Le prix du beurre aux États-Unis inférieur de 32 % au prix européen, sur quels marchés les exportateurs américains progressent-ils ?
Alors que les prix du beurre flambent en Europe et en Océanie, l’origine États-Unis affiche des prix bien plus compétitifs. Si les exportations progressent, elles semblent tout de même pénalisées par les incertitudes géopolitiques et l’émergence d’un nouvel acteur clé, l’Inde.
Alors que les prix du beurre flambent en Europe et en Océanie, l’origine États-Unis affiche des prix bien plus compétitifs. Si les exportations progressent, elles semblent tout de même pénalisées par les incertitudes géopolitiques et l’émergence d’un nouvel acteur clé, l’Inde.

Mi-mars, le beurre européen s’échangeait à 7 577 $/tonne, dans un contexte de manque de matière première sur le Vieux Continent. L’origine Océanie s’affichait à 7 550 $ alors que la demande export était très tonique. Et le beurre américain, à seulement 5 142 $/tonne, selon la comparaison effectuée par la Commission européenne.
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Un bond des envois de beurre des États-Unis en janvier
Un tel écart de prix devrait conduire les États-Unis à exporter des volumes importants. Ce fut d’ailleurs le cas en janvier dernier, avec des expéditions de beurre en hausse de 41 % en volume selon l’USDEC. Les envois de matière grasse butyrique ont aussi bondi de 145 % pour atteindre 7 101 tonnes, un record mensuel jamais vu depuis 2014. Les envois étaient dynamiques vers le Canada (+19 %), l’Amérique centrale et les Caraïbes (+103 %) et surtout vers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (+776 % mais sur de faibles volumes).
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Depuis le mois de janvier, l’écart de prix entre beurre européen et origine US s’est encore creusé, –il est actuellement de 32 %– d’autant plus que les taux de change sont favorables au produit américain. Le marché américain est actuellement excédentaire en crème comme en beurre, alors que la collecte laitière résiste face à la grippe aviaire ; mais la consommation est à la peine. Les stocks de beurre tendent à progresser outre-Atlantique, tout en restant encore loin d’être préoccupants.
Une politique commerciale qui peut pénaliser les exportations
Ce que supposent certains opérateurs de la filière, c’est qu’une partie du bond des exportations de matières grasses laitières de janvier était lié à des achats de précaution, pour anticiper de possibles droits de douane en réponse à ceux voulus par Donald Trump.
Pour l’heure, les exportations sont incertaines, notamment car le président américain souhaite mettre en place des taxes sur les navires chinois accostant dans les ports de son pays. Ce afin de redynamiser l’activité des chantiers navals des États-Unis. De quoi alourdir la facture. En projet aussi, l’idée d’exporter les marchandises américaines uniquement sur des bateaux construits aux États-Unis et battant pavillon américain. Ce qui pourrait conduire à de fortes perturbations sur les envois de beurre, d’autant plus que ces navires semblent être en nombre insuffisant. Dans ce contexte, l’incertitude demeure sur les perspectives des exportations de beurre aux États-Unis.
Un concurrent en embuscade
Dans le même temps, l’Inde développe ses envois de matière grasse laitière vers le Moyen-Orient pour y atteindre, en 2024, 29 % de parts de marché, selon Global Dairy. Le pays a multiplié ses envois par 2,5 pour atteindre 51 800 tonnes de beurre, dont 62 % sont destinées au Moyen-Orient. A comparer avec la progression de seulement 2 000 tonnes des exportations américaines de beurre l’an dernier.