Ovosexage : la GMS refuse de payer, les éleveurs en première ligne
L’accord provisoire sur le financement de l’ovosexage trouvé par l’interprofession expire fin février. Mais les discussions sont actuellement dans une impasse. La GMS n'était pas présente à la réunion orchestrée par le Ministère.
L’accord provisoire sur le financement de l’ovosexage trouvé par l’interprofession expire fin février. Mais les discussions sont actuellement dans une impasse. La GMS n'était pas présente à la réunion orchestrée par le Ministère.
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Le coût de l’ovosexage, pratique liée à l’interdiction du broyage des poussins mâles en 2022, est estimé actuellement à 36 millions d’euros par FranceAgriMer. L’accord trouvé dans la foulée du décret, expiré en novembre, a été prolongé 3 mois et arrive à son terme le 28 février.
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La ministre convoque une réunion, la GMS absente
Une solution avait été proposée sous la forme d'une intégration de ces coûts d'ovosexage en tant que coûts sanctuarisés par Egalim, que la GMS aurait accepté. Mais cette solution n'était pas conforme à la loi. Face à l'impasse, le ministère de l'Agriculture a été régulièrement tenu au courant de la situation et a organisé une rencontre ce matin, à laquelle la FCA-FCD ne s'est pas rendue. "C’est un manque de respect total, vis-à-vis de la ministre et de la délégation du CNPO qui était déjà arrivée à Paris" réagit, par communiqué, la CFA qui représente les éleveurs au sein de l'interprofession. Sollicité par nos soins, le Ministère ne s'est pas encore exprimé.
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La GMS refuse de collecter la CVO ovosexage
Les négociations entre les maillons de la filière ont été très houleuses, selon les échos rapportés aux Marchés par diverses parties prenantes. « Il est strictement hors de question que la GMS paie pour la totalité des débouchés » nous expliquait Layla Rahhou, déléguée générale de la FCD (fédération du commerce et de la distribution). La GMS refuse de reprendre son rôle de collecteur de la contribution volontaire obligatoire. Celle-ci s'élève à 59 centimes/100 œufs.
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Carrefour et Leclerc vont-ils manquer d’œufs ?
Il ne reste donc plus que 9 jours de financement assuré pour l'ovosexage. Au 1er mars, les couvoirs vont forcément devoir répercuter les coûts sur le prix de la poulette. Mais les éleveurs n'auront pas la trésorerie pour assurer ces avances, puisque l'impact dépasse les 70 centimes par poulette. Alors que les prix des œufs flambent, faute d'offre, la CFA exige «de la part des conditionneurs d’œufs un arrêt total des livraisons vers les enseignes Carrefour et Leclerc ».
«un arrêt total des livraisons vers les enseignes Carrefour et Leclerc »
Les accouveurs dénoncent « l'attitude irresponsable de la GMS »
Premier maillon de la filière et partie prenante au CNPO, le SNA, syndicat national des accouveurs, dénonce à son tour, par communiqué « l'attitude de rupture irresponsable de la GMS », rappelant que les éleveurs « verraient le coût de chacun de leur poussin doubler », ce qui « serait dramatique ».
Le Snipo alerte sur les risques de pénurie d’œufs
Déplorant la « position de blocage de la Distribution », le Snipo alerte sur les risques d’aggravation d’une pénurie d’œuf bien réelle.
« les poussins seront payés deux fois plus chers par les éleveurs »
En effet, la croissance de la production est moins rapide que celle de la consommation en France. Faute d’accord « les poussins seront payés deux fois plus chers par les éleveurs, déstabilisant fortement les cycles de production » prévient le syndicat des Industriels et Professionnels de l’œuf.
Peut-on marger sur l'ovosexage ?
Yves de la Fouchardière, ancien directeur des Fermiers de Loué note, sur LinkedIn, « si on supprime la CVO et que l’on laisse faire le marché, inévitablement tous les accouveurs ne couvriront pas leurs charges et surtout les distributeurs margeront sur le prix de l’ovo-sexage puisque intégré dans le prix d’achat des œufs vendus par les centres de conditionnements » et regrette que la GMS puisse envisager «faire de la marge sur une action éthique».