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Pourquoi le poulet brésilien inquiète la filière française

Le Brésil a produit et exporté davantage de viande de poulet en France au cours du premier semestre de l’année. Comme en France, l’offre est baissière cette année, pour répondre à la demande de la restauration collective, de nombreux opérateurs se sont tournés vers les produits brésiliens.

© Les Marchés

La France était le premier consommateur de volailles de toute l’Union européenne (UE) en 2021. Cette consommation était estimée à 1,926 million de tonnes, tirée par celle de viande de poulet. Toutefois, depuis plusieurs mois, de multiples facteurs fragilisent cette tendance haussière.

Comme pour le reste de la volaille, la filière est confrontée à une épidémie d’influenza aviaire hautement pathogène depuis l’automne 2021. La production de volailles devrait chuter de 9,7 % en 2022, selon les données de l’Itavi. La France passerait alors du second au quatrième producteur de volailles de l’UE. Par ailleurs, la hausse des coûts de production et l’inflation rendent le poulet français moins compétitif. Afin de répondre à une demande de la restauration collective très sensible au facteur prix, plusieurs opérateurs français se sont tournés vers les poulets importés. Un poulet sur deux était importé au cours des cinq premiers mois de l’année 2022. Après les pays membres de l’Union européenne, le Brésil est le premier pays tiers exportateur de poulets en France.

Les exportations brésiliennes vers la France ont progressé de 180 %, Yann Nédéléc, directeur de l’Anvol

Au premier semestre, le Brésil détenait 7,5 % des parts de marché en France, devant l’Ukraine et la Thaïlande. En l’espace d’une année, « les exportations brésiliennes vers la France ont progressé de 180 % », indique Yann Nédéléc, directeur de l’Association nationale interprofessionnelle de la volaille de chair (Anvol). Le filet, découpe très populaire, est particulièrement soumis à la concurrence importée. En effet, « un filet de poulet sur quatre, soit environ 1 200 000 tonnes, n’était pas produit au sein de l’Union européenne », précise le directeur. La moitié venait du Brésil, principalement par les ports de Rotterdam et d’Anvers. En revanche, « les pièces arrivées sur les plateformes belges et néerlandaises, puis transformées sur place et non estampillées Brésil, n’ont pas pu faire l’objet d’une étude chiffrée », se désole-t-il.

Le poulet brésilien est plus compétitif

« Les normes sociales brésiliennes constituent un facteur de compétitivité important. Le coût du travail est beaucoup plus faible qu’en France. Il n’a que peu d’influence dans le coût total de production », ajoute-t-il. Par conséquent, la hausse des coûts de production n’entache pas la compétitivité du Brésil, selon l’USDA. Cette année, la production de viande de poulet devrait progresser (+1 %), pour atteindre 14,5 millions de tonnes.

Les exportations brésiliennes de viande de volaille devraient augmenter de 5 % par rapport à l’année 2021, pour atteindre 4,9 millions de tonnes, selon l’Association brésilienne des protéines animales (ABPA). Un autre facteur de production rend le poulet brésilien plus compétitif. « De nombreux antibiotiques de croissance ne sont pas interdits au Brésil alors qu’ils le sont en France. Les contrôles sanitaires concernant la salmonelle, la gestion des effluents y sont moins importants », regrette Yann Nédélec.

Les prémices d’un nouveau paradigme ?

Le 13 septembre 2022, le Parlement européen a clarifié le règlement sur les produits « zéro déforestation ». « C’est une décision plutôt positive, s’est réjoui Yann Nédélec, directeur de l’Association nationale interprofessionnelle de la volaille de chair. Elle pourrait réduire la concurrence déloyale. » Cette mesure n’autorise pas les exportations de viande de volaille ayant contribué à la déforestation. Or, selon lui, le poulet brésilien prend part à la déforestation puisqu’il consomme du soja en provenance de zones déforestées. En France, en revanche, « l’interprofession est engagée dans le projet Duralim, garantissant que le soja importé n’aura pas contribué à la déforestation », conclut-il.

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