la production nationale, alors que les importations ne représentaient que 1 % des achats des ménages, d'après l’Agence bio. « En France, on développe et défend la filière bio française », estime Juliette Protino. Mais la filière doit faire face à des menaces.
Si la Commission européenne impose de nouvelles règles qui définissent des principes de production, celles-ci ne sont pas toutes en adéquation avec les fondements des productions bios françaises. En France, la taille des élevages bios est limitée, mais le règlement paru en 2018 favoriserait des élevages de très grande taille, d’où le mécontentement des éleveurs français.