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Yoplait valorise son énergie émise en chauffage
L’usine Yoplait de Vienne vient de signer un partenariat pour quinze ans avec Engie Solutions et la ville. 40 % de la chaleur émise par ses groupes froids va se transformer en chauffage pour 791 logements et une école.
Après deux ans de travail, l’usine Yoplait de Vienne (Isère) vient de signer un accord avec Engie Solutions et la ville de Vienne représentée par son maire Thierry Kovacs. Il engage également Vienne Condrieu Agglomération et le bailleur social Advivo, dont il est président. L’objectif du projet : valoriser l’énergie émise lors du refroidissement des yaourts en chauffage pour 791 logements et une école. Le conseil municipal a donné son accord à Engie, le 14 octobre 2019, pour qu’il construise le nouveau réseau de chaleur dans le quartier Estressin. Les premiers coups de pelle ont été donnés début août pour un chantier qui devrait être livré en 2021. Il coûtera au total 1 million d’euros, financés par Engie avec le concours de l’Ademe (37 %) en échange d’un engagement de quinze ans des parties.
L’histoire du projet plonge ses racines dans deux démarches : d’une part, celle de l’usine elle-même dans le cadre de son plan de progrès de ses consommations d’énergie, d’autre part, celle de la ville de Vienne, de l’agglomération et du bailleur social, trois structures associées depuis 2012 dans un plan climat partagé (Tepos). « Il y a quatre ans, se souvient le responsable technique de l’usine, Damien Frerejean, la ville avait déjà mandaté un bureau d’études sur la faisabilité d’un réseau de chaleur dans le quartier. » À l’époque, les solutions techniques ne permettaient pas un projet économiquement tenable.
-21 % de consommation d’énergie en quatre ans
« De notre côté, nous travaillons depuis 2016 sur l’amélioration de nos performances énergétiques. L’usine a en effet de gros enjeux autour de l’énergie puisque nous chauffons et nous refroidissons le lait, puis nos yaourts. Nos pasteurisateurs sont déjà tous équipés de récupérateurs de chaleur depuis au moins 20 ans », souligne le responsable. L’usine est parvenue à réduire encore sa consommation d’énergie de 21 % en quatre ans.
Le nouveau partenariat concerne spécifiquement l’usage énergétique de la production du froid. L’usine possède six groupes froids en cascade qu’elle peut mobiliser progressivement selon ses besoins. Le refroidissement sur tout le site est assuré par un réseau où circule l’eau additionnée de glycol, à -7 °C. L’eau est puisée dans la nappe à 15 °C et lui est restituée à 18 °C. L’entreprise, dans son plan général d’optimisation de l’énergie, a ainsi identifié un potentiel de chaleur dite fatale de 7 500 MWh qu’elle ne valorisait pas jusqu’à présent.
Nous avons signé un partenariat de quinze ans
« Nous avons donc réactivé le projet de réseau avec Engie Solutions et la ville, il y a deux ans et demi », se souvient Damien Frerejean. « Ce sont vraiment les progrès techniques avec l’amélioration des coefficients de performance des pompes à chaleur qui ont rendu le projet compétitif cette fois-ci », confirme le spécialiste. Deux personnes de Yoplait ont travaillé plusieurs mois avec une équipe d’Engie Solutions pour identifier le bon cadrage. Notamment la part de la chaleur fatale que Yoplait a souhaité engager. « Nous sommes partis sur 3 000 MWh, car nous avons signé un partenariat de quinze ans. C’est très engageant pour une usine dont les processus peuvent par exemple évoluer », indique-t-il.
Cette part de 40 % va permettre de chauffer à 100 % l’école Claude Bernard, située sur le quai tout proche de l’usine, que la ville a entièrement rénovée en 2017, et à 60 % les 791 logements HLM proches, gérés par Advivo. La chaufferie existante, gérée par Dalkia, concurrent d’Engie qui s’est toutefois inséré dans le projet, prendra le relais pour le complément. Tout cela à Iso coût, voire à moindre coût pour les habitants et la ville.
Du côté usine, le projet impose un réaménagement physique autour de la salle des groupes froids pour l’installation des deux pompes à chaleur. Il faut également laisser de la place sur les réseaux pour leur alimentation électrique et leur régulation, car Yoplait s’engage contractuellement sur le débit.
Durant les cinq mois sans besoin de chauffage dans l’école et les logements, l’usine va pouvoir bénéficier des pompes à chaleur pour couvrir une partie de ses besoins en basse température. « Nous avons déjà substitué une partie importante de nos besoins. En récupérant la chaleur au niveau de nos compresseurs d’air, nous chauffons par exemple toute notre eau chaude sanitaire. Nous pourrons donc aller encore plus loin », constate Damien Frerejean.
Carte d’identité de l’usine
Yoplait Vienne (Isère) est une des trois usines françaises de la filiale à 49 % de Sodiaal et 51 % de General Mills, avec Le Mans (Sarthe) et Monéteau (Yonne). Elle se trouve depuis 1965 dans le quartier du Grand Estressin, sur le site qu’elle partage avec La route du lait, coopérative de collecte du lait, et Candia, pour le traitement et le conditionnement de celui-ci. L’unité produit notamment les Panier Yoplait (yaourts aux fruits), les Toucan (nature sucrés) et les Tub’s (Petits Filous). Chaque usage énergétique significatif possède un référent qui travaille à l’amélioration de sa performance énergétique. Le processus est en effet une succession de montées à haute température (110 °C), puis de refroidissement, suivi de l’ensemencement et du réchauffage (40 °C) avant le refroidissement pour conservation.