Bannir le bœuf du Mercosur des rayons, que vaut la promesse de Carrefour et Intermarché ?
En pleine crise agricole, le patron de Carrefour annonce qu’il ne vendra pas la viande bovine brésilienne. Un engagement peu contraignant. Intermarché va plus loin.
En pleine crise agricole, le patron de Carrefour annonce qu’il ne vendra pas la viande bovine brésilienne. Un engagement peu contraignant. Intermarché va plus loin.
En plein mouvement de colère agricole, Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, rassure, dans une lettre ouverte, Arnaud Rousseau : son enseigne ne commercialisera pas de viande importée du Mercosur. Or la GMS française propose déjà très peu de viande importée de nos voisins européens : seulement 7 % de la viande commercialisée sous forme de piécé issu l’importation, selon l’étude Idele pour Interbev publiée en début d’année.
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Attention aux plats préparés contenant de la viande importée
De son côté, Thierry Cotillard, Président du Groupement Les Mousquetaires, précise « Nous appliquerons aussi ce principe dans les produits transformés de nos marques propres » et appelle « les industriels à faire preuve du même niveau d'engagement et de transparence quant à l'origine de la matière première utilisée ».
« Nous appliquerons aussi ce principe dans les produits transformés de nos marques propres »
La GMS commercialise davantage de volumes de viande sous forme de produits transformés qu’en piécé. Et 14 % de cette viande dans les produits transformé est issue de l’importation. Cet engagement est donc un peu plus significatif.
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C’est la restauration hors foyer qui est ciblée
La grande inquiétude des éleveurs bovins et des industriels français de la viande, c’est de voir un déversement d’aloyaux brésiliens sur le territoire. Ces pièces nobles qui déséquilibrerait le marché, sont plutôt destinées à la restauration hors foyer. En restauration commerciale, 49 % de la viande bovine commercialisée est sous forme de piécé importé. C’est donc un débouché très perméable aux importations, avec un affichage réglementaire de l’origine pas toujours consulté ou correctement fourni au consommateur. Si la restauration collective n’utilise pas beaucoup ce type de pièces nobles, les opérateurs font part de craintes pour les approvisionnements en langue de bœuf.
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Un effet domino sur le marché européen ?
Il ne faut pas oublier que le marché de la viande bovine française dépend beaucoup du marché européen. Ainsi si l’Italie, notre premier client, qui commercialise déjà du bœuf sud-américain en grande surface, développe ses achats, les éleveurs français pourront en pâtir. De même, si la Pologne perd des débouchés au profit du Brésil dans la viande utilisée dans les plats préparés, les viandes polonaises pourront faire davantage pression sur le marché français.