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Distribution spécialisée
Biocoop s’ouvre à de nouveaux modes de consommation

Après une croissance ralentie en 2017, le réseau de magasins spécialisés biologiques, Biocoop mise sur l’innovation et compte s’ouvrir notamment au e-commerce. Explication des dirigeants.

Orion Porta, directeur général de Biocoop.
© DR

En 2017, Biocoop a réalisé une croissance de 15 % pour atteindre un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros. Une croissance ralentie par rapport à celle de 25 % réalisée en 2016, qui peut être attribuée, entre autres, à la forte offensive de la grande distribution généraliste sur le marché des produits biologiques. « Cela reste une croissance forte. Nous ne sommes pas inquiets par l’augmentation de la concurrence. Ce niveau de croissance nous va très bien », a estimé Orion Porta, directeur général du réseau, à l’occasion de la conférence de presse annuelle de Biocoop, le 29 mars dernier. « Mais il est vrai qu’en 2017, pour la première fois, le développement de la grande distribution a été supérieur aux réseaux de magasins spécialisés. Les enseignes ont multiplié par deux ou par trois leur assortiment de gammes biologiques », ajoute Orion Porta.

Nous ne sommes pas inquiets par l’augmentation de la concurrence

La croissance du réseau reste majoritairement réalisée grâce aux ouvertures de magasins, qui ont été au nombre de soixante-trois l’année dernière. À périmètre comparable, Biocoop a enregistré une hausse de 3,5 % de son chiffre d’affaires. Aujourd’hui, le parc du réseau atteint 506 points de vente répartis de manière homogène sur l’ensemble du territoire. Cette année, le rythme d’ouverture devrait rester au même niveau, à savoir une soixantaine de points de vente supplémentaires. « Nous avons déjà accéléré sur Paris et nous voudrions accélérer encore davantage. Nous avons désormais un bon maillage territorial. Nous avons rattrapé notre retard dans le Sud-Ouest », précise Orion Porta.

Création d’une cellule dédiée à l’innovation

Face à un contexte de consommation différent, Biocoop tente de s’ouvrir à de nouveaux modes de distribution. En septembre 2017, Biocoop a créé une cellule dédiée à l’innovation, pensée comme un « laboratoire à idées » dont le rôle premier est de servir son projet stratégique « Engagé dans un monde en transition ». « Dans un réseau de magasins indépendants tels que Biocoop, l’un de nos enjeux majeurs est de fédérer et mobiliser les sociétaires derrière notre culture de l’innovation. Nous comptons fortement sur notre réseau pour proposer et tester; il est notre force. Rien ne se fera sans lui ! » explique Thomas Dromer, responsable de la cellule innovation.

Nous réfléchissons à sortir de nos points de vente

Ce laboratoire a été mis en place pour faire émerger de nouveaux concepts et capter des idées en interne. « Il faut arriver à faire remonter les idées du terrain et les déployer le cas échéant », précise Thomas Dromer. L’une des premières pistes de ce nouveau laboratoire d’innovation est de sortir Biocoop de son concept de magasin seul. « Nous réfléchissons à sortir de nos points de vente », indique le responsable.

Magasins satellites, corners, e-commerce

La mise en place de magasins satellites pourrait être effective rapidement. « Nous voudrions vendre des produits Biocoop dans des bourgs désertés. Il s’agira de points de vente avec aucun potentiel commercial. L’idée est de recréer du lien dans ces bourgs », précise Thomas Dromer. Autre piste : des corners. Biocoop voudrait proposer certains de ses produits à des producteurs qui réalisent de la vente directe. « Ils pourraient par exemple proposer des produits d’épicerie, cela leur permettrait d’avoir une offre plus complète », détaille le responsable innovation.

Enfin, la réflexion sur le e-commerce est ouverte. « Nous sommes au début de notre réflexion. Jusqu’à présent, nous avions mis cette problématique de côté, mais nous avons sûrement des choses à faire valoir. En tout cas, nous le ferons en accord avec nos sociétaires. Et nous n’irons pas seuls et probablement par étapes. On ne voit pas le e-commerce comme un service aux consommateurs, mais comme un canal de distribution », raconte Orion Porta. Dès juin prochain, des magasins volontaires pourront tester le système de « click and collect ». « Nous le ferons avec un partenaire et nous serons très regardants sur ce choix, notamment au niveau social », ajoute Claude Gruffat, président de Biocoop.

À travers son programme Axebio, lancé l’année dernière, le réseau tente aussi de nouvelles expériences vers l’artisanat. Sa première boulangerie-pâtisserie, Le Millegrain, a vu le jour en début d’année 2018 à Boé, à côté d’Agen.

6 millions d'euros investis par Défi bio

Aujourd’hui, le réseau peut s’appuyer sur vingt groupements de producteurs qui constituent sa section agricole. Deux nouveaux ont rejoint le réseau en 2017, à savoir la coopérative Uni-vert et Lait bio du Maine, et un en mars 2018, grâce au fonds Défi bio mis en place par Biocoop en 2009. « Ce sont 6 millions d’euros qui ont été investis par Défi bio depuis sa création. Et trois nouveaux projets ont été validés au cours du 1er trimestre 2018 dans le porc dans le Sud-Ouest, pour une biscuiterie et un silo à grain », détaille Orion Porta.

L’année dernière, à la même époque, Biocoop annonçait sa volonté de créer un fonds d’investissement de près de 100 millions d’euros, regroupant des acteurs de l'agriculture biologique et des banques. À ce jour, le projet est toujours en cours de négociation. Le réseau espère encore pouvoir le mettre en place d’ici à la fin de l’année 2018.

Le réseau optimise et augmente ses capacités logistiques

Comme annoncé en 2017, Biocoop investit 80 millions d’euros dans ses capacités logistiques pour se doter de quatre plateformes d’une surface globale de 100 000 m2. Aujourd’hui, 70 % des produits sont livrés à partir de ces plateformes. Dans le Grand Ouest, l’actuelle plateforme de Melesse et son annexe déménageront au second semestre 2019 vers Tinténiac, en passant de 15 000 m2 à 29 300 m2. Dans le Centre Nord-Est, le réseau construit une plateforme de 28 500 m2 sur la commune d’Ollainville pour un déménagement du site actuel de La Croix-Blanche fin novembre 2018. Dans le Sud-Ouest, le déménagement de Port-Sainte-Marie et son annexe vers Damazan est prévu pour juin 2018. Enfin, dans le Sud-Est, les 28 300 m2 du futur site de Noves, dont les travaux ont débuté au second semestre 2017, seront opérationnels en septembre 2018.

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