Pourquoi la folie de l’œuf ne profite pas à la conversion aux élevages alternatifs
La consommation d’œufs coquilles s’envole en France. 2023 verra un record en magasins. Mais l’offre dépasse la demande en œufs bio et la tension est forte sur les autres modes d’élevage.
La consommation d’œufs coquilles s’envole en France. 2023 verra un record en magasins. Mais l’offre dépasse la demande en œufs bio et la tension est forte sur les autres modes d’élevage.
Les achats d’œufs des ménages, comptabilisés sur 7 mois de 2023 par l’Itavi d’après le Panel IRI, sont en progression de 3,8%, et à la mi-septembre cela pourrait dépasser 4%, a applaudi l’interprofession CNPO de l’œuf en déjeuner de presse le 5 octobre. A une semaine de la Journée Mondiale de l’œuf, le 13 octobre, l’œuf se présente plus que jamais comme une source pratique et économique de protéines animales, en cette période de faible pouvoir d’achat.
Un production d'œuf qui reprend difficilement après la grippe aviaire
En face de cette demande forte, la filière redémarre après les épisodes d’influenza aviaire qui se sont produits jusqu’en mars. C’est que le taux d’autosuffisance national était passé de 103% en 2021 à 96,5 % en 2022. A quelle vitesse redémarre la production ? Le CNPO regarde avec prudence les prévisions de l’Itavi tablant sur une progression de 3,8% de la production d’œufs (pour tous usages) en 2023. Cette progression laisserait la production a un niveau inférieur (de 4,5%) à celui de 2021. Quant aux importations d’œufs coquille, elle augmenterait de 3% en 2023, les exportations chutant de 39%. « On va se rapprocher du 100% d’autonomie en 2023 », a estimé Yves-Marie Beaudet, éleveur et président du CNPO.
Le plein-air progresse
Selon les modes d’élevage, la vente aux ménages d’œufs en coquille évolue diversement en 7 mois (janvier à juillet) de 2023 :
- + 18% de poules élevées en plein air ;
- + 17,5% de poules au sol ;
- + 8,8% d’œufs Label Rouge ;
- - 6,9% d’œufs biologiques ;
- - 15,1% de poules en cages aménagées.
La régression de la distribution d’œufs de poules en cages aménagées est une tendance encouragée par les déréférencements progressifs des enseignes ; celle des œufs biologiques par la tendance à l’économie des ménages, affectés par l’inflation.
La demande d’œufs pour la fabrication d’ovoproduits suit aussi la tendance vers moins d’œufs de poules élevées en cages. Ces derniers ne représentaient plus que 46% de de l’offre en 2022. Désormais, les ovoproduits sont fabriqués à 54 % par des œufs d’élevages alternatifs : 24% de plein air, 27% au sol et 3% bio, d’après une enquête du syndicat des transformateurs, le Snipo.
Des contrats, plus que le marché
Dans ce contexte, la conversion des élevages en modes alternatifs marque le pas, en particulier vers le bio, et aussi du fait de la forte demande pour tous les autres codes, dont les œufs de poules en cage, et de la tension du marché. « La plus forte rotation en magasins est celle des plateaux d’œufs par 30 », a illustré Yves-Marie Beaudet. Selon le président du CNPO, le niveau de paiement appréciable de l’œuf standard, au regard du coût des investissements en nouvelles installations, n’incite pas à aller vers d’autres modes d’élevage. Selon lui « La conversion des éleveurs passera forcément par des contrats ».