La Turquie devrait importer autant de viande bovine en 2025 que son record de 2024, qui peut en profiter ?
Les perspectives de l’USDA sont à une stabilisation des importations turques de viande bovine en 2025 autour de leur niveau de cette année, qui a conduit à un vrai appel d’air sur le marché communautaire.
Les perspectives de l’USDA sont à une stabilisation des importations turques de viande bovine en 2025 autour de leur niveau de cette année, qui a conduit à un vrai appel d’air sur le marché communautaire.
80 000 tonnes de viande bovine, c’est ce que la Turquie devrait importer sur l’ensemble de l’année 2024, soit 131 % de plus qu’en 2023, lorsque le gouvernement a rouvert ses frontières à la viande bovine dans l’espoir de réguler les prix. Et les analystes de l’USDA estiment que la Turquie importera autant l’an prochain, toujours sous l’égide l’ESK, l’organisme ministériel seul habilité à importer.
La Pologne, premier fournisseur de viande bovine de la Turquie
Au premier semestre, la Turquie à importé 41 892 tonnes de viande bovine, dont près de 30 000 t depuis la Pologne, soit plus du double des volumes du premier semestre 2023. La France y a envoyé près de 3 000 tonnes, un triplement par rapport à 2023, selon les données des Douanes françaises relayées par FranceAgriMer. Selon les opérateurs français, les perspectives restent incertaines pour 2025. Néanmoins, la France profite de l'appel d'air engendré par le recul de la Pologne sur l'Italie et la Grèce pour alimenter la Turquie.
Une production de viande bovine attendue en légère hausse en 2025
A 1,7 million de tonnes attendues en 2025, la production de viande bovine devrait progresser de 6 %, alors que les éleveurs devraient continuer à décapitaliser. Le cheptel est en effet attendu à 15,7 millions de têtes en 2024 (-4,8 %) et devrait reculer encore en 2025, à 15 millions de têtes (-4 %).
Ce qui a plombé la production en 2024, c’est notamment l’abattage d’animaux maigres (270 à 300 kg en moyenne, contre 400 kg usuellement), donc des volumes en retrait.
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Une consommation turque sous pression
Les Turcs sont éprouvés par une forte inflation, avec des hausses annuelles des prix au détail de 63 % pour la viande bovine, 114 % pour la viande ovine, 273 % pour le poulet et plus de 50 % pour les produits laitiers. Le bœuf reste la viande incontournable dans les habitudes alimentaires turques, les consommateurs sont réticents à se tourner vers la chèvre et le mouton, et si la consommation a reculé cette année à cause du bond des prix, elle devrait rebondir de 3 % l’an prochain.
Toujours moins d’importations en vif
Si l’ESK comptait importer 600 000 bovins vifs cette année, l’USDA estime que ce serait plutôt 550 000 bêtes qui entreront en Turquie (-32 % par rapport aux 818 000 animaux de 2023). A cause de la FCO, les importations de bovins d’élevage en provenance d’Allemagne et du Danemark sont au point mort, comme celles de bovins américains à cause des troupeaux contaminés par la grippe aviaire, au profit d’autres origines communautaires. La Turquie importe des bovins finis à abattre mais surtout des bovins d’engraissement.
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En 2025, les importations devraient de nouveau chuter de 30 % à 420 000 têtes faute d’offres sur le marché mondial. La Turquie est le second importateur mondial d’animaux vifs, pour un marché évalué à 1,63 milliards de dollars.
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Une stratégie de relance de l’élevage à la peine
Les éleveurs turcs sont toujours confrontés à la flambée des coûts de production, notamment ceux liés à l’alimentation du bétail, importée à 60 %. Le fourrage manque de plus en plus dans le pays, à cause des sécheresses. Dans le même temps, le cheptel laitier se réduit à cause des prix du lait non rémunérateurs. La consommation de produits laitiers est en chute libre en Turquie, dans un contexte de forte inflation (+60 % en juillet 2024).
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Des fêtes de l’Aïd pénalisées par la conjoncture économique
L’USDA dresse le bilan de l’aïd -al-Adha, mi-juin 2024. Comme les prix des gros bovins vifs ont bondi de 560 % en 3 ans, et de 69 % sur un an, les abattages ont chuté. Les consommateurs se sont davantage tournés vers l’agneau, moins onéreux malgré une hausse des prix de 88 % sur un an.