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Bannir le bœuf du Mercosur des rayons, que vaut la promesse de Carrefour et Intermarché ?

En pleine crise agricole, le patron de Carrefour annonce qu’il ne vendra pas la viande bovine brésilienne. Un engagement peu contraignant. Intermarché va plus loin.

viande du Mercosur en rayon
Pas de viande du Mercosur en rayon, c'est la promesse de Carrefour et Intermarché
© Nicole Ouvrard

Mis à jour le 25/11 avec menace de boycott de Carrefour au Brésil

En plein mouvement de colère agricole, Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, rassure, dans une lettre ouverte, Arnaud Rousseau : son enseigne ne commercialisera pas de viande importée du Mercosur. Or la GMS française propose déjà très peu de viande importée de nos voisins européens : seulement 7 % de la viande commercialisée sous forme de piécé issu l’importation, selon l’étude Idele pour Interbev publiée en début d’année. 

Lire aussi : L’Europe importe-t-elle du bœuf aux hormones brésilien ?

Lettre de Bompard à Rousseau

Pour autant, l'annonce n'est pas sans effet pour Carrefour, dont les magasins brésiliens font face à une menace de boycott. Cet engagement a provoqué l'indignation au Brésil, où le gouverneur de l'Etat du Mato Grosso - une région agricole - a lancé un appel au boycott des magasins Carrefour sur le territoire brésilien. «Je peux aussi vous traiter de la même manière dont vous me traitez. Donc, si le Brésil ne peut pas vous vendre de la viande, alors vous non plus vous ne vendrez pas de produits français», a déclaré le gouverneur, Mauro Mendes, dans une vidéo publiée vendredi sur les réseaux sociaux, rapporte Agra. Nos confrères précisent que des médias brésiliens ont rapporté que des camions de livraison de viande refusaient d'approvisionner environ 150 supermarchés Carrefour au Brésil. La direction de Carrefour Brésil a nié dans un communiqué que les rayons de viande de certains de ses magasins soient vides en raison du boycott.

Lire le plus récent : Viande bovine : Carrefour rétropédale et salue, au Brésil, la "haute qualité" et "le respect des normes" 

Attention aux plats préparés contenant de la viande importée

Post de Cotillard

De son côté, Thierry Cotillard, Président du Groupement Les Mousquetaires, précise « Nous appliquerons aussi ce principe dans les produits transformés de nos marques propres » et appelle « les industriels à faire preuve du même niveau d'engagement et de transparence quant à l'origine de la matière première utilisée ». 

 « Nous appliquerons aussi ce principe dans les produits transformés de nos marques propres »

La GMS commercialise davantage de volumes de viande sous forme de produits transformés qu’en piécé. Et 14 % de cette viande dans les produits transformé est issue de l’importation. Cet engagement est donc un peu plus significatif. 

Lire aussi : D’où vient la viande bovine importée en France en 2024 ?

C’est la restauration hors foyer qui est ciblée

La grande inquiétude des éleveurs bovins et des industriels français de la viande, c’est de voir un déversement d’aloyaux brésiliens sur le territoire. Ces pièces nobles qui déséquilibrerait le marché, sont plutôt destinées à la restauration hors foyer. En restauration commerciale, 49 % de la viande bovine commercialisée est sous forme de piécé importé. C’est donc un débouché très perméable aux importations, avec un affichage réglementaire de l’origine pas toujours consulté ou correctement fourni au consommateur. Si la restauration collective n’utilise pas beaucoup ce type de pièces nobles, les opérateurs font part de craintes pour les approvisionnements en langue de bœuf

Lire aussi : Origine des viandes : les filières dénoncent des trous dans la raquette réglementaire

Un effet domino sur le marché européen ?

Il ne faut pas oublier que le marché de la viande bovine française dépend beaucoup du marché européen. Ainsi si l’Italie, notre premier client, qui commercialise déjà du bœuf sud-américain en grande surface, développe ses achats, les éleveurs français pourront en pâtir. De même, si la Pologne perd des débouchés au profit du Brésil dans la viande utilisée dans les plats préparés, les viandes polonaises pourront faire davantage pression sur le marché français. 

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