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Portrait
SMV ou la genèse d’un groupe prestataire de l’industrie de la viande

SMV (au Service des métiers de la viande), c’est l’histoire d’un prestataire industriel breton spécialisé dans le désossage, la découpe et la transformation de viandes dont les deux actionnaires viennent de racheter l’abattoir de poules pondeuses Socavol, rebaptisé Socanvol. Portrait.

Thierry Le Gall et Tanguy Rannou, les deux actionnaires de SMV ont racheté Socavol, situé à Saint-Brandan (Côtes-d’Armor). La décision du tribunal de commerce de Saint-Brieuc est tombée le 22 janvier. Il s’agit d’une grande satisfaction pour les salariés de cet abattoir de poules qui s’était placé sous la protection du tribunal de commerce de Saint-Brieuc, à l’automne 2017, dans l’attente d’un repreneur.

Finalement, il n’y aura eu qu’un seul dossier de reprise, celui des dirigeants de SMV. Ils se sont engagés à conserver quarante-cinq des soixante-treize salariés de Socavol et à proposer à quinze autres une solution de reclassement dans une de leurs sociétés. Ce qui les a convaincus de faire cette proposition ? « La possibilité de diversifier notre offre et de renforcer notre capacité à répondre aux besoins de nos clients abatteurs en prestation de services », expliquent Thierry Le Gall et Tanguy Rannou.

Intérêt pour la station d’épuration

Pour être tout à fait précis, l’abattoir les a intéressés en premier lieu pour sa station d’épuration. En 2017, l’une de leurs sociétés, TDI (Trévé, Côtes-d’Armor) s’est retrouvée dans l’impossibilité d’utiliser les capacités d’épuration de son voisin industriel – et accessoirement de son système de production d’énergie –, voisin avec lequel ils avaient une convention. L’affaire fait l’objet d’un contentieux. « Du jour au lendemain, il nous a fallu trouver une solution pour traiter les 100 m3 d’eau usée que produit chaque jour TDI », explique Thierry Le Gall.

Les villes de Loudéac et Trévé ont réceptionné un temps leurs boues avant que l’opportunité Socavol ne se présente à eux. « Ce qui nous a intéressés également dans ce site, ce sont les capacités de stockage en froid de cette usine – nous externalisons actuellement le stockage de 1 500 à 3 000 tonnes de produits congelés – et, bien sûr, son activité d’abattage dont nous étions totalement absents », poursuit Thierry Le Gall.

30 % des ventes réalisées à l’exportation

Cette nouvelle société, rebaptisée Socanvol, rejoint les quatre autres sociétés du groupe : SMV, TDI, Volpin et SMV Distribution. Cette dernière centralise les achats et les ventes de l’ensemble des sociétés en direction d’industriels agroalimentaires et de grossistes pour les débouchés de restauration hors domicile. Une cascade d’entreprises avec 280 salariés dont 240 permanents.

Leurs métiers ? La mise à disposition de professionnels du couteau (une cinquantaine de personnes) ; la fabrication de viandes hachées de poulet, dinde, canard, lapin et porc, la découpe d’ailes, cuisses, pilons, gésiers, cous, etc. ; la production de viandes séparées mécaniquement (VSM) en 3 mm haute qualité et VSM 1 mm ; la préparation d’élaborés crus ; la découpe de dindes en prestation de services. Et maintenant l’abattage. Une bonne partie de la production est congelée et 30 % des ventes de la galaxie SMV (50 millions d’euros) sont réalisées à l’exportation.

Un million d’euros investis cette année à Carhaix

Le groupe, né en 2004, est jeune (lire encadré). Par son positionnement – la prestation de services aux industriels de l’agroalimentaire –, il s’est organisé pour être le plus souple possible et réagir vite. Il a modernisé ses lignes au besoin pour mieux répondre aux demandes des clients. « Au SMV, nous avons développé une activité de conditionnement en prestation de services, principalement de dinde, en IQF et en vrac de 1 à 10 kg pour les débouchés de la RHD, du caritatif et de l’export », cite en exemple Thierry Le Gall.

Aux côtés de SMV, par ailleurs fournisseur de toutes sortes de pièces de viande (95 % congelées) à l’industrie, le groupe comprend une activité de découpe de dindes en prestation de services avec TDI, rachetée en 2014. Une société que Thierry Le Gall connaît très bien pour en avoir été le directeur de la production dans les années 2000. Dans un secteur industriel difficile, TDI a, en quelques années, plus que doublé son activité pour atteindre 900 tonnes de produits par semaine. Avec toujours comme credo : être « l’industriel adaptable ».

Depuis 2011 enfin, le groupe SMV exploite la société Volpin (Le Pin, Loire-Atlantique) qui évolue dans le monde de l’élaboré cru de dinde (saucisses, produits marinés, paupiettes, etc.), des produits destinés aux grossistes spécialisés dans la RHD. Volpin apporte au groupe un peu plus de marge que ses autres activités. En ajoutant la société d’abattage Socanvol dans le groupe, Thierry Le Gall et Tanguy Rannou entrent dans un nouveau métier. Leur plan stratégique « n’est pas encore totalement arrêté », assurent-ils

Ce qui est sûr, c’est qu’ils diversifieront les produits et les débouchés de cette société qui n’abattait que des poules de réforme, vendues entières et congelées en Afrique de l’Ouest, avant son dépôt de bilan. « Il est possible que nous proposions aussi l’outil pour de la prestation de services », précise Tanguy Rannou. Son associé ajoute : « nous orienterons les investissements en fonction des opportunités du marché ».

En attendant, le groupe investit cette année 1 million d’euros sur son site de Carhaix (SMV), notamment pour fabriquer du pain nu de viande (pain de viande non emballé de 15 kg).

Une jeune entreprise

Tout commence en 2004 avec la constitution de SMV par Thierry Le Gall et son premier associé (remplacé en 2015 par Tanguy Rannou) pour mettre à disposition des IAA des équipes de découpeurs. À l’époque, Thierry Le Gall dirige en parallèle la production de TDI, propriété de la coopérative Even. En 2006, Thierry Le Gall et son associé créent SMV Distribution et occupent une partie des locaux industriels de TDI pour découper leurs premières pièces de viande pour les industriels. Ils rejoignent Carhaix-Plouguer (Finistère) en 2008 pour s’installer dans les locaux d’une ancienne casserie que la municipalité leur met à disposition. Une opération qui leur permet de se lancer en les soulageant d’une charge immobilière. Ils prennent ensuite le contrôle de Volpin en 2011, TDI en 2014 et Socavol en 2018.

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