Viande bovine : « on communique pour motiver des producteurs »
Les Marchés Hebdo : L’offre de Bretagne Viande Bio (BVB) suit-elle la croissance de la demande ?
Sabrine Ponthieu : Il y a un frein en viande bovine. En Bretagne, ce sont surtout des éleveurs laitiers qui se convertissent pour produire du lait bio. Mais pour 95 % d’entre eux, la viande des vaches laitières ne l’est pas. On dit qu’ils sont en « conversion non simultanée ». La raison en est que les vaches doivent avoir passé les trois quarts de leur vie en bio pour être valorisées en bio. Si la vache a 2 ans au moment de la conversion, il faut attendre qu’elle ait 8 ans. Néanmoins, il y a une dynamique, alimentée par des conversions régulières et de la viande qui arrive au fur et à mesure. Le troupeau allaitant breton n’est pas très important. On communique pour motiver des producteurs. En attendant, nous allons chercher de la viande de boucherie dans les Pays de la Loire, un peu en Normandie aussi. En porc bio, notre offre va fortement augmenter, même si nous sommes très attentifs à la viabilité financière des élevages et à leur autonomie alimentaire. Notre technicien est là pour accompagner les éleveurs. Nous leur recommandons de ne pas voir trop grand ou de s’associer avec un producteur de céréales.
LMH : Combien de têtes offrez-vous ? Les détaillants sont-ils patients ?
S. P. : 3 200 gros bovins pour l’année, 600 veaux, un nombre en croissance pour répondre à la demande en boucherie, 1 200 ovins. En porc, c’est 3 500 têtes, mais 6 000 sont prévues en 2018, et 10 000 en 2019. Nous accompagnons les détaillants pas à pas. L’avantage des bouchers est qu’ils commandent des carcasses entières. Avec des distributeurs plus gros, il peut y avoir un déséquilibre.
LMH : Les éleveurs adhérents sont-ils d’accord avec l’expansion de BVB ? Je pense au développement de Monfort et de sa marque Valtero.
S. P. : La question de l’expansion s’est posée il y a quelques années, à une époque où les éleveurs étaient contents de trouver un groupement bio. C’est l’accompagnement des éleveurs, des partenaires, qui fait un bon développement. Faisons grandir la filière pour les collègues qui vont arriver demain. Nos partenaires, Biocoop et Monfort, pour la transformation, sont en contrat de partenariat avec nous et ils s’intéressent aux problématiques de l’élevage. Pour notre part, nous restons attachés à des principes, comme le refus de la mixité des fermes. Quand un projet est engagé, nos techniciens suivent la ferme. Toutes les demandes que nous recevons n’aboutissent pas.