Filière viande : 20 % des sites d’abattages pourraient fermer d’ici 2035
La décapitalisation observée dans les filières animales françaises ne permet pas de limiter la production de gaz à effet de serre puisque la consommation résiste et que les importations prennent le relai. En revanche, c’est l’emploi de toute la filière viande qui est menacé, surtout bovine.
La décapitalisation observée dans les filières animales françaises ne permet pas de limiter la production de gaz à effet de serre puisque la consommation résiste et que les importations prennent le relai. En revanche, c’est l’emploi de toute la filière viande qui est menacé, surtout bovine.
A quoi s’attendre, dans les filières viande, d’ici 2035 ? C’est à cette question complexe que s’attelle à répondre une étude de l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (Iddri).
Un décrochage offre/demande sur la viande
Faisant les hypothèses d’une demande mondiale croissante, d’un intérêt axé sur le prix et de politiques alimentaires peu volontaristes qui ne modifient pas les habitudes de consommation, l’Iddri table sur dénouement peu favorable à l’agriculture française. Dans ce contexte, l’autosuffisance alimentaire passerait de 103 % à 98 % en porc, de 95 % à 80 % en viande bovine, et de 92 % à 84 % en volaille. La dynamique du poulet ne compense en effet pas le recul des dindes, pintades et canards.
l’autosuffisance alimentaire passerait de 103 % à 98 % en porc, de 95 % à 80 % en viande bovine, et de 92 % à 84 % en volaille.
Une restructuration de toute la filière viande
34 % des fermes de la filière viande pourrait disparaitre d’ici 2035, avec un net agrandissement des unités restantes, ainsi que 30 % des emplois agricoles. Les autres maillons de la filière vont souffrir des conséquences de la baisse de la production d’animaux. Baisse des volumes et hausse de la productivité impliquent un net recul des emplois dans le maillon industriel de la viande notamment dans le Grand Ouest. Au total, ce sont 14,5 % des emplois de l'industrie de la viande qui pourraient être perdus, et plus de 400 millions d'euros d'actifs échoués au niveau industriel, avec 20 % des sites qui pourraient fermer.
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Pas d’effet positif sur les gaz à effet de serre
La baisse des cheptels induit une hausse de la demande en engrais de synthèse, mais aussi un retournement des prairies permanentes qui conduit à des conséquences négatives sur l’environnement (pollution des eaux, pertes de biodiversité, déstockage de carbone). A l’inverse, dans le Grand Ouest, si l’élevage reste concentré pour gagner en compétitivité et limiter les coûts, on peu s’attendre à une pression azotée toujours supérieure à la capacité de valorisation.
Si l’on considère les émissions liées aux importations le recul ne serait que de 3 %
Enfin certes les émissions de gaz à effet de serre baisseraient de 15 % en lien avec ce recul de l’élevage, mais si l’on considère les émissions liées aux importations le recul ne serait que de 3 %.
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La normalisation des crises
Si dans ce scénario les crises sont considérées comme absorbées par les filières animales, l’Iddri pointe un risque qu’elles deviennent structurelles. Flambée des coûts de production, notamment de l’aliment en cas de mauvaises récoltes, épizooties, pénuries d’engrais, dérèglement des écosystèmes, les risques sont nombreux. La question de la résilience des filières devient donc centrale.
Une politique alimentaire plus volontariste
Si un autre avenir est souhaitable, « le champ des possibles est extrêmement contraint du fait des tendances lourdes à l’œuvre sur la production et la consommation » prévient l’Iddri. Une des pistes évoquées est de porter plus d’attention à la demande, qui décroit actuellement moins vite que la production au profit des importations. Ce d’autant plus que « les niveaux actuels et projetés de consommation sont significativement au-dessus des recommandations du Plan national nutrition santé » écrivent les auteurs.