Face à la baisse de la collecte, l’industrie laitière doit être « proactive », enjoint la Rabobank
Dans son dernier rapport, la Rabobank estime que la collecte laitière de l’UE pourrait baisser rapidement et incite les industriels à se préparer à temps difficiles et à adapter leur mix produit.
Dans son dernier rapport, la Rabobank estime que la collecte laitière de l’UE pourrait baisser rapidement et incite les industriels à se préparer à temps difficiles et à adapter leur mix produit.
Dans son dernier rapport, la Rabobank pointe l’inversions structurelle de la dynamique laitière européenne. Le moteur de la croissance de l’Europe laitière était situé, la dernière décennie, en Europe du nord, avec un quatuor (Allemagne, Danemark, Pays-Bas et Belgique) source de 39 % des volumes supplémentaires depuis 2010. Si l’on ajoute la Pologne et l’Irlande, ces six pays sont même à l’origine de 70 % de la progression de la collecte de lait en Europe. Mais le moteur s’est enrayé au tournant des années 2020.
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En cause, la chute du cheptel laitier, qui recule de 1,4 % par an chez les 4 pays précédemment cités. Le manque de main d’œuvre, le dérèglement climatique mais aussi le durcissement des réglementations environnementales expliquent cette baisse. Ce sont surtout les lois sur la qualité de l’eau qui pèse sur la filière, comme on a pu le voir aux Pays-Bas ou en Irlande.
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De combien va chuter la collecte laitière européenne ?
« En fin de compte, les réglementations relatives à la qualité de l'eau et à la biodiversité laissent présager un déclin accéléré du cheptel laitier, en raison de la baisse du chargement animal par hectare et de nouvelles restrictions sur l'utilisation et l'application d'engrais chimiques », a déclaré la banque néerlandaise, qui projette deux scénarios.
« Les réglementations relatives à la qualité de l'eau et à la biodiversité laissent présager un déclin accéléré du cheptel laitier »
Un scenario d'une baisse progressive sur le long terme
D’une part est ainsi envisagée une baisse de 13 % de la collecte laitière dans l’UE entre 2023 et 2035, qui la ramènerait à sa production des années 2010. Ce scénario envisage cette baisse de façon progressive. Pour s’adapter à la diminution de l’offre de lait, et préserver leur chiffre d’affaires, les entreprises laitières vont devoir s’adapter et privilégier les produits à haute valeur ajoutée, comme les protéines spécialisées, les marques nationales et le fromage, « Cette mesure permettrait de contrebalancer la hausse des coûts et de préserver la compétitivité du marché, les capacités de transformation du lait étant supérieures à l'offre », peut-on lire dans le rapport.
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L'alarmant scenario d'une chute rapide des volumes
Mais un scénario « plus drastique » est aussi envisagé, celui d’une chute de 20 % de la collecte sur cette période courant de 2023 à 2035. Si c’est Allemagne que les volumes vont le plus diminuer, les pays affichant les plus forts reculs en pourcentage seront les Pays-Bas, la Belgique et le Danemark.
« Les coopératives [seraient] probablement les plus durement touchées »
« Ce scénario baissier risque d'entraîner d'importantes pertes de revenus et des contraintes en matière de capital, les coopératives étant probablement les plus durement touchées » alerte la Rabobank. En effet, pour ces structures qui vont subir comme les autres la compétition pour l'offre et les difficultés liées à du capital immobilisé dans des outils en surcapacité, une autre difficulté s'ajoute puisque le recul des entrées de lait est généralement corrélé à des membres qui souhaitent récupérer leur capital, selon les explications de la Rabobank qui appelle les entreprises laitières à « être proactives plutôt que d'être confrontées à des conséquences plus sévères à un stade ultérieur ».
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En 2024, la collecte de lait de l'UE attendue en légère hausse
Malgré ces prévisions alarmistes de la Rabobank, on peut noter que, pour 2024, la Commission européenne s'attend à une collecte laitière en très légère hausse (+0,4 % par rapport à une année 2023 à +0,3 %). Les disparités sont fortes entre états membres. Le cheptel européen de vaches laitières devrait continuer de baisser cette année, mais les prix du lait attendus toujours incitatifs et la hausse des rendements vont conduire à cette petite progression de la collecte... qui est aussi liée au à l'année bissextile.