Rapprochement programmé entre Adrianor et Extractis
La fusion des deux centres technologiques va apporter une dimension nouvelle à la recherche agroalimentaire en Hauts-de-France. Elle leur permet de s’ouvrir les portes du marché international.
En clôturant l’assemblée générale d’Adrianor le 31 mars dernier, « il faut que nous soyons en ordre de marche pour n’avoir à présenter qu’un seul dossier à l’Actia le 12 septembre 2017 », lançait Jean-Marie Raoult, son président. La plateforme technologique, créée à Arras en 1989, devrait en effet se rapprocher du Picard Extractis basé à Dury-les-Amiens (80) en profitant du renouvellement quinquennal de son dossier de qualification.
Amorcées en 2016 dès la création de la nouvelle région, les discussions entre équipes dirigeantes et équipes de recherche du Nord-Pas-de-Calais et de Picardie sont déjà bien avancées. « Nos équipes ont pris l’habitude de travailler ensemble dans l’accompagnement des entreprises bien avant la fusion des régions », faisait remarquer Christine Chèné, directrice d’Adrianor.
Soulignant leur « belle complémentarité », Jean-Marie Raoult précisait néanmoins qu’il y avait encore « des points financiers et de gouvernance à régler ». « Qu’il s’agisse d’améliorer les procédés d’extraction, de "fonctionnalisation" de certains ingrédients ou encore de qualifier en matrice alimentaire le comportement des ingrédients, les occasions d’échanges sont devenues de plus en plus nombreuses », soulignait de son côté Christine Chèné.
Un nouveau cap
Depuis plus de vingt ans, ce centre de ressources technologiques pour les IAA, inspiré de l’Adria de Quimper conseille, accompagne et soutient les PME-TPE agroalimentaires en s’assurant notamment de la rentabilité et de la validité de leurs projets. En mettant à la disposition de ses clients des lignes de préséries (3 M€) et en doublant la surface de ses locaux, Adrianor a encore franchi un cap et fournit de nouvelles prestations aux industriels ; les chiffres le prouvent : elles sont passées de 68000 à 94 500 euros en 1 an (+39 %).
Par ailleurs, le partenariat avec l’université d’Artois et l’accueil de l’unité de recherche ingénierie de formulation des aliments et altérations (IFAA), puis celui de l’équipe qualité et sécurité des aliments (QSA) de l’institut Charles Violette ont permis de proposer le triptyque enseignement-formation, recherche et transfert industriel.
Processus multiples
Le poids des deux structures est pourtant différent. Le Centre de valorisation des glucides (CVG), rebaptisé en juillet 2016 Extractis, ambitionne de devenir l’un des leaders européens de la bioraffinerie du végétal d’ici à dix ans. Créé en 1984 par Daniel Thomas, chercheur précurseur, Claude Ferté et Marcel Deneux, le CVG s’est intéressé à la valorisation de toutes les fractions de la plante, notamment des glucides, puis à son nouveau cœur de métier comme la production d’extraits végétaux pour les arômes alimentaires, la cosmétique et les compléments alimentaires.
Objectif : trouver des valorisations techniquement et économiquement viables pour ses clients. Les processus sont multiples : extraction des matières premières, techniques de séparation des liquides et solides, purification puis mise en forme finale. Extractis compte bien se développer à l’étranger et entraîner Adrianor dans son sillage. « Cette fusion apportera une nouvelle ambition aux deux structures », témoignait un des 73 adhérents d’Adrianor.
Deux partenaires en synergie
Extractis figure parmi les 15 instituts technologiques agro-industriels (ITAI) français qui collaborent avec 16 partenaires parmi lesquels le pôle Aquimer, le Certia Interface et Adrianor. Avec 3 millions d’euros de chiffre d’affaires, Extractis emploie 33 salariés et travaille avec 70 clients. Il dispose de 3 500 m2 de laboratoires et halls pilotes. Présidé par Christophe Buisset, président de la chambre d’agriculture des Hauts-de-France et agriculteur à Méaulte (80), il est dirigé par Thierry Stadler. En 2016, Adrianor a réalisé 1,065 million d’euros de chiffre d’affaires dont 388 000 euros de prestations de services (+26 %). Elle emploie 9 salariés. Le résultat net fortement négatif de 2015 (-20 000 euros) est redevenu positif (+708 euros), témoignant de la reprise des activités depuis 2014.