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Europe
Lait : les Pays-Bas tentent le virage de la qualité

À la fin des quotas, les Pays-Bas ont misé sur la quantité et la spécialisation. Mais les enjeux environnementaux sonnent le glas d’une stratégie productiviste et le pays change de politique.

© Réussir

La fin des quotas était attendue avec impatience aux Pays-Bas, la filière misait sur la massification, l’augmentation des volumes par fermes, la concentration. Entre 2012 et 2017, la collecte est ainsi passée de 11,7 à 14,3 milliards de litres, soit une hausse de 23 %, selon le Milk Marketing Board. Les exportations néerlandaises ont progressé en conséquence, par exemple de 40 % pour la poudre de lait écrémé ont ainsi progressé de 40 % sur cette période. Mais la filière a été rattrapée par la pression sociétale et les enjeux environnementaux.

Les Pays-Bas disposaient en effet d’une dérogation à la directive nitrate. En échange, ils s’engageaient à limiter les rejets de phosphore, engagement non tenu notamment à cause de la hausse du cheptel laitier. La Commission a demandé au pays de rentrer dans le rang, et la croissance de la collecte laitière a connu un coup d’arrêt en 2016. Mais c’est surtout le regard de la société néerlandaise qui a évolué. Fin 2019, le gouvernement avait même évoqué l’idée de diviser par deux le nombre d’animaux d’élevage dans le pays, engendrant la colère des éleveurs. Le nombre de vaches laitières est passé de 1,794 million en 2016 à 1,59 million en 2019, soit un repli de 11,4 %, selon les données d’Eurostat.

Moins d’export, plus de premium

Alors que les citoyens veulent que la biodiversité soit davantage protégée et le bien-être animal mieux pris en compte, le pâturage revient sur le devant de la scène. Friesland Campina, la coopérative reine (avec environ 70 % de la collecte laitière néerlandaise), s’est engagée dans la démarche “On the way to Planet Proof”, qui vise à diminuer les émissions de CO2, garantir une durée minimale de pâturage, utiliser les énergies renouvelables. L’optique étant de baisser les volumes, mais pas la valeur créée. La coopérative cherche à réduire ses activités à faible valeur ajoutée, en fermant certaines usines (deux de poudre de lait, une de yaourt MDD par exemple).

Néanmoins, ce changement n’est pas sans conséquences pour les éleveurs, fortement endettés avec des investissements conséquents sur le foncier (70 000 €/ha) et parfois sur les droits d’émissions de phosphore (10 000 €/vache selon Réussir Lait). Concilier compétitivité et enjeux environnementaux sera d’autant plus crucial que les Pays-Bas se sont engagés à réduire de 36 % leurs émissions de CO2 d’ici 2030.

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