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Un succès pour le lait « citoyen » d’Intermarché
Les ventes du lait Les éleveurs vous disent merci ! ont atteint les 19 millions de litres en 2018, contre 5 attendus. Cent quatre-vingts éleveurs de la Laiterie Saint-Père ont dégagé une prime moyenne de 8 400 euros l’an dernier grâce à ce partenariat inédit.
Thierry Cotillard, président d’Intermarché, et Yves Audo, président d’Agromousquetaires, ont symboliquement remis, le 5 février à Saint-Père-en-Retz (44), un chèque de 1 512 841 euros à trois éleveurs. Élodie Ricordel, Valéry Chéneau et Gaël Drouet vont partager cette somme avec 177 autres éleveurs membre de l’organisation professionnelle de la Laiterie Saint-Père engagés comme eux dans la démarche Les éleveurs vous disent merci ! Soit une prime moyenne de 8 400 euros par exploitation.
Le groupement Les Mousquetaires a profité de ce moment pour faire devant la presse le bilan d’un an de fonctionnement de ce partenariat inédit avec des agriculteurs, permis par son positionnement producteurs et commerçants. Le succès rencontré par le lait Les éleveurs vous disent merci ! va bien au-delà des espérances initiales. Alors que les partenaires tablaient sur 5 millions de litres vendus en onze mois, ce sont 19 millions de litres qui ont été écoulés en 2018, et 21 millions à fin janvier. Ces volumes représentent 16 % de la production de l’OP de la Laiterie Saint-Père. Les éleveurs qui ont contractualisé sur cinq ans avec la laiterie d’Agromousquetaires touchent 0,44 euro sur une brique de 1 litre de lait demi-écrémé vendue 0,88 euro en magasin. Cette rémunération de 440 euros les 1 000 litres est à comparer aux 360 euros versés en moyenne sur 2018 aux éleveurs fournissant la Laiterie Saint-Père.
Beurre et crème complètent la gamme
Ce lait « citoyen », comme Intermarché le qualifie, a été plébiscité par les magasins du réseau, 1 759 points de vente sur 1 800 l’ayant mis en rayon. Concernant les consommateurs, le succès s’explique par « une marque évocatrice, avec les photos des éleveurs et la transparence du prix sur le packaging et un prix de vente accessible », assure Catherine Doppler, chef de groupe marketing marques propres à Intermarché. Pour parvenir à ce prix, le groupement a dû rogner sur ses marges d’industriel et de distributeur. Les ventes devraient cette année être dynamisées par cinq opérations promotionnelles, contre deux l’an dernier, dont une exceptionnelle sur la semaine 9 avec 100 % du prix de la brique reversé aux éleveurs pour les 50 ans d’Intermarché. La gamme Merci ! s’est par ailleurs rapidement étoffée, avec le lancement d’un beurre doux en juillet 2018, de la crème fraîche en octobre et d’un beurre demi-sel tout récemment, à l’initiative des éleveurs de la laiterie.
Le contrat de 5 ans permet d’envisager des investissements
Ceux-ci, qui étaient 136 engagés au lancement du projet et seront bientôt 200, mesurent ses effets sur leur trésorerie. Pour Gaël Drouet, éleveur à La Planche (44), « le contrat de 5 ans assure la pérennité de nos exploitations et permet d’envisager des investissements ». Notamment dans le bien-être animal. Ce point fera partie, avec le pâturage et le sans OGM, du cahier des charges en cours d’élaboration au niveau des fournisseurs de lait du groupement. « Le lait Merci ! a trouvé son public, car on le sort au bon moment. J’espère que le consommateur fera la différence entre ceux qui jouent le jeu du monde agricole et les autres », conclut Thierry Cotillard.
Les œufs en mars, d’autres filières en réflexion
« Notre objectif est de faire rayonner la marque, en produits laitiers et sur d’autres filières », annonce Marie Guillemot, responsable de la marque Les éleveurs vous disent merci ! à Intermarché. La première duplication se concrétisera dès mars sur des œufs de poules élevées en plein air, en partenariat avec la PME CDPO, située à Esternay (51). Le modèle économique sera identique, avec une rémunération de 61 centimes d’euro pour les 43 éleveurs concernés sur un prix de vente de 1,42 euro pour une boîte de six œufs. Des réflexions sur la viande et le vin sont menées. « Il faudra sur les filières carnées voir comment on peut faire passer le message, quels chiffres seront parlants », précise le président d’Agromousquetaires, Yves Audo.