Produits laitiers : à quoi se préparer sur le marché mondial ces dix prochaines années ?
Dans son rapport de prévisions de long terme sur le marché mondial des produits laitiers, l’OCDE décrit une croissance de l’offre et de la demande centrée sur l’Asie, malgré une Chine en retrait, et pointe plusieurs incertitudes.
Dans son rapport de prévisions de long terme sur le marché mondial des produits laitiers, l’OCDE décrit une croissance de l’offre et de la demande centrée sur l’Asie, malgré une Chine en retrait, et pointe plusieurs incertitudes.
La production mondiale de lait devrait augmenter de 1,6 % ces dix prochaines années pour atteindre 1,085 milliard de tonnes d’ici 2033 prévoit l’OCDE, anticipant une progression des rendements. L’Inde et le Pakistan vont compter pour plus de la moitié de la croissance mondiale, et, à eux deux, peser 30 % de la production globale en 2033. Ces deux pays sont aussi qui devraient présenter la croissance la plus dynamique du côté de la consommation, mais devraient rester autosuffisants. En Europe, les analystes tablent sur une légère baisse.
La Chine en retrait du marché mondial du lait, l’Afrique tonique
Les échanges mondiaux de produits laitiers sont, eux aussi, attendus en nette hausse (+12 % sur la décennie), néanmoins la Chine cesserait d’être moteur avec une stagnation attendue. Elle resterait toutefois le premier importateur mondial au total. Mais sur le lait en poudre en particulier, l’Afrique devrait la devancer.
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Les échanges devraient progresser aussi sur le lactosérum, que ce soit pour l’alimentation humaine, ou animale. L’OCDE table sur un raffermissement progressif des prix des produits laitiers industriels. Le rapport souligne que l'UE, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis devraient rester les principaux exportateurs de produits laitiers transformés, représentant ensemble près de 70% des exportations totales.
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Les substituts végétaux en embuscade
Le principal facteur de risque sur le marché des produits laitiers identifié par l’OCDE est celui la popularité croissante des substituts végétaux, notamment en Europe, en Amérique du Nord et en Asie de l’est. L’offre s’élargit mais l’OCDE se montre prudente sur son succès à terme, alors que les bénéfices supposés sur la santé n’ont pas été démontrés et que la durabilité environnementale de produits à base de soja et d’amande « suscite des interrogations ».
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Le poids des mesures politiques sur la collecte laitière
Autre élément d’incertitudes, la législation, surtout en Océanie et en Europe du Nord avec des lois environnementales qui pourraient se durcir, mais qui pourraient « aussi conduire à la mise au point de solutions novatrices améliorant la compétitivité de la filière à long terme ». Reste que la baisse des émissions de gaz à effet de serre de la production de lait dans le monde est tributaire de l’amélioration des rendements dans les pays à l’élevage extensif, comme en Inde. Le risque épizootique dans un monde toujours plus interconnecté est aussi à même de bouleverser les équilibres.
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L’évolution du coût des intrants interroge
La guerre en Ukraine en a été un exemple flagrant, l’évolution du coût des intrants peut être brusque et volatile et peut se traduire sur les filières. Le dérèglement climatique et les phénomènes météos extrêmes sont aussi un des principaux facteurs d’incertitudes, pouvant balayer la production de certains pays déjà fragilisés.
L’Inde pourrait semer la zizanie
Pour l’heure, l’Inde n’est pas vraiment présente sur le marché mondial des produits laitiers, exportant seulement en cas d’excédent, des poudres de qualité problématiques vers ses voisins. Elle est pourtant le premier producteur de lait au monde (21 % du lait mondial). Mais le pays semble donner des signes de préparation à s’intégrer davantage, « certaines entreprises laitières indiennes étudient activement les possibilités d’exportation vers les pays voisins » pointe l’OCDE.