L’avis de TLF
« La chaîne logistique est capable de répondre pourvu qu’on se parle »
Les Marchés Hebdo : Comment la chaîne logistique va-t-elle s’adapter à la crise du Covid-19 ?
Alexis Degouy : Les transports font face à des secteurs dont l’activité est freinée. Au contraire, ceux des aliments et des produits de première nécessité sont en suractivité. Nous devons gérer la bascule de la RHD vers la consommation à domicile. Il n’y a pas d’inquiétude à ce stade. Le cas italien montre que la chaîne d’approvisionnement alimentaire a fonctionné correctement pendant une période d’achat de précaution, avant le retour à un rythme de consommation plus classique. La logistique alimentaire sait faire face à des pics de consommation, comme ordinairement en décembre. Il faut admettre un certain nombre d’inconnues sur l’efficacité du télétravail et les absences. Les règles sont assouplies de façon très évidente. Pouvoir rouler le dimanche, nous savons que cela peut être accordé au niveau national. Il y a d’autres dérogations qui peuvent s’envisager à d’autres échelons, puisque les contraintes ne sont pas les mêmes d’une agglomération à l’autre. L’Italie montre un exemple pertinent de dispositions régionales. Le temps de conduite des conducteurs, quand ils en sont d’accord, peut être allongé au besoin sans tomber sous le coup de contrôles. Nous avons aussi signalé à notre ministère de tutelle que le transport des palettes et des emballages doit rester fluide. Enfin, l’adaptation de la chaîne logistique dépend aussi de nos entreprises elles-mêmes. Nous ferons jouer collectivement une forme de solidarité, comme cela a pu se voir dans le transport de foin pour les éleveurs, certains étés. Aujourd’hui, la chaîne logistique est capable de répondre à toute situation pourvu qu’on se parle.
LMH : Les opérateurs de plateformes logistiques et conducteurs seront-ils assez nombreux ?
A. D. : Beaucoup de sites logistiques ont un recours accru à l’intérim. Les contrats courts devraient exposer les entreprises à un malus du fait de la réforme de l’assurance chômage. Mais a priori, l’entrée en application du dispositif sera décalée au 1er septembre.
LMH : Les opérateurs vont-ils travailler en confiance ?
A. D. : Les entreprises de transport et de logistique ne peuvent pas distribuer de masques à leurs employés, tant qu’un décret rend le secteur médical prioritaire. Mais en Italie, les préparateurs de commande, les chauffeurs de camion s’en passent. Je n’ai pas d’inquiétude, ce sera la même chose en France. Les pratiques de sécurité et l’usage du savon sont efficaces.