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Soufflet vise le 100 % « made in France » dès 2018

Sans gluten, traçabilité des produits et surtout « origine France » : le groupe Soufflet profite de l’intérêt croissant des consommateurs pour les protéines végétales et investit dans sa filière lentille française. Explications avec Thierry Liévin, directeur de Soufflet Alimentaire.

Soufflet met le turbo pour développer la production française de lentilles vertes dans une logique de filière. Dans cet esprit, le premier négoce céréalier français s’attache à maîtriser toutes les étapes de production. « Les pieds dans la terre et les mains dans les rayons », aime à dire Thierry Liévin, le directeur de Soufflet Alimentaire, une des nombreuses filiales du groupe Soufflet (4,738 milliards d'euros de chiffre d’affaires au 30 juin 2016 avec 7 441 collaborateurs en France et à l’étranger). Le 7 décembre dernier, celui-ci faisait découvrir aux producteurs ses installations spécialisées dans l’usinage du riz, des graines et des légumes secs implantées à Valenciennes (59). D’ici à 2018, l’objectif du groupe familial est d’assurer complètement son autonomie en lentilles vertes auprès de producteurs français avec lesquels il contractualise déjà depuis plusieurs années.

Explosion du marché

Les premiers balbutiements de sa filière française ont débuté en 2003 avec 40 hectares (ha) emblavés en Champagne-Ardenne. « Mais le véritable développement s’est opéré dans les années 2008-2009 », fait remarquer Karl Dhulst, producteur de lentilles vertes dans l’Aube. En 2016, Soufflet a contractualisé 2 000 ha avec 300 producteurs pour une production de 7 000 t par an. Aujourd’hui, la filière se développe sur l’ensemble du territoire français, profitant d’une mauvaise conjoncture des céréales, « d’une production de colza décevante » avec en parallèle une demande en protéines végétales en forte croissance. Après une implantation dans l’Aube et la Marne, le Cher et le Berry, puis la Bourgogne, la lentille verte va s’étendre en Vendée et dans les deux Charente en 2017, année au terme de laquelle la production de Soufflet pourrait atteindre les 12 000 tonnes.

Approvisionné pour une grande partie par le Canada qui produit actuellement 3,2 millions de tonnes par an ainsi que par la Chine, le marché français de la lentille verte a été fortement délaissé depuis de nombreuses années. La consommation de protéines végétales en substitution aux protéines animales, la mode du « sans gluten », les apports nutritionnels avantageux… sont autant d’arguments qui expliquent l’explosion de ce marché. « L’intérêt de développer une filière française est évident, ne serait-ce pour des raisons de traçabilité, de sécurité alimentaire ou d’une tendance actuelle au “made in France” », souligne Thierry Liévin.

Les farines de légumineuses : un marché prometteur

À Valenciennes, où il dispose de quatre lignes d’usinage dont trois pour le riz et une pour les légumes secs, Soufflet Alimentaire est en train de faire passer sa ligne légumes secs de 15 000 à 20 000 t par an. Objectif : satisfaire les marchés traditionnels de lentilles vertes, mais aussi s’ouvrir de nouveaux marchés. Soufflet travaille déjà sur de nombreuses pistes. « On veut faire consommer de la lentille autrement », imagine Yannick Hus, directeur des achats et des ventes BtoB en évoquant notamment l’introduction de nouvelles variétés, des lentilles corail dépelliculées, de nouvelles recettes cuisinées conditionnées en Doypack (voir encadré).

Mais d’autres marchés peuvent également se développer dans les prochaines années. Le marché de la conserve, approvisionné essentiellement avec des lentilles blondes chinoises, pourrait l’être avec des lentilles vertes françaises (seules 10 % d’entre elles sont destinées actuellement à l’industrie française). « C’est un marché que l’on estime à quelque 15 000 à 20 000 t par an », estime-t-il. Le double de la production française de lentilles vertes de Soufflet Alimentaire en 2016.

Le groupe explore également un marché prometteur : celui des farines de légumineuses qu’il développe avec sa marque Léguminel présentée notamment lors d’un récent CFIA. « Ce sont des farines natives texturées aux propriétés rhéologiques spécifiques », insiste Yannick Hus, en mettant en avant la traçabilité et les apports nutritionnels de telles farines bénéficiant d’une image « développement durable ».

" On vise les industriels du snacking, de la BVP "

Cible de cette nouvelle gamme de farines ? « On vise avant tout les industriels du snacking, de la boulangerie-viennoiserie-pâtisserie pour la fabrication de pizzas par exemple. C’est un marché complètement naissant en France, mais qui s’est déjà fortement développé en Grande-Bretagne et en Italie », relève de son côté Thierry Liévin. « À partir de ces farines de légumineuses, nos clients fabriquent des pâtes plus riches en protéines et sans gluten », poursuit-il. Pour ce faire, l’usine dispose d’un moulin d’une capacité de production de 25 000 t par an qui permet de « microniser des farines ultrafines » ainsi que deux lignes d’extrusion permettant de préparer ces farines pour les marchés industriels. Pour satisfaire ces différents marchés, Soufflet dispose d’un outil industriel performant qui a multiplié par trois ses capacités de traitement du riz et des légumes secs passant d’une production de 60 000 à 180 000 t en l’espace de vingt ans.

10 M€ investis dans l’emballage Doypack

Soufflet va investir 10 M€ sur trois ans dans la construction d’un atelier de 4 000 m2 dédié à la production de sachets souples et jouxtant son usine de Valenciennes. Un terrain de 1,5 ha est en passe d’être acquis. Dans l’immédiat, le groupe remplace une des deux lignes de production pour une ligne plus performante qui permettra de passer de 18 à 25 millions d’UVC par an dans les douze mois. Les deux lignes seront ensuite transférées dans le nouveau bâtiment. Deux stérilisateurs supplémentaires et une automatisation plus poussée permettront de produire 35 à 40 millions d’UVC par an d’ici à trois ans.

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