Egalim : les protéines végétales bio de Markal intéressent les cantines
Dans la tourmente de l’inflation généralisée et des méventes de produits biologiques, le spécialiste de l’épicerie bio fait figure d’entreprise résiliente.
Dans la tourmente de l’inflation généralisée et des méventes de produits biologiques, le spécialiste de l’épicerie bio fait figure d’entreprise résiliente.
« En seulement 36 mois, mille jours, le monde a traversé la Covid, la guerre en Ukraine et des catastrophes climatiques. Je ne peux rien dire des mille prochains jours », philosophe Lionel Wolberg, président-directeur général de Markal. En bon entrepreneur, il « considère les cycles longs » et qu’il « doit savoir contourner les obstacles ». Au pied du petit immeuble de bureaux s’étendent les équipements de collecte, de stockage, de mélange, de précuisson et de conditionnement de céréales, graines, farines, etc. On y compte plus de 5 000 emplacements d’entreposage.
La petite industrie construite en trois générations de la famille Markarian dans la Drôme commercialise 800 produits d’épicerie différents, jusqu’aux conserves et boissons végétales. Certains produits sur place, d’autre par des partenaires façonniers. Lionel Wolberg, qui a succédé aux Markarian voilà un an – leur intention de céder était sans doute antérieure à la Covid, selon lui –, table sur cette variété. Dans un joli jeu de mots, il dit « bio-diversité » pour désigner la largeur d’assortiments dans laquelle les consommateurs vont trouver, quels que soient leurs moyens, de quoi manger plus végétal, de façon diversifiée, saine et équilibrée.
La rentrée scolaire de 2022 est plutôt prometteuse, selon le dirigeant, qui voit se confirmer les atouts de l’offre végétale de Markal en restauration collective : « Une offre complète de produits bruts ou faiblement transformés, faciles à préparer, en formats adaptés et sur mesure, de la tonne, en vrac de 3 à 25 kg, jusqu’au format 250 grammes si besoin, un excellent rapport qualité prix valeurs nutritionnelles pour les opérateurs et satisfaire les convives. » De fait, Lionel Wolberg en est convaincu : « Nous allons augmenter significativement nos volumes de ventes en restauration hors foyer dans le contexte Egalim, certaines collectivités poussant jusqu’au 100 % de bio. »
« Nous allons augmenter significativement nos volumes de ventes en restauration hors foyer », Lionel Wolberg, PDG de Markal
Précédemment PDG d’Organic Alliance, Lionel Wolberg a assisté à « une ruée sur le bio ces dernières années » : aussi bien en agriculture que dans l'industrie et la distribution de détail, du fait d'ouvertures de magasins spécialisés et d'extensions de rayons dans la distribution généraliste. « C’est le reflux », lâche-t-il, en restant optimiste pour le commerce spécialisé où Markal réalise 80 % de ses ventes. « Oui, il y a moins de fréquentation dans les magasins spécialisés bio en cette période de crise post-covid », admet-il, mais en promettant la réussite pour « le point de vente qui a un bon emplacement, agréable et conseillant ses clients avec le bon assortiment et qualité de service verra sa clientèle revenir rapidement ». « Oui, des consommateurs occasionnels de produits bios peuvent revenir pour un temps au conventionnel, mais de nouveaux consommateurs vont indéniablement arriver », poursuit-il. Il voit arriver des générations fortement mobilisées sur les enjeux pour la planète et les effets des pesticides sur la santé.
Énergies vertes
Comme l’inflation globale a rendu le consommateur très sensible aux prix, « nous devons faire des efforts sur nos marges et nos coûts sans compromettre la qualité pour nos consommateurs », déclare le dirigeant. Markal ne revient pas sur ses engagements, comme actuellement, en généralisant les sachets recyclables, en dépit du coût supérieur engagé. « Nous avons opté pour des contrats en gaz et électricité verts et infrastructures photovoltaïques », se félicite Lionel Wolberg qui ne montre aucun stress quant à la flambée des contrats d’énergie. « Les industriels du bio, dès qu’ils vendent plus de 50 % de bio, sont souvent davantage investis dans la RSE que les autres », fait-il valoir.
Vrac et logistique
Markal offre aux distributeurs en vrac une large gamme de céréales, grains et autres fruits secs, comme dans son magasin propre dans une commune proche du site. Les conditionnements de plusieurs kilogrammes destinés aux industriels et grossistes s’y prêtent. La mise à disposition en magasin ne prétend pas éliminer les emballages ni étiquettes, mais elle permet au moins au consommateur d’acheter une quantité choisie. Les produits de l’entreprise sont livrés aux plateformes des distributeurs et aux magasins dans la France entière et un peu à l’étranger. C’est le transporteur Stef qui les achemine, optimisant les chargements et parcours en regroupant des produits de plusieurs entreprises.
À la suite des frères Markarian
L’entreprise familiale Markal, pionnière de l’alimentation biologique, a été reprise par Lionel Wolberg, entrepreneur avisé du marché.
Lionel Wolberg est depuis un an aux commandes de la société Markal. Il était précédemment président-directeur général d’Organic Alliance, grossiste en produits biologiques. Les frères Olivier et Franck Markarian, petits-fils du fondateur et précédents dirigeants, lui ont cédé la majorité du capital, en gardant une partie tandis que les investisseurs FrenchFood, Bpifrance et Tikehau sont venus l’étayer. L’entrepreneur s’est engagé à préserver l’intégrité du pionnier de l’alimentation biologique, son implantation dans la Drôme, sa gestion équitable des chaînes d’approvisionnement. Remplacer à lui seul le binôme des frères Markarian était pour lui un défi managérial, qu’il pense avoir relevé.
Promouvoir la marque pour des « moments de consommation »
Le nouveau PDG dit avoir employé sa première année de direction à clarifier les rôles, recruter des talents dans différents métiers, conforter les modes opératoires et l’organisation de l’entreprise. L’effectif d’environ 70 collaborateurs a été maintenu. Les équipements de Markal occupent 15 000 m2 à proximité de Valence. Lionel Wolberg prévoit pour 2022 un chiffre d’affaires un peu inférieur aux 68 millions d’euros réalisés avant son acquisition. Il annonce que la marque Markal apparaîtra début 2023 sur des présentoirs rechargeables dans les magasins spécialisés, garnis selon des « moments de consommation » ou « idées de recettes ».