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Développement durable
Transformation verte de Jean Hénaff, point d'étape

Pour atteindre son « objectif d’impact positif », le groupe Jean Hénaff a ouvert plusieurs chantiers dont l’un porte sur l’amélioration des conditions d’élevage et d’abattage. Il fait le point sur ses travaux.

Jean Hénaff (47 millions d’euros de chiffre d’affaires, 290 collaborateurs) s’est engagé il y a deux ans dans la transformation de son organisation vers un modèle économique durable. Par ce projet appelé Begood 2030, il vise le social, la gestion des déchets, l’environnement, etc. Mais il est un chantier plus urgent que les autres : les conditions d’élevage et d’abattage de porcs, au cœur de son activité historique. Pour cela, l’industriel a constitué une « communauté de progrès "porcs" », explique Mireille Peuziat, directrice qualité de Jean Hénaff.

Jean Hénaff a accéléré sa réflexion sur le sujet après une vidéo choc tournée en 2017 par L 214 dans un élevage qui le fournissait en vif. Le nombre de ses éleveurs fournisseurs a progressivement été rabaissé pour une meilleure maîtrise – d’une soixantaine à une vingtaine aujourd’hui – et celui des groupements réduit essentiellement à la coopérative Evel’Up (Landivisiau) et Bretagne Viande Bio. « Dans cette communauté de progrès, les maillons éleveur (vingt, dont six en bio), groupement et abattoir sont concernés avec des critères liés à l’élevage, au transport des animaux et aux conditions d’abattage », poursuit Mireille Peuziat.

Abaisser le risque de carcasses odorantes

Ces critères se répartissent en trois catégories : le bien-être animal (dix-sept), la conduite d’élevage « pour viser l’excellence » (treize) et la viabilité économique de l’exploitation (quinze). Systématiquement, des plans de progrès seront coconstruits avec l’éleveur et le groupement de producteurs. Jean Hénaff a placé sur une même ligne attentes sociétales et paramètres techniques. Premier sujet, l’arrêt de la castration. Jean Hénaff peut-il obtenir la même qualité organoleptique avec des mâles entiers ? « Nous avons lancé en 2019 un projet de recherche sur trois ans labellisé Valorial, appelé Finarbed (Favoriser l’innovation agri-agro pour l’arrêt de la castration des porcs vers un bien-être animal durable, NDLR) avec notamment Evel’Up, l’Inrae et le CEA-Tech », rappelle Mireille Peuziat.

Objectif : abaisser le risque de carcasses odorantes, savoir les détecter à coup sûr et identifier des recettes permettant de valoriser les morceaux d’une carcasse odorante acceptables pour le consommateur. Un point très sensible pour un petit industriel qui revendique la fabrication de produits « de haute naturalité ». Sur la partie élevage, des tests sont en cours sur une partie des bandes avec des modifications dans la conduite d’élevage – alimentation, ventilation, niveau sanitaire. Sans présager de l’issue de ces travaux, Jean Hénaff reste en veille sur le dossier de l’immuno-castration. Mais l’industriel compte décider de ses orientations au 1er janvier 2022, date d’application du décret ministériel qui imposera aux éleveurs de ne plus castrer à vif.

Abattage : le système Cet’automatique bientôt généralisé ?

Second sujet, l’introduction de paille dans l’élevage. Là, il ne s’agit pas de bannir le caillebotis, mais « d’avoir un stade sur paille, peut-être en gestante », précise Mireille Peuziat. Jean Hénaff étudie avec son groupement partenaire la faisabilité économique de cette orientation. L’industriel regarde également les surcoûts de la mise en place de cases plus grande au naissage (maternité-liberté) et étudie le niveau des plus-values techniques à mettre en place pour couvrir l’effort réalisé à la production. En parallèle, le groupe est adhérent du laboratoire d’innovation territorial (Lit) Ouesterel qui a pour but de bâtir, entre acteurs scientifiques (pilotage Inrae), économiques et représentants de consommateurs, des référentiels bien-être animal acceptés par tous.

Avoir un stade sur paille, peut-être en gestante

Enfin, Jean Hénaff cherche des solutions techniques pour continuer à améliorer les conditions d’abattage. L’industriel, qui traite moins de 40 000 porcs par an, s’est rapproché il y a deux ans d’une société d’ingénierie (Néotec-Vision) à l’origine d’un système automatisé de détection (Cet’automatique) du bon étourdissement de l’animal avant la saignée, en lieu et place d’un opérateur. Ce dispositif pourrait être déployé prochainement sur les chaines d’abattage. À l’annonce du plan Begood 2030 de Jean Hénaff, L 214 avait salué « cet engagement qui s’appliquera de façon progressive pour aboutir en 2030 à des conditions d’élevage au moins équivalentes à l’élevage bio ».

Quand le numérique soutient l’élevage de précision

L’innovation gagne aussi Evel’Up, seconde coopération porcine de France avec 1 000 éleveurs et 3,950 millions de porcs par an. Elle se traduit par l’introduction d’objets connectés dans les élevages pour parvenir à ce qu’on désigne comme l’agriculture de précision. Ce sont des boucles RFID qui garantissent la traçabilité des traitements antibiotiques tout au long de la vie de l’animal ou permettent d’individualiser la ration ; des caméras couplées à de l’intelligence artificielle pour détecter une pathologie et soigner avant les premiers signes cliniques visibles, etc. Evel’Up estime être au début d’un virage. Un mouvement qui pourrait s’accélérer face à la demande du marché en produits issus d’élevages tracés et vérifiés.

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