Produits laitiers : marché ferme mais des perspectives fragiles
Collecte morne, stocks vides, le marché européen des produits laitiers est ferme mais le manque de lisibilité incite à la prudence.
Collecte morne, stocks vides, le marché européen des produits laitiers est ferme mais le manque de lisibilité incite à la prudence.
La collecte laitière européenne est restée stable sur les neuf premiers mois de l’année, en hausse de 0,3 % si l’on corrige l’effet bissextile, selon les données de la Commission européenne.
Les prix du lait ont progressé dans toute l’Union, à 0,385 €/kg en moyenne en octobre, c’est 3,1 % de plus que le mois précédent et 9,7 % de plus que sur le mois d’octobre 2020. Les estimations sont à une nouvelle hausse de 1 % en novembre pour atteindre 0,3885 €/kg. Une progression qui ne profite pas pleinement à l’amont puisque, sur un an, les coûts alimentaires ont bondi de 25 %.
Le fromage plébiscité par les industriels
En cumul sur les neuf premiers mois de l’année, les fabrications de fromage ont bondi de 2,3 % et celles de crème de 1,8 %. Dans le même temps, les fabrications de poudre grasse ont chuté de 10,1 %, celles de poudre de lait écrémé de 3,6 %, celles de beurre de 1,3 %. Alors que la demande communautaire comme internationale restait bien orientée, les cours du beurre et de la poudre ont fortement progressé.
Ce d’autant plus que les stocks publics sont vides et les stocks privés limités : moins de 60 000 tonnes pour la poudre, un niveau jugé bas pour la période par le Milk Market Observatory. Les stocks de beurre sont à moins de 150 000 t, creusés par le manque de crème pour le barattage cet automne. Ils devraient descendre encore vu les prix atteints. Quant au fromage, dans un contexte de forte demande, les stocks sont passé de 400 000 t en juin à 365 000 t en septembre.
Des exportations robustes
Les exportations européennes sont restées bien orientées, malgré les perturbations du fret maritime et des disponibilités limitées. Si les échanges avec le Royaume-Uni restent compliqués post-Brexit, ceux avec les États-Unis ont gagné en dynamisme avec la fin de la brouille commerciale liée au conflit Airbus/Boeing. Les principaux clients communautaires sont les États-Unis, la Chine, le Royaume-Uni et l’Indonésie.
Consommation intérieure moins dynamique
Sans surprise, la consommation des ménages européens était moins dynamique sur les 10 premiers mois de 2021 par rapport à 2020. En effet, la réouverture des restaurants a changé la donne.
Beaucoup d’incertitude
Pour autant, si tous les signaux sont au vert pour le moment, les analystes du Milk Market Observatory de la Commission se montrent très prudents et évoquent « une trop forte dépendance au marché chinois, les nouvelles restrictions sanitaires liées au variants du coronavirus, la hausse des couts de production et les problèmes de supply chain » comme autant de raisons de rester prudents.