Filière bovine : que se passe-t-il en Turquie ?
Les prix de la viande bovine ont plus que doublé en Turquie. Le gouvernement a décidé de relancer l’importation d’animaux vivants, au bénéfice de certains pays européens, mais contrôle toujours les achats de viande.
Les prix de la viande bovine ont plus que doublé en Turquie. Le gouvernement a décidé de relancer l’importation d’animaux vivants, au bénéfice de certains pays européens, mais contrôle toujours les achats de viande.
Le cheptel bovin baisse depuis trois ans en Turquie, et devrait encore reculer en 2024 à 15,6 millions de têtes. En cause, des coûts de production qui dépassent le prix du lait et conduisent les éleveurs laitiers à décapitaliser. C’est le prix de l’alimentation qui a flambé, doublé entre 2022 et 2023, après avoir déjà fortement augmenté l’an dernier. Cette envolée est à mettre en partie sur le compte des taux de change et de la dépréciation de la livre turque, puisque la moitié de l’aliment du bétail utilisé en Turquie est importé. Résultat de cette décapitalisation, conjuguée aux pertes liées à la fièvre aphteuse et celles dues au séisme de février 2023, les jeunes bovins manquent dans les ateliers d’engraissement.
470 000 bovins importés vivants
Pour contrer l’érosion de l’offre, la Turquie importe des broutards pour l’engraissement. 470 000 en 2023 selon les prévisions USDA, quatre fois plus que l’an dernier et autant en 2024. Au premier semestre, les statistiques turques indique des importations de 202 000 broutards, principalement en provenance d’Uruguay, de République tchèque et de Hongrie, et 31 000 animaux pour la reproduction, de race laitière, en provenance d’Allemagne, du Danemark et de République tchèque. La Turquie est ainsi devenue le second client de l’Union européenne, (derrière le Royaume-Uni) avec 255 millions d’euros d’envois sur janvier-mai selon Bruxelles, contre 97 millions sur l’ensemble de 2022. Elle est passée devant Israël (144 millions d’euros sur les cinq premiers mois de 2023).
Le prix de la viande bovine a doublé
La production de viande augmente depuis quatre ans et devrait progresser encore en 2024 sous l’effet de la hausse des abattages liés à la décapitalisation. Mais la production n’augmente pas en tonnage autant qu’en tête car les poids carcasses sont en chute libre du fait de la hausse de l’aliment, entre 270 et 300 kg contre 400 kg avant la crise. Pour autant, la demande contribue à dépasser l’offre, ce qui conduit à une envolée des prix : +173 % en un an pour la viande hachée.
Des importations contrôlées
Le gouvernement turc a pour stratégie de limiter les importations de viande pour préserver les producteurs locaux déjà très touchés par la conjoncture. Mais face à l’inflation, au mécontentement de la population et l’approche des élection, il a infléchit sa politique cette année et les importations devraient dépasser les 9 000 t, quatre fois plus que l’an dernier. Mais pour 2024, l’étau devrait se resserrer avec seulement 6 000 t. Pour rappel, en 2018, la Turquie importait encore 50 000 tonnes de viande bovine. Les fournisseurs de viande bovine de la Turquie sont essentiellement la Bosnie-Herzégovine et dans une moindre mesure la Pologne et la Serbie.