Consommation
Pourquoi et comment les entreprises du bio veulent aller plus loin
Dans un contexte marqué à la fois par la croissance du marché et par les changements réglementaires à venir, les acteurs du bio veulent développer d’autres engagements que le seul label bio. Explications.
Dans un contexte marqué à la fois par la croissance du marché et par les changements réglementaires à venir, les acteurs du bio veulent développer d’autres engagements que le seul label bio. Explications.
Face à un marché en pleine transformation avec une croissance toujours forte et l’arrivée de nouveaux acteurs, venus pour certains du conventionnel, les entreprises du bio sentent la nécessité de revendiquer d’autres engagements, d’autres pratiques que le seul fait d’arborer le label européen biologique. La centaine de professionnels présents à l’assemblée générale du Synabio le 26 septembre 2019 a partagé cette volonté « de faire progresser la bio sur de nombreux enjeux : équité dans les filières, impact des emballages, dimension sociale… ».
Les adhérents du syndicat ont notamment décidé en fin d’année dernière de faire évoluer leur label RSE baptisé Bioentreprisedurable et créé en 2014 sur la base de la norme Iso 26000 (norme internationale de référence en matière de RSE). Participer au développement durable des filières bios, favoriser l’authenticité et la naturalité des produits, veiller au respect des droits humains et favoriser une juste répartition de la valeur créée, améliorer l’impact environnemental à chaque étape du cycle de vie des produits, tels sont les nouveaux engagements du label Bioentreprisedurable.
Impliquer les parties prenantes
Après cinq ans d’existence, les critères viennent d’être redéfinis afin de coller davantage aux attentes des parties prenantes de l’entreprise tout au long de la chaîne de production jusqu’aux associations de consommateurs et aux ONG. Le label a impliqué 250 parties prenantes au travers d’une large consultation pour répondre à la question « qu’est-ce qu’une entreprise bio responsable ? ». « Nous avons pas mal challengé nos parties prenantes pour construire ce référentiel. Nous avons envoyé une grande enquête à la plupart de nos partenaires pour les questionner sur les pratiques d’une entreprise bio responsable. Cela a confirmé qu’il y a des attentes très fortes d’exemplarité. Nous l’avons menée en ligne durant trois semaines au cours du mois de février 2019. Nous espérions une centaine de réponses, nous en avons eu 250, avec une bonne répartition des profils entre l’amont et l’aval », explique Mathilde Gsell, coordinatrice RSE du Synabio.
Il y a des attentes très fortes d’exemplarité
La partie amont a une place prépondérante dans le référentiel. « L’idée de développer des filières durables, via des engagements directs avec les filières ou la relocalisation de certaines productions, a été renforcée dans le nouveau référentiel. Ce critère nécessite une implication plus forte des entreprises », insiste la coordinatrice.
Aujourd’hui, trente-sept entreprises sont labellisées dont les principaux acteurs du secteur comme Bjorg, Bonneterre & Cie, Léa Nature, Ekibio, Vitafrais, Arcadie, Biofournil, Bodin, Côteaux nantais, Danival, pour ne citer qu’eux. Lors de leur prochain audit annuel, ces entreprises le seront sur la base du nouveau référentiel, qui entrera en vigueur au 1er janvier 2020.
« Il est probable que ces nouveaux critères changent un peu leur notation, mais elles sont prévenues. Nous avons mis en place un plan d’accompagnement pour que la transition soit la plus douce possible pour les entreprises. Un plan de transition de deux ans est également envisagé s’il s’avère qu’elles n’atteignent pas le niveau de 60 % de conformité », explique Mathilde Gsell.
Des produits bios irréprochables
Au-delà de l’aspect environnemental, les entreprises s’interrogent aussi sur les qualités nutritionnelles et organoleptiques de leurs produits, sur les procédés utilisés pour éviter l’image de produits « ultra-transformés ». « L’écart entre les produits conventionnels et les produits biologiques se resserre sur certains critères, notamment sur le clean label mais pas que. Si les produits conventionnels sont plus naturels, quelle est la valeur ajoutée du bio ? » analyse Caroline Roux, consultante à Mintel.
Arborer le label bio ne suffit plus
« Les consommateurs ont une confiance très forte dans le label biologique. En revanche, ils ne croient pas à la différence de qualité des produits biologiques. Du coup, l’équilibre est assez fragile. Si un jour, un petit scandale survient sur un produit bio et qu’il n’y a plus la confiance du consommateur, cela peut rejaillir sur l’ensemble de la filière », ajoute-t-elle.
Le Cluster bio Auvergne-Rhône-Alpes organise d’ailleurs un séminaire Web sur le sujet du bio et du clean label le 17 octobre 2019. « Avec le développement du bio et sa démocratisation, les consommateurs se questionnent. Arborer le label bio ne suffit plus à satisfaire les attentes des consommateurs. Dans des applications comme Yuka, les produits bios ne sont pas forcément épargnés. Et les fabricants réagissent », conclut Lauriane Lubert, chargée de projets innovation au Cluster bio.