« La GMS veut-elle revenir au broyage des poussins mâles ? »
Au Space Rennes 2024, l’ovosexage et les réticences de la GMS à participer au financement de cette opération qui évite le broyage des poussins mâles faisaient l’objet de vifs débats parmi les opérateurs de la filière œuf.
Au Space Rennes 2024, l’ovosexage et les réticences de la GMS à participer au financement de cette opération qui évite le broyage des poussins mâles faisaient l’objet de vifs débats parmi les opérateurs de la filière œuf.
« La section œuf de l’UGPVB se réunit la semaine prochaine, on va réfléchir à une action, ce n’est pas à l’éleveur de payer pour l’ovosexage », s’insurge Eric Guelaff, vice-président de l’UGPVB, rencontré au SPACE à Rennes.
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« Ce n’est pas à l’éleveur de payer pour l’ovosexage »
Car le dossier est actuellement dans une impasse. « La GMS veut-elle revenir au broyage des poussins mâles ? » s’interroge Frédéric Chartier, président du groupement de producteurs Armor œuf, lui aussi sur le salon breton.
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La GMS ne veut plus collecter la CVO ovosexage
Le protocole de financement de l’ovosexage, une alternative au broyage des poussins que l'ancien ministre de l'Agriculture Julien Denormandie voulait voir disparaître, n’a été signé que pour deux ans et s’arrête au 1er décembre. Pour le moment, la GMS est collectrice de la CVO (cotisation volontaire obligatoire) payée par le consommateur, à hauteur de 0,49 €/100 euros les 100 œufs. C’est dire si c’est transparent pour le consommateur.
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Un opérateur de la filière, présent lors de la réunion du CNPO pour valider le nouveau protocole de financement, raconte « c’est simple, ils jugent que ce n’est pas leur rôle de collecter la CVO sur l’ovosexage, qui est une volonté politique et doit donc être gérée au niveau de l’état ». La FCD et la FCA, les fédérations de la distribution qui ont intégré l’interprofession poussent donc l’amont de la filière à obtenir une réponse politique. « Mais comme il n’y a pas de ministre de l’agriculture, on est dans une impasse », soupire notre interlocuteur.
« Comme il n’y a pas de ministre de l’agriculture, on est dans une impasse »
La GMS ne veut pas assumer tous les coûts
Autre argument de la GMS, cette taxe recueillie auprès de leur client finance aussi des œufs qui ne passent pas dans leur circuit. Argument balayé par l’ensemble des opérateurs, « imaginez collecter chaque restaurateur ! ». Les industriels de l’ovoproduit sont quant à eux inquiets de la compétitivité de leurs produits sur la scène internationale alors que seules la France et l’Allemagne ont mis en place l’interdiction du broyage des poussins. Quant aux ovoproduits entrant dans la composition des produits alimentaires (pâtes, viennoiseries, pâtisseries, mayonnaise…) ils passent en grande partie eux aussi via la GMS.
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« La GMS n’entend que le rapport de force »
« La GMS n’est pas assez mature pour arriver dans une interprofession, ils n’entendent que le rapport de force » souffle un opérateur. Frédéric Chartier alerte, « ils estiment que l’éleveur n’a qu’à prendre en charge le coût de l’ovosexage, puis avec Egalim ils seront couverts, grâce à la marche en avant du prix, mais déjà il n’y a pas d’indicateur, en plus les éleveurs ne peuvent pas avancer ces sommes ». A 0,88 €/poulette, il apparait évident que de nombreux élevages n’auront pas la trésorerie pour couvrir ces frais supplémentaires. « La colère va s’exprimer » conclut un éleveur présent.
« La colère va s’exprimer »
L’accouvage français à risque
Pour Eric Guelaff, « il faut comprendre que nos couvoirs ont fait de gros investissements, on ne peut plus revenir en arrière. Si on commence à importer des poulettes non ovosexées, le secteur pourrait être touché, or c’est un fleuron français ! ». Le producteur d’œufs en Normandie précise, « les coûts ont baissé, ils vont continuer de baisser avec l’innovation ».
Combien coûte l’ovosexage
La dernière estimation par FranceAgriMer pour le CNPO établit à 0,88 € le coût de sélection dans l’œuf des futures poules, contre 0,95 € précédemment. D’où une cotisation revue à la baisse pour la grande distribution: 0,49 € pour 100 œufs contre 0,59 € aujourd’hui. Au total, l’ovosexage nécessite 40 millions d’euros de financement, contre une soixantaine il y a deux ans.