Panorama
Agroalimentaire : les fragilités de la première industrie de France
Le panorama des industries agroalimentaires, basé sur des chiffres anciens, que vient de publier le ministère de l’Agriculture a le mérite de faire ressortir les forces mais aussi les fragilités du secteur.
Le panorama des industries agroalimentaires, basé sur des chiffres anciens, que vient de publier le ministère de l’Agriculture a le mérite de faire ressortir les forces mais aussi les fragilités du secteur.

Comptant plus de 15 000 entreprises et 460 000 emplois, le secteur alimentaire, « parfois sous-estimé », reste la première industrie de notre pays, rappelle Julien Denormandie, en introduction du panorama des industries agroalimentaires récemment publié sur le site du ministère de l’Agriculture. La crise liée à la Covid-19 l’a remis en exergue, mais le secteur doit relever de très nombreux défis, souligne avec justesse le ministre : « Assurer une juste répartition de la valeur afin de sécuriser ses approvisionnements », « relever la transition écologique et environnementale » ou « encore reconquérir des parts de marché à l’export. » Bien souvent anciens, les chiffres du panorama rappellent quelques forces et faiblesses de l’agroalimentaire français.
Reconquérir des parts à l'exportation
Avec près de 45 milliards d’euros de valeur ajoutée, en 2017, il était le premier secteur des industries manufacturières, « cependant, en 2019, la production en volume des industries agroalimentaires était en baisse (-0,6 %), prolongeant la tendance observée depuis 2011 », peut-on lire dans ce panorama. L’ensemble des filières est touché par cette baisse, à l’exception des produits laitiers, des aliments pour animaux et de la boulangerie-pâtisserie. De plus en 2019, les dépenses de consommation alimentaire des ménages reculent en volume (-1,8 %) pour la seconde année consécutive. Avec 18 % de taux de valeur ajoutée en 2017, l’agroalimentaire se situe largement en dessous de la moyenne de l’industrie manufacturière (25 %), avec de grosses disparités suivant les secteurs d’activité : les industries des huiles et graisses affichent ainsi 9 % de valeur ajoutée, la viande et la préparation de viande 16 %, les produits laitiers 17 %, quand la fabrication de boissons culmine à 29 %.
No 2 en Europe derrière l’Allemagne
Au niveau européen, l’industrie agroalimentaire française (y compris les boissons et le commerce de gros) se situe au deuxième rang en matière de chiffre d’affaires avec près de 370 milliards d’euros, derrière l’Allemagne avec 481 milliards d’euros et devant l’Italie avec 276 milliards d’euros. En 2019, le secteur constituait le troisième poste d’excédent commercial de la France avec 7,9 milliards d’euros. Toutefois, les excédents commerciaux se polarisent autour de quelques filières : les vins et spiritueux (15,7 milliards d’euros d’exportations), l’épicerie (9,3 milliards), les céréales (7,7 milliards), le lait et les produits laitiers (7,7 milliards). Si les exportations de viande et produits carnés s’affichent à 4,4 milliards d’euros, elles perdent des parts de marché mondial. Les exportations françaises de viande vers l’Union européenne, toutes espèces confondues, sont en recul.
Du côté des points forts, le panorama rappelle que les entreprises du secteur agroalimentaire sont plus nombreuses à innover que dans les autres secteurs (65 % entre 2014 et 2016, contre 62 % pour les autres industries manufacturières et 51 % pour l’ensemble des secteurs). Ce pourcentage d’entreprises innovantes recule néanmoins par rapport à 2012-2014 (69 %) et les dépenses liées à l’innovation sont plus faibles dans l’agroalimentaire que dans l’industrie manufacturière (2,2 % du CA des IAA est consacré à l’innovation contre 3,3 %).