Aller au contenu principal

Filière
La chaîne logistique alimentaire mise à rude épreuve

Contraintes sanitaires, augmentation des volumes, retours de livraison à vide…, la chaîne d’approvisionnement alimentaire est mise sous haute tension dans une Europe mobilisée dans la lutte contre le coronavirus. Enquête.

 © Jkoopmanschap pour ABTexel
© Jkoopmanschap pour ABTexel

« Les chauffeurs sont invités à être vigilants et à éviter tout contact humain direct », stipule le protocole Covid-19 de AB Texel Group, transporteur international de pommes de terre et oignons à destination des industriels et conditionneurs. Le document demande aussi aux 1 800 chauffeurs du groupe de « respecter strictement les mesures d’hygiène imposées par les clients sur les sites de chargement et de déchargement ». « Certains clients leur demandent de ne pas descendre du camion », indique le responsable pour la France et la Belgique, Tom De Lange. Le transporteur a pu absorber un volume supplémentaire d’activité en semaine 11. Tom De Lange est rassuré du fait que les chauffeurs puissent se ravitailler sur les autoroutes françaises, de jour comme de nuit. Il suit au jour le jour l’état de la contamination, les règles sanitaires et de circulation des différents pays européens.

Si les bennes tapis de AB Texel Group chargent exclusivement des légumes en vrac ou, de temps en temps, des céréales, d’autres transporteurs ont besoin de transporter des produits non alimentaires pour être compétitifs. C’est le cas de Transports Gelin, en Bretagne, dont les camions transportent en vrac des marchandises d’alimentation animale et d’autres matières comme le gravier.

Soit on nous donne des garanties, soit on coupe tout

« Quatre-vingts pour cent des industriels sont en train de fermer. Nos clients de l’alimentation animale ne sont pas prêts à prendre en charge le double du transport pour les retours à vide », s’alarme le responsable d’exploitation Julien Gelin. S’il accepte d’être solidaire de l’élevage en livrant ponctuellement au tarif antérieur, le transporteur sait qu’il ne pourra tenir quinze jours. « Soit, on nous donne des garanties, soit, on coupe tout », s’emporte-t-il. Il pense ne pas être seul dans cette situation, et qu’un grand nombre de transporteurs de produits frais bretons verront leurs « flux déséquilibrés », y compris les transports frigorifiques, et qui souffriront aussi à une échelle différente.

Jusqu’où ira la solidarité affichée par La Coopération agricole ? « L’alimentation animale demande une vigilance particulière parce que c’est du flux tendu et qu’il faut continuer de nourrir les animaux », souligne Florence Pradier, directeur général de l’organisation. « Le transport des fruits et légumes et des viandes, dont la demande augmente, ne supporte pas de délais », ajoute-t-elle.

Plan de continuité

Dans l’Indre, le transporteur Besnier a conclu un plan de continuité avec l’usine de Barilla France à Châteauroux qui produit des pains de mie Harrys, dont la demande a aussi augmenté. Selon celui-ci, les congés payés sont suspendus et les salariés doivent éventuellement revenir de congé pour des remplacements. « Les voyages seront facturés aller-retour », précise la direction. De son côté, Barilla France déclare : « malgré ce contexte difficile, aucun de nos sites de production n’est actuellement soumis à des mesures de confinement. Grâce à un effort considérable de la part de tous les salariés de Barilla, la production et la distribution de nos produits se poursuivent ».

Aucune limitation à la circulation pour les pâtes

S’agissant des pâtes italiennes, l’industriel précise : « conformément aux consignes des autorités italiennes, il n’existe aucune limitation à la circulation de nos produits, à leur vente et à leur transport ». Autre industriel, le groupe Léa Nature assure que ses conditions sanitaires ont été spécifiquement renforcées pour les équipes de production et logistique afin d’assurer l’approvisionnement sous tension des magasins alimentaires, ceci « dans la limite de nos capacités actuelles », précise le président fondateur Charles Kloboukoff sur le réseau Linkedin. « À date, nous n’avons pris aucune mesure de chômage technique, ni de RTT ou congés à consommer par anticipation », complète-t-il.

Quant au réseau national de grossistes et fruits et légumes Vivalya : des initiatives s’organisent au sein du réseau pour proposer des acheminements directement des centrales et des producteurs, le tout au cas par cas. Le service d’approvisionnement pour la GMS et les commerces indispensables est maintenu.

Dernier kilomètre

Et tout au bout de la chaîne, la livraison à domicile bat son plein. La jeune épicerie solidaire bio sur Internet La Fourche ne peut plus livrer de points relais, Mondial Relais ayant suspendu son activité. « Nous devons payer le dernier kilomètre, ce qui augmente la livraison de 30 à 50 % », déplore le cofondateur Lucas Lefebvre, s’appuyant sur La Poste et DPD. Pour autant, l’entreprise en pleine croissance casse exceptionnellement son coût de livraison. Au-dessus de 39 euros d’achat, c’est 1,99 euro au lieu de 5,99 euros, mais avec une limitation des commandes à 15 kilogrammes.

Les plus lus

troupeau de vaches dans les prairies du Montana
Les agriculteurs américains soulagés du report des droits de douanes pour le Mexique et le Canada

Le secteur agricole américain pourrait bien être la principale victime de la guerre commerciale de Donald Trump, comme lors de…

vache charolaise dans un pré
La vache lait O dépasse les 5 €/kg, les prix des jeunes bovins se calment

Les prix des bovins ont gagné 14,5 % en un an, et la hausse pourrait bien continuer, car si les prix des JB semblent marquer…

LES ÉTATS-UNIS PREMIER EXPORTATEUR AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE, infographie parue dans Les Marchés Mag de juin 2023
États-Unis : ce qu'il faut savoir du premier exportateur agricole et agroalimentaire en une infographie

Leader du marché mondial agricole et agroalimentaire, qu'est ce qu'exportent les États-Unis ? Quelles sont les productions…

image d'un rayon oeuf vide
Flambée des prix des œufs en France, est-ce la faute des États-Unis ?

Alors que la pénurie d’œufs aux États-Unis et les prix exorbitants des œufs à New York ont défrayés la chronique, la hausse…

agneaux et brebis en bergerie
Les prix des agneaux de nouveau au-dessus de 10 €/kg, des records probables pour Pâques

Les prix des agneaux progressent de nouveau, à un mois de Pâques, temps fort de consommation de la viande ovine, qui résiste…

des poules oranges
Prix des poules de réforme – Cotation réalisée le 28 mars 2025

La CPP (Cotation poule pondeuse) est publiée dans Les Marchés le lundi reflète les prix de la semaine précédente. La CPR (…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio