Crise du bio : « Nous sommes beaucoup trop dépendant de la consommation à domicile »
Le manque d’impulsion du marché ne permet pas aux agriculteurs de se tourner vers le bio. La distribution généraliste reste le principal débouché mais les ventes s’érodent. L'Agence Bio veut développer et diversifier les débouchés. Elle se tourne vers la RHD.
Le manque d’impulsion du marché ne permet pas aux agriculteurs de se tourner vers le bio. La distribution généraliste reste le principal débouché mais les ventes s’érodent. L'Agence Bio veut développer et diversifier les débouchés. Elle se tourne vers la RHD.
« La consommation est plutôt atone cette année [...] C’est embêtant qu’il n’y ait pas eu un marché en croissance cette année alors que les agriculteurs veulent passer en bio », regrette Laure Verdeau, directrice de l’Agence Bio à l’occasion d’une conférence de presse à Reims jeudi 13 juin. L’inflation est plus faible en bio qu’en conventionnel, + 7,7 % contre 11,8 % en 2023 comparé à 2022 mais les achats des ménages ont reculé.
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Nouveau recul des achats des ménages en bio
« En 2023, les dépenses alimentaires des Français ont reculé de 4,7 % à 180 milliards d’euros », ajoute Jean Verdier, président de l’Agence Bio. C'est plus qu’en 2022, -3,6%. Par ailleurs, en bio, « la part des dépenses des ménages se réduit, et passe de 6 à 5,6 % » indique Jean Verdier. « On mange moins de bio dans notre quotidien que les habitants des États-Unis », d’après Laure Verdeau.
« La part des dépenses des ménages se réduit, et passe de 6 à 5,6 % »
Peu d’évolution de marché sur un an
« L’évolution du marché bio est de 0 % avec seulement cinq millions d’euros de chiffre d’affaires supplémentaires, inflation comprise sur un total de marché de 12 081 millions d’euros », explique la directrice de l’Agence Bio. « Cette quasi-stabilité est la résultante de plusieurs facteurs que sont la hausse des prix des produits alimentaires bio de 7,7 % et la baisse des volumes d’environ -7% ».
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La grande distribution en perte de vitesse sur le bio
En bio, la distribution généraliste est le principal débouché. « La consommation à domicile reste très largement majoritaire, puisque 91 % des agriculteurs bio y trouvent leurs débouchés, versus 9 % pour la consommation hors-domicile, que ce soit à la cantine ou au restaurant », indique Jean Verdier.
« La consommation à domicile reste très largement majoritaire, puisque 91 % des agriculteurs bio y trouvent leurs débouchés »
Baisse du chiffre d’affaires bio uniquement en grande distribution
La grande distribution « pèse lourd en distribuant 50 % des produits bio », soutient le président. Cependant, c’est uniquement dans ce débouché que le chiffre d'affaires baisse en 2023, -3,8 % sur un an. Il est vrai que le repli est contenu si on compare l’année 2021 à l’année 2022 (-8%). Toutefois, ce débouché est en perte de vitesse. « Nous allons vers une stabilisation du marché et nous espérons que la grande distribution entendra l’appel en référençant de nouveau les assortiments en bio qui sont un facteur de croissance du marché », lance le président de l’Agence Bio.
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La vente directe en bio tire son épingle du jeu
« En 2023, les débouchés se diversifient de plus en plus », soutient Jean Verdier. La vente directe enregistre la hausse la plus notable, +8,7 % sur un an.
« En 2023, les débouchés se diversifient de plus en plus »
« 14 % des achats proviennent de la vente directe avec 27 000 fermes bio qui la pratiquent soit 43 % des fermes qui génèrent 140 millions d‘euros en plus », illustre le président de l’Agence Bio. « La vente en direct constitue un maillage du territoire beaucoup plus dense que la grande distribution. La grande distribution c’est 18 000 points de vente sur tout l’Hexagone », note la directrice.
Petite hausse du chiffre d'affaires en magasins bio spécialisés
On note aussi une hausse du chiffre d’affaires en magasins bio spécialisés, + 2,2 % comparé à 2022. « En volume, ces magasins ont enregistré un peu recul en 2023 », constate Jean Verdier. Ces magasins représentent 28 % des débouchés.
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Seulement 1 % de bio dans les restaurants
« Jusqu’ici on était très focalisé dans la consommation à domicile qui représente 91 % du marché bio. C’est beaucoup trop. Nous sommes beaucoup trop dépendants de la consommation à domicile, en particulier de la grande distribution, d’où la souffrance quand les déréférencements ont eu lieu », regrette Laure Verdeau. « La RHD constitue un débouché qui doit se développer. Il est important de vendre plus que ce soit dans les cantines, dans les restaurants. Ce dernier ne représente qu’1 % du débouché en bio. Dans les cantines, la part du bio a reculé », se désole Laure Verdeau.
« La RHD constitue un débouché qui doit se développer »
« Nous sommes à pied d’œuvre pour développer le bio dans les 180 000 restaurants de France. Nous avons obtenu des fonds européens », annonce-t-elle. « Nous ne pensons pas uniquement aux restaurants étoilés, mais aussi aux kebabs, pizzerias, traiteurs, glaciers », précise la directrice. « On observe un accroissement de la part de bio en restauration collective et commerciale. Le vin y est pour quelque chose », ajoute Jean Verdier.