Porc : pourquoi la Chine pourrait revenir aux achats en 2023
En Chine, la production de porc est baissière. Les importations sont attendues à la hausse en 2023.
En Chine, la production de porc est baissière. Les importations sont attendues à la hausse en 2023.
« Les perspectives de croissance [de la production chinoise de porc, Ndlr] sont pour le moment revues à la baisse par rapport aux deux années précédentes », écrit Elisa Husson, ingénieure d’études économiques à l’IFIP, dans un article pour ABCIS paru le 1er décembre. Le marché du porc chinois semble enclin à un nouveau déséquilibre.
Des cours qui frôlent ceux de la peste porcine africaine
Les cours sont en hausse depuis le mois de mars. Ils se rapprochent des niveaux de prix atteints au cours de l’épisode de peste porcine africaine (2019-2020). Le cours le plus élevé était de 5,26 €/kg (38,7099 CNY/kg) au 30 octobre 2019.
Entre mars et octobre 2022, le cours a progressé de 108 % selon ABCIS. Les prix du porc chinois ont bondi en octobre de 51,8% par rapport à l’année précédente, a annoncé le Bureau national des statistiques à Reuters. « Les observateurs notent que seule une insuffisance de l’offre peut provoquer des prix si élevés », ajoute Reuters.
Incertitudes autour de l’offre
Dans le même temps, le cheptel porcin est repassé sous les niveaux de 2021 (-2 % fin juin 2022/21). Dynamique similaire en truies. En septembre, leur nombre reste inférieur à 2021 (-2,2 %) d’après les données du ministère de l’Agriculture chinois. Il évalue le cheptel à 43 millions de têtes en septembre, contre 44,6 millions un an plus tôt. Pour Reuters, la baisse serait « plus importante que ce qui a été rapporté ». Le journal s’appuie sur les données de l’entreprise canadienne Genesus, qui vend des reproducteurs en Chine. Selon elle, le recul du cheptel de truies est estimé entre 6 à 8 millions de têtes. Toutefois, le gouvernement a annoncé une hausse de la production nationale (+6 %) au cours des trois premiers trimestres de l’année 2022 par rapport à la même période l’année dernière. Reuters table sur une hausse plus modérée au troisième trimestre (+0,7 %). Ces regains sont plutôt le résultat de la décapitalisation du cheptel par de nombreux éleveurs depuis le début de l’année, en lien avec la flambée des prix de l’aliment.
Une production annoncée légèrement à la hausse en 2023
La décapitalisation a momentanément accru l’offre sur le marché. Toutefois, cet été, l’offre s’est fortement contractée. Par ailleurs, plusieurs éleveurs ont refusé de libérer leurs porcs dans le but de faire augmenter les prix lors de la vente. Depuis, l’offre semble s’être stabilisée. « Des gains de performances techniques en élevage pourraient permettre une stabilisation, voire une légère hausse de la production chinoise 2023, mais à une vitesse bien moindre » d’après ABCIS. L’USDA table pour une croissance annuelle de 2 % en 2023.
Une consommation de nouveau dictée par le covid-19
Les Chinois demeurent d’importants consommateurs de viande de porc. Les perspectives prévoient des hausses à l’approche du Nouvel an (le 22 janvier). Toutefois, la demande des consommateurs continuera de dépendre de l’évolution de l’épidémie et surtout des politiques mises en place par le gouvernement. Ces dernières sont de plus en plus contestées. Plusieurs mouvements sociaux ont eu lieu ces derniers jours. La ministre de la Santé vient d’annoncer un assouplissement de la politique zéro-Covid. Les budgets des ménages et l’inflation sont également des données à prendre en compte.
Des prix toujours élevés
« Les prix du porc resteront élevés en 2023 en raison de la baisse de l’offre », ont indiqué dix analystes de l’industrie, agriculteurs et fournisseurs d’aliments pour animaux et de génétique à Reuters.
Des conditions de marchés favorables aux importations
Ces rebondissements devraient stimuler les importations. Dans ce sens, des industriels ont rapporté que la Chine augmenterait ses importations de porc dans les prochains mois selon Reuters. Toutefois, au cumul sur neuf mois, les importations de la Chine restent en recul (-46,6 %) sur un an. Elles atteignent près de 2 millions de tonnes contre 3,7 millions en 2021. Malgré une impulsion observée en août, les achats chinois se sont contractés en septembre selon l’article ABCIS. Reste à savoir comment le géant chinois qui souhaite s’affranchir de la dépendance alimentaire, va répondre à sa demande nationale dans ce contexte d’offre restreinte et de hausse des prix.