Aller au contenu principal

Filière laitière : à quoi va ressembler la prochaine décennie ?

Plus durable, plus segmentée, mais aussi en baisse, c’est ainsi que la Commission européenne anticipe la production de lait en Europe sur la prochaine décennie.

Filière laitière : à quoi va ressembler la prochaine décennie ?
© Franck Mechekour

Une croissance de la collecte de lait ralentie, mais des modes de production « plus durables », voilà le tableau que brosse la Commission européenne pour la filière laitière dans les dix prochaines années. D’ici à 2032, le cheptel laitier pourrait de nouveau reculer de 10 %, la baisse étant davantage prononcée pour les systèmes intensifs. Les gains de productivité sont attendus limités par rapport à la décennie précédente puisque l’écart entre les pays d’Europe de l’Ouest et de l’Est s’est déjà bien réduit. La petite hausse des rendements ne devrait donc pas compenser le recul du cheptel et, après avoir atteint un pic en 2020 à 144,9 millions de tonnes, la collecte laitière devrait dorénavant reculer jusqu’à 142,7 millions de tonnes en 2032.

Une consommation qui résiste mais évolue

Dans l’ensemble, la consommation par habitant pourrait se tasser (-0,3 % par an), partant d’un niveau très élevé pendant la pandémie. Pas de changement de tendance pour le lait de consommation liquide, dont la consommation devrait encore reculer, passant de 42 kg par habitant en 2020 à 38 kg en 2032. Les yaourts devraient résister, le beurre et la crème afficher encore une faible croissance, mais c’est surtout le fromage qui va être plébiscité : gagnant 3 kg équivalent lait par habitant en dix ans. Les analystes estiment que la demande sera porteuse pour les produits enrichis (en vitamines et minéraux) et pour les produits nutritionnels spécifiques.

Un mix produit qui change

Ces tendances de consommation vont se refléter sur les fabrications. Les disponibilités modérées de la collecte vont conduire les industriels à faire des choix et les produits laitiers ultra-frais pourraient en pâtir. Autres fabrications attendues en recul, celles de poudre grasse, l’Union européenne manquant de compétitivité, le lait conditionné, faute de consommation et les poudres de lait infantiles, avec le déclin des naissances en Chine. À l’inverse, les fabrications du couple beurre/poudre de lait écrémé devraient progresser de 1 million de tonnes sur dix ans, et celles du duo fromage et poudres de lactosérum de 4 millions. Ce dernier secteur absorberait 38 % du lait européen en 2032 contre 35 % sur la moyenne 2020-2022.

Sur le marché mondial, l’Europe pourrait résister

Même si la production mondiale de lait devait se développer, de nombreux pays resteront dépendants des importations. L’Union européenne devrait rester leader sur le marché mondial, mais, perdant 3 points de parts de marché en dix ans, elle pourrait bien devoir partager la place de premier exportateur mondial avec la Nouvelle-Zélande, et 24 % de parts de marché chacune. Les États-Unis devraient se renforcer, passant de 13 % de parts de marché à 17 %.

L’atout de l’Union européenne est son savoir-faire reconnu et ses produits haut de gamme. Car si la collecte de lait se développe dans les pays émergents, les fabrications seront surtout des commodités, d’où un ralentissement de la croissance des échanges mondiaux de poudre. Tandis que la classe moyenne émergente et des préoccupations plus fortes pour la durabilité et le bien-être animal pourraient profiter aux produits européens.

Les plus lus

« La France importe déjà du Mercosur pour 1,92 milliard d’euros de produits agricoles et agroalimentaires »

Ingénieur de recherche en économie de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (…

Zonage IAHP en Bretagne sur la plateforme PIGMA
Grippe aviaire : la France passe en risque élevé

Alors que la Bretagne compte 9 foyers de grippe aviaire depuis mi-août, c’est toute la France qui passe en niveau de risque…

A cargo ship loaded with refrigerated containers labeled 'Brazilian beef' sails across the ocean, with the Brazilian flag on the ship.
L’Europe importe-t-elle du bœuf aux hormones brésilien ?

Les autorités brésiliennes peinent à assurer la fiabilité des déclarations des opérateurs sur la non-utilisation d’hormones…

un poing géant aux couleurs du brésil écrase un tracteur
Mercosur : « Nous sommes aujourd’hui à un tournant décisif » s'alarment quatre interprofessions agricoles

Les interprofessions de la viande bovine, de la volaille, du sucre et des céréales étaient réunies aujourd’hui pour réaffirmer…

photo Eric Fauchon
« Le marché des produits halal a connu un fort ralentissement ces derniers mois » 

Les consommateurs des produits halal se sont détournés de la GMS en période d’inflation, fait rare pour ce segment qui a connu…

conteneurs au port du havre
Mercosur : Produits laitiers, vins et spiritueux, ces filières ont-elles un intérêt à l’accord ?

Alors que la colère agricole retentit de nouveau, rallumée par l’approche de la conclusion d’un traité avec le Mercosur, la…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio