Conjoncture
Freins et opportunités à l’exportation, selon Business France
La pandémie de Covid-19 a freiné l’exportation de produits agroalimentaires français au premier semestre 2020, mais elle a aussi suscité des opportunités. Le point avec Pascale Thieffry, nouvelle directrice du département agroalimentaire de Business France.
La pandémie de Covid-19 a freiné l’exportation de produits agroalimentaires français au premier semestre 2020, mais elle a aussi suscité des opportunités. Le point avec Pascale Thieffry, nouvelle directrice du département agroalimentaire de Business France.
« La chute de l’exportation des produits alimentaires français est à relativiser. Sur le premier semestre 2020, elle a atteint 4 % en valeur, comparée à la baisse de 11 % enregistrée après la crise de 2008 », déclare Pascale Thieffry, directrice du département agroalimentaire de Business France, qui a remplacé Christophe Monnier en septembre dernier. Usines ne fonctionnant pas à plein régime, problèmes de main-d’œuvre, difficultés logistiques (manque de conteneurs, prix en forte hausse pour le fret aérien), l’arrêt de la restauration hors domicile (RHD) dans certains pays, tels sont les freins à l’exportation qu’elle identifie pendant la pandémie. « Et tout n’est pas complètement revenu à la normale. Au niveau des ports, cela va mieux, un trafic pour les seules marchandises a été mis en place au niveau du fret aérien, mais le foodservice (RHD, ndlr) reste fermé dans beaucoup de pays. Aux États-Unis, un restaurant sur quatre ne rouvrira pas », analyse Pascale Thieffry.
Hausse de 15 % avec la Chine
Dans cette période difficile, Business France note néanmoins des points positifs. « Curieusement, sur le premier semestre, nous n’avons finalement pas enregistré une baisse d’activité avec la Chine, mais une hausse de 15 % », pointe la directrice du département agroalimentaire. La Chine a ainsi importé pour 430 millions d’euros de céréales françaises (soit +300 % en un an), a augmenté de 40 % ses importations de viandes françaises et a acheté 6 000 animaux reproducteurs. « Certes, le dédouanement peut présenter des difficultés, mais les flux existent », relève-t-elle.
Sur le long terme, la croissance se trouve dans les pays tiers
La crise a créé des opportunités pour l’agroalimentaire français sur les commodities, mais aussi l’agro-équipement. Les produits de qualité français dédiés à la vente au détail ont aussi plutôt bien résisté dans les pays limitrophes au sein de l’Union européenne. « Alors que les exportations vers les pays tiers ont chuté de 5 % (avec -17 % sur la zone Alena, -9 % sur le Proche et Moyen-Orient et -29 % sur la zone Asean), celles vers l’UE n’ont reculé que de 3 % sur le premier semestre 2020. On a même enregistré un +2 % en Allemagne. En Afrique du Nord, les exportations ont crû de 20 %, notamment grâce aux céréales », note Pascale Thieffry. « L’Europe, c’est plus simple en ce moment, mais il ne faut pas oublier que sur le long terme la croissance se trouve dans les pays tiers. »
Pour les entreprises exportatrices, un plan de soutien a été mis en place au deuxième trimestre jusqu’au 30 septembre avec un renforcement de l’information (notamment avec l’organisation d’une cinquantaine de webinaires), une plateforme de solutions digitales BtoB et une baisse de 50 % des tarifs de Business France. « Le 22 octobre, on organise une journée "plan de relance export agroalimentaire" », avance la directrice. À cette occasion sera présenté le livre blanc Où exporter en 2021 ? qui concerne 50 destinations (contre 40 précédemment). Business France maintient aussi ses business meeting qui devaient se tenir en marge du Sial (125 acheteurs de 45 pays et 165 entreprises françaises sont déjà inscrits).