Marché mondial
Viande bovine : pourquoi la France exporte très peu vers la Chine
Les Chinois consomment de plus en plus de viande bovine, et c’est l’importation qui satisfait en partie leur appétit. Pour autant, l’Union européenne est peu présente sur ce marché, la France encore moins. Explications présentées lors des journées Marchés Mondiaux de l'Idele.
Les Chinois consomment de plus en plus de viande bovine, et c’est l’importation qui satisfait en partie leur appétit. Pour autant, l’Union européenne est peu présente sur ce marché, la France encore moins. Explications présentées lors des journées Marchés Mondiaux de l'Idele.
Ce 8 juin se déroulaient la traditionnelle journée consacrée au marché mondial de la viande bovine organisée par l’Idele. Ilona Blanquet, économiste au GEB-Idele, a appuyé « la Chine a faim de viande bovine ! ». Un Chinois consomme en moyenne 7,5 kgéc de viande bovine par an, c’est encore loin du leader de la zone, la Corée (18 kgéc), mais la barre des 5 kgéc n'a été franchie qu'en 2013.
🔴 Marchés Mondiaux #viande 🥩
— Institut de l'élevage - Idele (@InstitutElevage) June 8, 2023
👉 Évolution demande & des marchés : Chine + Asie
↪ Asie a toujours + faim de viande bovine
✅ 7 importateurs de la zone Asie du Sud & Est
✅ 2022 : Démographie faible
✅ En 4 ans, +27% d’importations dans la zone
Avec notre collègue Ilona Blanquet pic.twitter.com/tk4nxODBD6
Une forte dépendance aux importations de viande bovine
Si la Chine produit 7,2 millions de tonnes équivalent carcasse (téc) de viande bovine, elle en consomme 10,7 millions. La différence est comblée par un flux d’importation qui ne cesse de progresser « avec une hausse de 8 % entre 2021 et 2022 et même un bond de 87 % en quatre ans ! » illustre Ilona Blanquet. Ces chiffres concernent l’ensemble Chine + Hong Kong mais l’économiste remarque des disparités « si les importations chinoises ont progressé de 16 % l’an dernier, celles de Hong Kong ont au contraire chuté de 53 %, reflet de la volonté de l’état chinois de contrôler davantage ses approvisionnements, pour garantir la traçabilité et des produits sains ». Le Brésil a fourni a lui seul 1,5 million de téc, soit 42 % des importations de l’ensemble, l’an dernier. Cette année 2023 a vu les volumes souffrir à peine du cas d’ESB brésilien, avec un embargo de très courte durée, 1 mois seulement.
Une Europe en retrait
L’Union européenne n’a expédié que 7 800 téc de viande bovine vers la Chine, une poussière comparé à l’appétit du géant. Parmi ces envois, 2 700 téc provenaient de Hongrie « car deux abattoirs sont à capitaux chinois » décrypte l’experte. On relevait 1 500 téc de Pologne, 1 000 téc d’Irlande, « via Hong Kong à cause du cas d’ESB en 2021, l’embargo a été levé cette année seulement», précise Ilona Blanquet. Et seulement 600 téc en provenance de France, 200 téc de moins que l’an dernier. « Il faut comprendre que le marché chinois est très volatile. Nous avions des conteneurs prêt à partir, en deux mois le prix a chuté de 2 €/kg , tout a capoté», regrette un opérateur d’Elivia présent dans la salle. Quant au cinquième quartier, dont le pays est très amateur (langue, pieds, aponévroses…) et qui permettrait une belle valorisation de ces coproduits aux opérateurs européens, « l’accès est très difficile, avec des agréements très compliqués à obtenir, les Américains ont réussi », rapporte Ilona Blanquet.
Des perspectives encourageantes en 2023
La consommation de viande bovine ne semble pas marquer le pas cette année, « c’est aussi un signe extérieur de richesse, c’est très bien vu », décrit Ilona Blanquet. Avec l’arrêt des tests Covid sur les marchandises importées, la reprise de la RHD et la progression de la classe moyenne –qui pourrait compter 71 millions de chinois en plus dans 3 ans –, la demande à l'import devrait rester bonne, d’autant plus que la Chine est loin de pouvoir assurer son autosuffisance rapidement.