Légumes transformés

Bonduelle maintient ses investissements dans l’adversité

Les résultats financiers du premier semestre 2018-2019 (clos le 31 décembre 2018) de Bonduelle sont affectés par différents incidents : des conditions culturales défavorables ; la crise sanitaire de la salade romaine en Amérique du Nord ; la décision d’un important distributeur canadien de diversifier ses fournisseurs et les mouvements sociaux en France. S’y ajoutent les parités défavorables des dollars américain et canadien et du rouble russe. Le résultat opérationnel courant du semestre se retrouve en recul de 7,7 % par rapport au premier semestre 2017-2018.

Des décisions de gestion y ont contribué : la rationalisation des activités d’élaboration de légumes frais en Amérique du Nord et l’arrêt de produits peu rentables dans cette zone géographique (des fruits découpés et des salades en sachet). Ces facteurs ayant réduit le chiffre d’affaires et le résultat du groupe français sont en partie contrebalancés par des performances : celles des ventes dans l’Union européenne et en Russie en particulier.

La marque Del Monte en compensation

En Europe, les trois technologies du groupe – conservation, surgélation et préparation de légumes frais – contribuent à l’augmentation de l’activité de la zone. Les ventes de légumes bios en bocal de verre et de salades de quatrième gamme se sont distinguées. La marque Bonduelle en quatrième gamme a atteint 45 % de parts de marché en France. En Russie, les ventes de légumes en conserve et de surgelés à la marque Bonduelle affichent une croissance solide, portée par des innovations : le maïs doux sucré ; les olives et mélanges de légumes en conserve désormais produits dans les deux usines russes.

Parmi les facteurs positifs, il faut ajouter qu’au Canada le groupe a conquis de nouveaux clients (en dépit de la diversification du distributeur Loblaw) et a réussi le lancement en fin de semestre, d’une gamme de bols de salade sous la marque Bonduelle. Le résultat semestriel du groupe est aussi partiellement soutenu par le début de l’exploitation de la marque canadienne de fruits et légumes transformés, Del Monte.

Poursuite de l’automatisation des sites

Les perspectives de gains pour l’exercice complet tiennent compte des difficultés de négociation en France (22 % du chiffre d’affaires) et du contexte inflationniste des coûts. Bonduelle vise le bas de la fourchette initialement prévue de rentabilité opérationnelle courante, allant de 128 à 133 millions d’euros (à change constant).

En dépit de résultats inférieurs aux attentes, Bonduelle a continué d’investir. Ainsi, le groupe a terminé l’automatisation de l’usine de salades en bol de Swedesboro (New Jersey) et poursuit l’automatisation des trois autres sites de Bonduelle Fresh Americas (ancienne société Ready Pac Foods, acquise en 2017). Un programme de plus de 40 millions d’euros en deux ans que Grégory Sanson, directeur général adjoint finances et développement du groupe, juge « indispensable pour améliorer la productivité ». « Dans le contexte inflationniste des coûts de main-d’œuvre, les coûts croissants des transports et des matières premières » et alors que les négociations commerciales sont dures aussi en Amérique du Nord, a-t-il exposé. « Notre programme de compétitivité fera que nous nous maintiendrons en place », a considéré Grégory Sanson à la présentation des résultats le 1^er mars à Paris.

La recherche d’efficacité s’applique aussi aux outils du frais en Europe. Ainsi, la ligne de salades iceberg du site français de Genas (qui est le nouveau siège rhônalpin du centre de profits Fresh Europe) a-t-elle été automatisée. La même haute cadence va gagner les usines d’Italie et d’Allemagne afin de déployer la RHD en Europe.

Marché demandeur dans le surgelé outre-Atlantique

Enfin, Bonduelle a acquis en février 2019 une usine de conditionnement de surgelés dans l’est des États-Unis, Lebanon (Pennsylvanie). Ce nouvel outil construit en 2008 offre au groupe les capacités de stockage et de conditionnement qui lui manquaient pour développer ses ventes sur le continent.

Normes environnementales

Aux côtés de la performance, Bonduelle investit dans « l’innovation continue ». Il investit dans des innovations de rupture d’abord, comme les pépites aux légumes B’Creative, produit d’épicerie destiné aux chefs qui a été remarqué au Salon de la restauration et de l’hôtellerie (Sirha). Il a aussi déployé des gammes spécifiques à la grande distribution d’autres pays : des légumineuses en portion repas conditionnées en sachet souple aux Pays-Bas, des légumineuses bios en Suède, des repas complets surgelés en France et une gamme de légumes surgelés en Italie. Outre-Atlantique, le centre de profits Americas Long Life a lancé une gamme de légumineuses en conserve au Québec en octobre 2018.

Parmi les investissements non productifs à court terme, le groupe, défenseur du « bien-vivre par l’alimentation végétale » fait construire selon des normes environnementales. Ainsi, l’usine de Santarém au Portugal a été recouverte de panneaux photovoltaïques sur 5 000 m². Par ailleurs, le nouveau siège du centre de profits Fresh Europe à Genas – un bâtiment de 2 600 m² qui abrite aussi les équipes de Bonduelle Fresh France – est construit aux normes HQE (haute qualité environnementale).