Des chaînes de livraison efficaces et humaines
Une trentaine d’entreprises de la chaîne logistique des produits frais collaborent depuis le printemps 2016 en vue de « mieux concilier les enjeux de performance globale et de santé au travail ». La Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) de Rhône-Alpes et le Pôle d’intelligence logistique (Pil’es) sont à l’origine du projet Perspectiv’Supply, sous l’égide de la Direccte.
Les entreprises se sont retrouvées à Lyon le 14 novembre pour un colloque de restitution, avec l’ambition de fonder une communauté autour d’une plateforme collaborative sur Internet. Le public attendait tout particulièrement les retours d’expérience sur la détente des flux de produits frais.
Livraison en 45 heures
L’acheminement de produits variés du fournisseur au magasin a été rallongé d’un jour. Il se fait en 45 heures au total, pour une livraison en tout point de l’Hexagone, au lieu de 20 heures. Plusieurs entreprises ont fait part des changements radicaux des conditions de travail intervenues dans leurs entrepôts, rapporte la Carsat : Bonduelle, les Transports Jammet, Gagne, CSD, ainsi que les enseignes Intermarché et Provencia. Si la fréquence de livraison s’est maintenue à 5 ou 6 fois par semaine, les chaînes de livraison ont gagné en anticipation, en efficience et en sérénité. Là où auparavant, la précipitation se traduisait en pertes d’exploitation, en relations conflictuelles et en risques accrus d’accidents du travail et de maladies professionnelles.
Visibilité partagée des promotions
S’agissant des produits à date limite de consommation (DLC) longue, une dizaine d’entreprises ont tiré un bilan très positif de la réduction de la fréquence de livraison de 5 à 3 fois par semaine à l’initiative d’ITM. Les flux ont été lissés, résultant en une réduction « significative » des surcoûts d’exploitation ainsi que de la pénibilité. Chaque maillon a noté ces améliorations : des tailles de commande de 30 à 40 % plus importantes, des palettes « plus belles » et un meilleur remplissage des véhicules.
Parallèlement, les nombres de palettes et de véhicules en circulation se sont significativement réduits, de même que les temps d’attente, de réception et de tri sur les plateformes de distribution. Dans les rayons d’Intermarché, cela se traduit par moins de variétés dans les DLC.
« Les avantages se cumulent en cascade » tout au long la chaîne, s’est-il résumé. Mais cela nécessite d’équilibrer les flux et de changer d’organisation, en l’occurrence dans les magasins. Les échanges ont inévitablement abordé la question des promotions mal programmées et de leurs dommages économiques et sur la santé des opérateurs. Le partage de la visibilité à 8 semaines, qu’a entrepris un grand distributeur, a été considéré comme la voie à suivre.
Plusieurs entreprises ont expérimenté un référentiel intitulé « Visibilité partagée des promotions ». Ce référentiel a été lancé à l’occasion du colloque. Des expériences de plans de palettisation plus efficients ont aussi été présentées. Elles ont donné lieu à un cahier des charges autour de quatre modèles de palettisation standard selon les fréquences de rotation et le nombre de références.
Rencontrer les experts et les entreprises
Le projet Perspectiv’Supply a été accompagné par les experts en ergonomie et santé au travail du cabinet Vicariance, et par le réseau d’experts Supply Chain Masters (SCM). Il doit être présenté dans les fédérations professionnelles et réseaux d’experts. Un rendez-vous est fixé au 1er février 2018 à Lyon, en vue de poursuivre les expérimentations et d’ouvrir de nouvelles perspectives. Le projet fait partie des huit finalistes des Roi de la supply chain 2018, le 17 janvier à Paris. Interviendront les représentants du Pil’es, de la Carsat Rhône-Alpes et de Supply Chain Masters.