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Année noire pour le marché du porc bio en 2022 ?

Après une année 2020 bien orientée, le marché du porc bio s’est complètement retourné en 2021 et poursuit ce décrochage en début d’année 2022.

Certains éleveurs de porcs bio voient leur marge se diviser par deux.
La Commission veut soutenir la mutation de la filière porc vers plus de durabilité et de bien-être animal.
© Reussir

« Je n’ai jamais connu une telle cassure de la consommation en bio alors que je travaille dans la filière depuis vingt ans », s’alarme Corentin Hamard, responsable filière bio de Cooperl. La hausse des prix à la consommation incite les ménages à arbitrer leurs dépenses alimentaires en direction de produits moins onéreux. Par ailleurs, la multiplication des labels (sans nitrites, sans antibiotiques, sans OGM) a aussi participé à grignoter des parts de marché aux produits biologiques. « A-t-on atteint un palier de la consommation ? » s’interroge-t-il. Pour l’heure, l’incertitude demeure.

Marché tourmenté en 2022

« Depuis mai 2021, le marché s’est dégradé, et cette tendance se confirme en début d’année 2022. En décembre-janvier, il y a eu une baisse d’environ 20 % de la consommation. On avait déjà senti venir une surproduction ces dernières années, beaucoup d’opérateurs historiques ont préféré ne pas prendre de nouveaux éleveurs pour stopper le développement. D’ailleurs, depuis six mois, on fait machine arrière, en arrêtant des élevages par manque de débouchés », explique Antoine Foret, président de Bio Direct.

Avec près de 20 % de la production qui ne trouve pas preneur sur le marché national, certains opérateurs français sont contraints de dégager des carcasses à des prix dégradés vers d’autres pays européens comme l’Allemagne, demandeuse en raison de la présence de la peste porcine africaine sur son territoire. Les dernières tendances semblent être de mauvais augure pour le porc bio cette année. Il faudra s’attendre à un peu plus de production et une consommation qui peinera à décoller.

« On arrête des élevages par manque de débouchés » Antoine Foret, président de Bio Direct

De quoi peser sur l’équilibre économique de la filière porc bio et creuser davantage le déséquilibre carcasse. Les ventes de longe restent toujours compliquées, alors que des tensions se font sentir sur le jambon bio, une pièce qui était pourtant plus facile à écouler auparavant. « Le jambon bio ne peut plus absorber autant de plus-values ; il faut déplacer cette valeur sur d’autres pièces, notamment la poitrine, puisque le marché du lardon se porte mieux », analyse Corentin Hamard.

La concurrence reste rude sur ce segment. Les Français étant les premiers consommateurs de jambon blanc ; l’Hexagone représente un marché cible pour la valorisation de cette pièce, ce qui attire les Danois. D’où une pression sur les prix.

Des coûts difficilement supportables

Avec une offre large et une demande en berne, les opérateurs peinent à passer des hausses. Au même moment, les coûts de production battent des records. Même si l’alimentation bio provient majoritairement de France, la hausse des prix du conventionnel, à la suite de la guerre en Ukraine, a mécaniquement entraîné le bio avec elle. « Cette conjoncture met en péril la pérennité des exploitations de porcs bio. Les éleveurs voient leur marge se diviser par deux. Si la flambée des matières premières se poursuit, on peut s’attendre à l’arrêt d’activité de nombreux élevages en 2022 », s’inquiète Antoine Foret.

Un taux d’importation de 24 % en Allemagne

À 1,5 million de têtes, l’effectif de porcs bio dans l’Union européenne en 2019 a progressé de 10,6 % sur un an, mais il ne représente que 1 % du cheptel porcin, rapporte l’Agence Bio. Le Danemark se hisse à la première place des pays producteurs, suivi de la France et de l’Allemagne. Le trio pèse pour 74 % du cheptel communautaire. La production intérieure outre-Rhin reste insuffisante, ce qui pousse le pays à importer principalement en provenance du Danemark et des Pays-Bas. D’ailleurs, c’est un des principaux produits bio les plus importés du pays. Son taux d’importation est estimé à 24 %.

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