Produits laitiers : Pourquoi l’Amérique du Sud a loupé le coche du grand export
Alors que les grands pays producteurs de lait d’Amérique du Sud sont montés en puissance, on s’attendait à voir la zone s’imposer comme un basson d’exportation de produits laitiers. Finalement non. Lors du Sommet mondial du lait, Marcelo P. Carvalho a expliqué la situation.
Alors que les grands pays producteurs de lait d’Amérique du Sud sont montés en puissance, on s’attendait à voir la zone s’imposer comme un basson d’exportation de produits laitiers. Finalement non. Lors du Sommet mondial du lait, Marcelo P. Carvalho a expliqué la situation.
« Il n’y a finalement pas eu de boom du lait en Amérique du Sud, c’est frustrant », constate Marcelo P. Carvalho, CEO de l’organisme brésilien Milk Point Ventures lors de son intervention du 16 octobre au Sommet mondial du lait.
« Il n’y a finalement pas eu de boom du lait en Amérique du Sud»
Marcelo P. Carvalho identifie 3 raisons principales à ce décollage raté, en plus des aléas liés à la volatilité des prix sur le marché mondial.
La compétition entre le lait et les autres usages
La production de lait se montre en concurrence avec d’autres productions agricoles, souvent plus compétitives, telles que l’élevage de bovins allaitants, la canne à sucre et le café. A proximité des métropoles, les terres sont aussi davantage consacrées à l’étalement urbain. Néanmoins la production laitière réussit parfois à se positionner en tant qu’atelier complémentaire qui permet d’éviter d’avoir recours aux fertilisants industriels.
Un manque de soutien institutionnel
« Les politiques agricoles ont été source d’incertitudes » explique le spécialiste, mettant aussi en lumière la volatilité extrême des taux de change. C’est d’ailleurs ce qui plombe actuellement la collecte en Argentine, avec la forte dévaluation du peso. Le Brésil a aussi souffert des errements du real face au dollar.
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Un changement structurel des fermes difficiles
« L’Amérique du Sud n’est pas une région uniforme », prévient Marcelo P. Carvalho. Ainsi l’Argentine a bel et bien avancé sur sa transition laitière rapidement. En 2010, 1 % des fermes produisaient plus de 10 000 litres de lait par jour. En 2023, elles sont 6,7 %. Le poids du lait produit dans ces grandes exploitations est ainsi passé de 5 % à un tiers de la collecte. Mais l’Argentine est le seul poids lourd de la zone. L'Uruguay a aussi été dynamique et exporte désormais 60 % de sa production. A l'inverse le Pérou et le Venezuela sont des gros importateurs.
« L’Amérique du Sud n’est pas une région uniforme »
Dans tous les pays de la zone, le taux de croissance annuel de la collecte des 10 dernières années est inférieur à 1 % (+0,7 % pour la Colombie, le meilleur score). La croissance de la collecte laitière a en fait ralenti ces dernières années.
Collecte de lait stable en 2024
Sur l’ensemble de la zone, la collecte devrait se tasser en 2024, à 68 millions de tonnes, selon la FAO. En cause, la baisse en Argentine, au Chili et en Colombie, sous l’effet du climat et des taux de change. A l’inverse la tendance est plus dynamique au Brésil malgré les inondations de cette année.
Les importations progressent plus vite que les exportations
Selon Milk Point Ventures, les exportations sud-américaines de produits laitiers ont progressé de 72 % en dix ans, tandis que les exportations ne progressaient que de 13 % sur la période. En cause, avance l'expert, « la perte de compétitivité de L’Amérique du Sud» Selon les projections de l’organisation, l’Amérique du Sud serait tout juste autosuffisante dans 10 ans et importatrice nette par la suite. Dans 20 ans, la balance commerciale serait complètement renversée, passant d’un excédent de 2,3 millions de tonnes en moyenne sur 2010-2012 à un déficit de 2,9 millions de tonnes.
Que pèse le lait de l’Amérique du Sud dans le monde ?
L’Amérique du Sud produit 9 % du lait mondial en 2022. C’est moins que l’Amérique du Nord (14 %) et que l’UE (21 %). L’Asie est le premier producteur mondial de lait (45 %).