Stratégie
C'est le moment d'innover pour relancer ses activités
Quelle place peut prendre l’innovation pour relancer l’activité dans l’agroalimentaire ? Consultants et industriels ont échangé sur le sujet le 29 juin lors d’un webinaire organisé par l’Ania et MCG Managers. Des occasions sont à saisir.
Quelle place peut prendre l’innovation pour relancer l’activité dans l’agroalimentaire ? Consultants et industriels ont échangé sur le sujet le 29 juin lors d’un webinaire organisé par l’Ania et MCG Managers. Des occasions sont à saisir.
« Une crise quelle qu’elle soit accélère les transformations. Les entreprises doivent l’intégrer à leur stratégie pour réinventer les modèles », conseille Pierre-Yves Freminet, directeur industrie, services et distribution de MCG Managers, le 29 juin lors d’un webinaire organisé avec l’Ania sur le thème « agroalimentaire : quelle place peut prendre l’innovation pour relancer vos activités ? ». Alors qu’elles se sont adaptées pendant le confinement aux évolutions fortes des achats des ménages français, les industries agroalimentaires doivent aujourd’hui s’interroger sur l’innovation pour relancer leur activité.
Réfléchir à des offres « juste prix »
Selon le consultant, c’est le moment de « revoir la façon de produire et de distribuer les produits » ou encore de « réfléchir à des offres “juste prix” », un phénomène qui pourrait « être amplifié par une crise sociale à venir ». Pour autant, comme le rappelle Françoise Gorga, directrice recherche et innovation de l’Ania, près de deux tiers des entreprises du secteur ont annulé ou reporté des projets d’investissement (selon le 3e baromètre de l’association publié en mai 2020). « Il faut faire avec les moyens humains et financiers existants. Les start-up, elles, n’ont pas de budget, ça ne les empêche pas de disrupter des industries », argumente Pierre-Yves Freminet.
Télétravail de masse et accélération numérique
Si la crise peut inciter au repli sur soi, des occasions sont à saisir avec plusieurs tendances majeures observées pendant la crise sanitaire. Le consultant Philippe Goetzmann cite le télétravail de masse (avec un déplacement de la consommation vers les zones d’habitation) et l’accélération du numérique (qui doit permettre un déploiement du marketing digital, à moindre coût). Il met en revanche en garde face à la crise de la demande à venir – avec « une pression sur l’alimentation qui va être extrêmement violente ».
Concernant la tendance du fait à domicile, le consultant rappelle l’épisode de l’envolée des ventes de machines à pain au moment de la crise des subprimes, « la plupart s’étant ensuite rapidement retrouvées à vendre sur Le Bon Coin ! ». Avec la reprise de la restauration commerciale et collective, « les Français vont à nouveau moins cuisiner, estime-t-il, mais le fait chez soi ludique, en famille, devrait persister ».
Bio, local et transparence
« Encore plus qu’hier, les consommateurs cherchent du bio, du local, de la naturalité, de la transparence, ils veulent être rassurés », témoigne, pour sa part, Laurence Rousset, directrice innovation, développement et consumer insights de Bonduelle Fresh Europe. « Chez Bonduelle, on travaille là-dessus, mais on doit accélérer », poursuit-elle. Fin juin, l’industriel a réalisé un test consommateurs durant lequel le panel a déclaré attendre sur les packagings « en premier, l’absence d’additif, et, en second, le Nutri-Score ». « C’est nouveau ! », relève-t-elle, estimant que la période peut ainsi offrir aussi des opportunités pour aborder des sujets plus sensibles, comme le plastique. « Avant le Covid-19, le consommateur rejetait le plastique en bloc, aujourd’hui, il est plus anxieux à propos de ce qu’il consomme et se redirige vers le plastique. C’est le moment de dire ce que l’on fait sur ce sujet », explique-t-elle.
Les équipes sont devenues plus agiles
Les industries de l’agroalimentaire sont bien souvent des entreprises « mâtures », mais beaucoup ont montré « une forte capacité d’adaptation et de réactivité pendant la crise », fait remarquer Françoise Gorga, directrice recherche et innovation de l’Ania. Elle cite notamment l’exemple de Sodebo qui s’est mis à la livraison à domicile à Nantes. « Cette crise a fait tomber toutes les barrières. Ce sont des idées qui sont souvent proposées par des start-up. Cela laisse présager d’une ouverture des entreprises à de nouveaux modes de fonctionnement », analyse-t-elle.
Un sentiment partagé par Laurence Rousset. « Pendant la crise, les processus s’étant allégés, les équipes sont devenues plus agiles, on a envie de conserver cette agilité et collaborer avec des start-up peut nous aider à travailler différemment. Nous travaillons avec des start-up qui ont pas mal souffert, on veut proposer des offres en commun pour se “corelancer” dans le food service », précise-t-elle.
« Corelance » avec les start-up
« À plusieurs, on va plus vite, les start-up peuvent être un accélérateur pour de grands groupes. C’est le moment de profiter du lâcher-prise des grandes organisations. Au sein d’un écosystème, des mouvements de collaboration entre concurrents peuvent aussi se développer », appuie Jérôme Zlatoff, référent foodtech pour Lyon - Auvergne Rhône-Alpes.