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Bovins : la stratégie conquérante du Brésil à l’export porte ses fruits

Les exportations brésiliennes de viande bovine devraient battre de nouveaux records en 2024 et en 2025 estiment les analystes de l’USDA. Pourtant, le pays devrait commencer à recapitaliser. Dans le même temps, les exportations d’animaux vifs devraient se tasser, reflet du quota turc, mais le Brésil négocie avec Ankara pour pouvoir y envoyer de la viande bovine. 

A cargo ship loaded with refrigerated containers labeled 'Brazilian beef' sails across the ocean, with the Brazilian flag on the ship.
Les exportations de viande bovine du Brésil vont atteindre des niveaux jamais vus en 2024
© Généré par l'IA

Avec 192,6 millions d’animaux en 2024, le Brésil possède le troisième cheptel bovin du monde. C’est pourtant 2 millions de têtes de moins qu’en 2023 et le pays devrait perdre encore 6 millions de têtes en 2025. Mais l’USDA anticipe un changement de cycle avec un début de recapitalisation sur 2025. Les éleveurs devraient commencer à retenir davantage leurs animaux, entraînant un raffermissant des prix. 

Lire aussi : Accord UE-Mercosur : et si c’était pour novembre ?

Hausse des abattages de bovins au Brésil

Ainsi, cette année, les abattages de bovins au Brésil devraient encore progresser de 8 % à 48 millions de têtes avant de reculer de 1 % à 47,5 millions de bovins en 2025. Sur les sept premiers mois de l’année, les abattages ont ainsi bondi de 32 % selon les statistiques nationales rapportées par l’USDA. La part des vaches dans les abattages ne cesse de progresser, reflet de l’actuel cycle de décapitalisation, passant de 26,7 % du total en 2021 à 39,6 % cette année. Mais cette part devrait décroître dès l’an prochain. Ce sont ces abattages de vaches qui sont pour l’heure le moteur de la hausse des abattages. Pour l’heure cette abondance d’animaux fait pression sur les prix, mais avec des perspectives de rétention des vaches et des naissances moindres dès cette année, les prix devraient rebondir l’an prochain. 

La production brésilienne de viande bondit en 2024

Avec 11,85 millions de tonnes de viande bovine (+8 %) produites cette année, le Brésil talonne le premier producteur mondial, les États-Unis. En revanche, la production pourrait se tasser de 1 % en 2025. 

Progression des exportations de viande

Si la consommation de viande bovine a légèrement rebondi cette année, la situation économique complexe et les choix industriels devraient contribuer à une baisse l’an prochain au profit de l’export.

Un quart de la viande bovine échangée sur le marché mondial est brésilienne. 

 Pour la huitième année consécutive, le Brésil reste le premier exportateur mondial de viande bovine, avec le record attendu de 3,57 millions de tonnes en 2024 qui devrait être battu en 2025 avec des estimations à 3,60 millions de tonnes. Dorénavant, 30 % de la production de viande y est destinée à l’export.  

Sur le marché mondial, le bœuf brésilien trouve d’autant plus facilement sa place que ses principaux concurrents, les États-Unis, l’Union européenne et l’Argentine sont actuellement en retrait et que la dévaluation du réal accentue sa compétitivité. Un quart de la viande bovine échangée sur le marché mondial est brésilienne. 

Lire aussi : Aux États-Unis, la filière bovine essorée par la décapitalisation

La Chine, premier marché du Brésil

47 % des exportations de viande bovine du Brésil étaient destinées à la Chine sur les 7 premiers mois de l’année. Les industriels sont optimistes au sujet de la demande chinoise, qui va d’ailleurs rapidement progresser en vue des célébrations du Nouvel An au 29 janvier

47 % des exportations de viande bovine du Brésil destinées à la Chine

A noter, la demande chinoise prend de plus en plus en compte des critères de durabilité mais qui semblent en lien avec les pratiques brésiliennes. A l’inverse, les industriels brésiliens de la viande interrogés par l’USDA rapportent leurs craintes quant à la réglementation européenne contre la déforestation importée. Si les plus grands opérateurs développent les outils de traçabilité pour s’y conformer, plusieurs abattoirs ont ainsi atteint 100 % de traçabilité, les opérateurs plus moyens ou petits peinent encore à s’y adapter. 

Lire aussi : Viande bovine : le marché mondial contrasté entre Nord et Sud

Diversifier les exportations

Pour limiter sa dépendance au marché chinois, le Brésil continue de travailler à la diversification de ses débouchés. L’USDA rapporte ainsi que sur les 8 premiers mois de l’année, le pays 26 nouveaux marchés pour les produits issus de bovins, notamment l’Égypte pour la viande avec os. Des efforts qui sont concluants comme le prouvent les 31 000 tonnes envoyées au Mexique sur les sept premiers mois de l’année, un marché ouvert seulement ne mars 2023. Singapour, qui n’a accepté la viande brésilienne qu’en 2023, est devenu cette année le cinquième client du géant sud-américain. Le Brésil espère aussi ouvrir un accès à sa viande en Turquie

La Turquie et l'Irak ont tiré les exportations de bovins vifs du Brésil

En retrait sur 2021 et 2022, les exportations brésiliennes de bovins vifs ont presque triplé en 2023 à 582 000 têtes, sous l’effet des achats turcs. Le Brésil profite de la demande du Moyen-Orient. Ainsi sur les sept premiers mois de 2024 ce sont 143 800 broutards brésiliens qui ont navigué vers l’Irak et plus de 150 000 vers la Turquie, un chiffre en retrait à cause du quota mis en place par le pays. 

Lire aussi : Turquie : Quelle stratégie face à la crise de la filière bovine

Néanmoins des négociations bilatérales ont permis un accord entre les deux pays et sur le quota ouvert de 600 000 animaux par an, la moitié pourrait être fournie par le Brésil, soit un recul de près de 19 % par rapport à l’an dernier. Sur 2024, l’USDA estime le total des exportations de bovins vifs brésiliens en léger repli, à 525 000 têtes et sur 2025 elle les attend à 515 000 têtes. 

L’élevage bovin brésilien s’intensifie

L’élevage bovin brésilien reste pour le moment principalement basé sur des pâtures. Mais pour accélérer le cycle de production, de plus en plus d’opérateurs se tournent vers un système en feed-lots ou semi feed-lots. Les pâtures sont alors converties en cultures céréalières pour l’alimentation animale, avec la possibilité d’y faire deux à trois récoltes par an. Ainsi 7,38 animaux devraient être conduits en feed-lots cette année, soit 2,5 % de plus que l’an dernier, dans un contexte de baisse des prix du maigre et des céréales. Si le Brésil est autonome en maïs et soja pour les rations, vu qu’il en est un des principaux producteurs mondiaux, il dépend des importations pour les vitamines, enzymes et acides et aminés, et subit la baisse du réal face au dollar. A noter aussi, une météo peu favorable à l’élevage bovin, avec tout d’abord les inondations dans l’état du Rio Grande do Sul en mai dernier qui ont pénalisé la production de soja, puis des incendies et une chaleur extrême au mois d’août, dans la région centrale du pays, notamment à Brasilia, et dans le sud-est, dans les États de Sao Paulo et du Minas Gerais.

 

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